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De la science au droit

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Dominique Tardif

2013-05-22 14:15:00

Cette semaine, Dominique Tardif, de ZSA, rencontre Alain Leclerc, co-directeur de Goudreau Gage Dubuc depuis 2006, et associé au sein du cabinet depuis 1994...

1. Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocat plutôt que de choisir un autre métier?

A l’origine, j’avais choisi le génie chimique, rien de moins! L’inspiration venait d’un professeur du secondaire qui avait pris un étudiant turbulent sous son aile pour en faire un amoureux de la science, ajoute-t-il avec humour.

Je me suis cependant ensuite rendu compte que tout m’intéressait: la science, l’économie, la politique, le droit, les sports, les médias, les arts, etc. Encore aujourd’hui, rien ne me déplaît, sauf d’être totalement ignorant sur un sujet donné; le choix de carrière fut donc difficile.

J’ai trouvé la combinaison science et droit en me spécialisant dans le domaine de la propriété intellectuelle, plus particulièrement en brevets d’invention…et je suis comblé! En fait, c’est de la chance que d’avoir un travail si varié. Je ne m’ennuie jamais : chaque dossier diffère du précédent, la science évolue, de même que le droit. Puisque ma pratique est internationale, j’ai aussi beaucoup de contacts avec l’étranger. Bref, je me considère très chanceux!

2. Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière?

Pour Me Leclerc, son plus grand défi est de conjuguer travail et famille. Photo : Frédéric Beaulieu
Pour Me Leclerc, son plus grand défi est de conjuguer travail et famille. Photo : Frédéric Beaulieu
Le défi fut sans contredit d’avoir à conjuguer travail et famille, étant moi-même père de trois enfants aujourd’hui adolescents, et de savoir maintenir l’équilibre. Chez GGD, je travaille sur les dossiers eux-mêmes en plus de m’impliquer, comme co-directeur du cabinet, dans tous les aspects de la gestion du bureau et du développement des affaires.

En parallèle de mes fonctions de gestion, je dessers une vaste clientèle située partout dans le monde et opérant dans des fuseaux horaires variés.

Ajoutons à cela les voyages, conférences et litiges devant les tribunaux, et vous constaterez qu’il manque parfois d’heures dans une journée! Le grand défi est donc de savoir s’organiser, de travailler en équipe, de savoir dire non et d’avoir malgré tout un sentiment de devoir accompli.

Il faut savoir être réaliste par rapport à ce qui peut être accompli dans une seule et même journée.

Ce défi est évidemment le lot de bien des avocats, mais je dois dire que j’ai eu la chance de pouvoir choisir de travailler au sein d’un cabinet qui vise et permette cet équilibre, et qui a des expectatives plus raisonnables que bien d’autres quant aux heures facturables, ce qui non seulement détend l’atmosphère mais permet aussi parfois d’accomplir plus! En effet, s’il faut bien sûr travailler fort, rappelons-nous que l’expérience démontre que trop d’heures travaillées peuvent diminuer le rendement et la créativité.

3. Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit?

Dans mon domaine, la propriété intellectuelle, les délais et les coûts sont souvent excessifs. En revanche, les enjeux financiers sont souvent cruciaux pour les clients dans des domaines d’innovation, comme c’est le cas notamment pour l’industrie pharmaceutique. Perdre un brevet sur un produit vedette peut anéantir 15 ans de travail et mettre en péril la survie même d’une compagnie. Il n’est donc pas question d’arriver à procès sans avoir déployé tous les efforts possibles, et cela est coûteux pour le client.

Plusieurs améliorations sont cependant déjà à l’essai: juges diplômés en sciences (question d’éviter d’avoir à expliquer la science avant d’en venir à expliquer le droit), procédures sommaires ou accélérées, incitatifs pour faire en sorte que les experts des parties opposées définissent ensemble accords et désaccords, gestion plus serrée des délais et des questions en litige, etc.

En fait, la baguette magique, si j’en avais une, ferait en sorte d’arriver aux enjeux plus vite et sans détour!

4. La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique? Et pourquoi, à votre avis?

Je crois que la perception est à peu près égale à ce qu’elle était à mes débuts. Les avocats sont en même temps respectés, d’une part, et remis en question, d’autre part : ils sont respectés pour leur talent, mais remis en question pour leurs nombreuses tactiques.

Je pense cela dit que le rôle de l’avocat est en mutation. En effet, l’avocat est de plus en plus appelé à baliser et entourer la bonne conduite des affaires plutôt que d’être appelé à la rescousse après que les litiges soient survenus. Son rôle est de plus en plus situé en amont du problème, ce qui, d’après moi, contribuera à une perception plus positive du public envers la profession dans les années à venir.

5. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière et souhaitant réussir en pratique privée dans le domaine de la propriété intellectuelle?

D’abord, soignez vos communications écrites et verbales et développez votre écoute; apprenez à vous relire, à vous corriger et à bien adapter votre discours aux circonstances, en évitant les formules ‘prévues d’avance’.

Comme nous en sommes à l’ère des spécialisations, j’encouragerais aussi les jeunes avocats à exploiter des créneaux d’avenir qui semblent encore inoccupés ou qui sont en émergence. Ensuite, trouvez un moyen de publiciser cette expertise par le biais de conférences, des réseaux sociaux, etc., et ayez un message court et simple.

Finalement, sachez démontrez de l’empathie pour les clients : cela ouvre beaucoup de portes. Il est en effet essentiel de comprendre les enjeux des clients avant de proposer des solutions, de ‘se mettre dans leurs souliers’ et, tout simplement, de traiter leurs affaires comme si elles étaient les nôtres. Réfléchissez, et soyez patients. Cette approche fait toute la différence quand il s’agit de fidéliser les clients et d’obtenir des recommandations.

En vrac…

Le dernier bon livre qu’il a lu – "22/11/63" (auteur : Stephen King)

Le dernier bon film qu’il a vu – Skyfall (réalisateur : Sam Mendes)

Sa chanson fétiche – Holding back the years (Simply Red)

Son expression préférée – « La vie est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber » - Forrest Gump

Son péché mignon – ou plutôt ses péchés mignons au pluriel, il en a plus d’un! : sushis, chocolats noir fleur de sel, champagne, fromages, whisky, etc.

Son restaurant préféré – Koji Kaizen (rue Sainte-Catherine)

Le pays qu’il aimerait visiter – L’Afrique du Sud

Le personnage historique qu’il admire le plus (et pourquoi?) – Martin Luther King, pour ses discours et son message.

S’il n’était pas avocat, il serait… chef dans un grand hôtel !

Bio

Me Alain M. Leclerc est co-directeur de Goudreau Gage Dubuc depuis 2006, et associé au sein du cabinet depuis 1994. Il supervise les opérations du secteur brevets et préside le groupe de pratique en chimie.

Me Leclerc est titulaire d'un diplôme en génie chimique de l'Université d'Ottawa et est avocat admis au Barreau du Québec depuis 1991 et au Barreau du Haut-Canada depuis 1992. Il est inscrit aux registres des agents de brevets au Canada et aux États-Unis et des agents de marques de commerce au Canada.

En plus d'une importante pratique en rédaction et obtention de brevets au Canada et à l'étranger, son expertise est mise à contribution dans les domaines du litige en propriété intellectuelle et de l'octroi de licences.

Me Leclerc est aussi particulièrement actif en litiges pharmaceutiques, en arbitrage, en revues diligentes transactionnelles et en développement de stratégies commerciales reliées aux brevets.

Me Leclerc présente fréquemment des conférences en propriété intellectuelle lors de congrès ou d’événements clients.
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