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Le droit dans la peau

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Dominique Tardif

2013-06-05 14:15:00

Cette semaine, Dominique Tardif, de ZSA, rencontre Nicolas Plourde, ex-bâtonnier du Québec et de Montréal...

1. Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocat plutôt que de choisir une autre profession?

Je dis souvent à la blague que je n’étais pas très bon en mathématiques!, dit-il en riant. Je n’ai donc pas fait l’architecture…

Quant au droit, il explique:

J’ai toujours été très actif auprès des parlements jeunesse et des associations étudiantes. J’aimais la joute oratoire et le fait de présenter une thèse et de la défendre. La profession d’avocat semblait donc me coller à la peau.

Le droit est par ailleurs une discipline qui est au cœur de notre monde et qui donne une perspective globale de la société – on dit souvent que le droit mène à tout, pourvu qu’on en sorte! Mon objectif était donc de devenir avocat et de plaider, et c’est ce que je fais aujourd’hui depuis presque vingt ans!

Avec le parcours que vous avez, on pourrait se demander si la politique vous intéresse?

Effectivement, la politique m’intéresse et je verrai bien ce que l’avenir me réserve. Il faut toujours savoir garder ses options ouvertes, simplement.

2. Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière?

Pour Nicolas Plourde, son plus grand défi a été de quitter son cabinet pour fonder son propre bureau
Pour Nicolas Plourde, son plus grand défi a été de quitter son cabinet pour fonder son propre bureau
Mon plus grand défi, c’est maintenant! Après avoir été quinze ans chez Heenan, quitter le cabinet pour fonder mon propre bureau représentait une importante décision!

En effet, un grand cabinet vient avec une certaine structure, alors que le fait d’avoir son bureau implique de gérer soi-même de la plus petite chose à la plus compliquée, du choix de la couleur des tapis (!) à la comptabilité, en passant par l’implication dans la gestion, le développement des affaires et les dossiers eux-mêmes. Je passe ainsi d’un environnement où un grand nombre de choses étaient faites par d’autres, à un environnement où je dois tout faire moi-même. C’est un défi très enthousiasmant et palpitant, mais qui donne le vertige par moment!

3. Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit?

Ayant été bâtonnier de Montréal et du Québec, et ayant fait de la question de l’accessibilité une de mes priorités, je ne peux pas répondre autrement que par cela. L’accessibilité demeure un problème, on ne peut se le cacher et cela, tant du point de vue des délais que des coûts.

Je suis d’avis que le gouvernement doit investir massivement dans la justice, qui est ‘l’enfant pauvre de la société’– notamment au niveau des seuils d’admissibilité à l’aide juridique. La population, compte tenu du problème d’accès, ne veut souvent plus faire affaires avec les avocats; de la même façon, on note que de plus en plus de gens se représentent seuls. On vit ce que j’appelle un ‘décrochage judiciaire’, une désaffection de la population.

C’est donc ce que je changerais certainement, d’un coup de baguette magique.

4. La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique? Et pourquoi, à votre avis?

Je crois que la perception du public face au système est un peu moins bonne qu’avant, ou qu’elle continue du moins à être plutôt négative : c’est le phénomène de décrochage judiciaire donc je parlais plus tôt.

Ceci dit, je crois que, comme profession, nous constatons le problème et que beaucoup de choses sont faites pour se montrer sensibles à la situation, qu’il s’agisse de pro bono, du développement d’outils (comme des guides pour les personnes choisissant de se représenter seules), etc. Tous ces efforts pour améliorer les choses contribuent, je l’espère, à améliorer l’image des avocats.

5. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière et voulant réussir, comme vous, en pratique privée?

Pour réussir, il faut constamment viser l’excellence et tenter d’être le meilleur. Il ne faut jamais, par ailleurs, compromettre son éthique : dès que l’on sent que l’on s’approche de ‘la ligne’, il faut savoir s’en éloigner immédiatement.

La question de la courtoisie entre professionnels est, quant à elle, essentielle, et ce, même quand un dossier ‘nous prend par les tripes’. Il faut en tout temps savoir maintenir cette courtoisie qui impacte le principal actif de l’avocat, à savoir sa réputation, laquelle permet non seulement de gagner le respect de ses pairs mais aussi d’attirer une clientèle de choix.

Enfin, il faut rayonner et s’impliquer, plutôt que de rester dans son bureau à attendre que cela se produise. Les méthodes sont nombreuses : bénévolat, Associations du Jeune Barreau de sa région, Chambres de commerce, etc. Pourquoi? Parce que les gens que l’on côtoie en début de pratique peuvent devenir, à long terme, nos clients.

En vrac…

Les dernières choses qu’il a lues… – Les projets de Code de déontologie et de Code de procédure civile!!, dit-il dans un rire.

Le dernier bon film qu’il a vu – Incendies (réalisateur : Denis Villeneuve)

Une chanson fétiche? – Il n’a pas vraiment voix au chapitre nous confie-t-il…sa conjointe et son fils contrôlent la musique à la maison!

Son péché mignon – Le chocolat noir!

Son restaurant préféré – Toqué (Place Jean-Paul-Riopelle)

Les pays qu’il aimerait visiter – L’Égypte et l’Israël

Le personnage historique qu’il admire le plus (et pourquoi?) – Nelson Mandela, parce qu’il est l’archétype du don de soi pour une cause et qu’il a vécu l’enfer et la prison pour libérer son peuple. Tout cela, sans compter qu’il est un grand homme d’État, avec un grand ‘E’.

S’il n’était pas avocat, il serait…architecte!

Bio

Me Nicolas Plourde a été bâtonnier du Québec (9 juin 2012- 1er juin 2013), et a été bâtonnier de Montréal en 2009-2010. Après une quinzaine d’années chez Heenan Blaikie, il a en 2013 ouvert son bureau, Sarrazin Plourde.

Diplômé de l’Université de Montréal et admis au Barreau en 1993, Me Nicolas Plourde possède une feuille de route de près de 20 ans en litige civil et commercial. Me Plourde est un plaideur chevronné possédant une expérience variée. Il est aussi un négociateur reconnu pour ses talents à rapprocher les parties.

Me Plourde a développé au cours des années une compétence particulière dans les litiges commerciaux complexes, les litiges bancaires, les injonctions, les saisies et autres recours urgents et extraordinaires, dont les ordonnances de type Anton Piller (saisie avant jugement pour protéger des éléments de preuve) et Mareva (injonction avant jugement pour empêcher un débiteur de se départir de ses actifs).

Il possède par ailleurs une expertise en matière de faillite et d’insolvabilité et conseille fréquemment des créanciers, des débiteurs et des syndics. Il a participé à plusieurs réorganisations, mises sous séquestre et faillites régies par la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC) et la Loi sur la faillite et l’insolvabilité (LFI), impliquant des entreprises de secteurs économiques variés. En travaillant auprès d’entreprises en difficulté, Me Plourde a également acquis un savoir dans le domaine de la responsabilité des dirigeants et des administrateurs. Il a donné plusieurs conférences sur ces questions et a été reconnu par Lexpert comme l’un des meilleurs avocats du Canada en ce domaine.

Me Plourde pratique également en valeurs mobilières dans des litiges opposant des maisons de courtage et leurs clients. De plus, il connaît le secteur de l’énergie, ayant agi devant la Régie de l’énergie à plusieurs reprises.

À ce titre, il a acquis une profonde connaissance du monde professionnel et politique, et s’est bâti une solide crédibilité.

Me Plourde est aussi engagé dans la communauté. Il siège sur divers conseils d’administration d’œuvres de charité, dont ceux d’Olympiques spéciaux Québec et de la Fondation de l’Accueil Bonneau.
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