De Broadway à PFK

C’est en janvier dernier que Me Angela Nevard a intégré le cabinet Phillips Friedman Kotler à Montréal. Elle y exerce notamment en droit de la famille et en droit de l’emploi.

Si elle a plus l’allure d’une associée que d’une étudiante tout juste assermentée, c’est qu’il s’agit pour elle d’une deuxième carrière.

Comédienne pendant 20 ans

Parler en public, interpeller son auditoire, et attirer l’attention, rien qui ne lui soit plus familier.

Pendant plus de 20 ans, elle a été comédienne. Elle a fait du voice-over pour des publicités, quelques films pour la télévision, et surtout joué au théâtre. Pas n’importe où: elle s’est produite à New York, et certaines de ses pièces ont même été jouées à Broadway.

“J’ai plutôt fait du théâtre d’écrivains”, décrit l’ancienne comédienne. Membre de la Willow Cabin Theatre Company, elle a incarné des personnages de Shakespeare ou d’O’Neill. Une vie très occupée et un horaire bien chargé: enseignante en anglais le jour, elle faisait du théâtre la nuit.

Le milieu juridique ne lui était pourtant pas étranger, et l’idée d’en faire partie ne l’a jamais vraiment quittée. “Mon père était avocat, il m’a beaucoup influencée”, raconte-t-elle. Alors un jour, elle décide de suivre ce qu’elle décrit comme son “autre rêve”, et s’inscrit à la faculté de droit de l’Université McGill.

Le droit à Montréal

Le choix de Montréal se fait naturellement, puisqu’elle y a toute sa famille, qu’elle y est née et y a grandi. Et pour son jeune fils aussi: “C’est mieux pour un enfant d’être élevé à Montréal plutôt qu’à New York...”

Dans la grosse pomme, tous ses amis ont salué sa décision de partir. “Là-bas, c’est normal de changer de carrière ou de reprendre les études”, explique Me Nevard. Par contre, si sa famille l’a également soutenue, d’autres ont insisté sur la différence d’âge qui la sépare des autres étudiants à l’université.

“Justement, insiste l’avocate, même si ce n’était pas mon but premier, j’ai trouvé à la faculté une vraie communauté et rencontré des gens qui m’ont beaucoup enrichie.”

Elle a beaucoup apprécié de se retrouver avec des gens plus jeunes avec qui elle garde contact encore aujourd’hui.

Une fois le baccalauréat puis le barreau en poche, ce sont les employeurs qui lui demandent comment elle va réagir en recevant des ordres de personnes plus jeunes qu’elle… Ça la fait rire: “Ce n’est pas du tout un problème pour moi. Et je sais que j’ai beaucoup à apprendre.”

Le droit, grand frère du théâtre

Quand on la questionne sur sa réorientation de carrière, dans un domaine a priori si différent et éloigné, Me Nevard est catégorique: “J’en reste persuadée, le droit et le théâtre ont plein de choses en commun.”

D’après elle, faire des recherches sur quelqu’un pour un dossier ou pour travailler le personnage d’une pièce, sont deux exercices qui se ressemblent.

Elle fait aussi référence au plaisir de communiquer, en plaidant ou en déclamant son texte, pour faire ressortir avec justesse une histoire qu’on connaît par coeur.

“Plaider demande de la créativité. D’ailleurs, beaucoup d’avocats deviennent écrivains, car ils aiment raconter des histoires et bien écrire”, indique l’avocate.

“J’adore représenter quelqu’un”

Avec sa nouvelle carrière, elle n’a plus vraiment le temps de faire du théâtre. “De toute façon, il y a beaucoup moins d’opportunités ici qu’à New York… Et quand on se retire de la profession pour un temps, on finit par sortir du circuit et ne plus être sollicité”, explique-t-elle. Elle a quand même gardé son agent, et fait du voice-over de temps en temps.

En attendant, elle se plaît beaucoup chez PFK qu’elle décrit comme “un petit cabinet avec beaucoup d’avocats très qualifiés, où elle apprend beaucoup”. Elle y fait des requêtes, un peu de plaidoirie, notamment en droit de la famille et droit de l’emploi, dont elle adore l’aspect humain.

Sa formation théâtrale est un vrai plus dans son quotidien d’avocate: elle sait être détendue, parler devant un auditoire et bien écouter.

“J’aime être dans la salle, en cour, et représenter quelqu’un”, confesse-t-elle de sa voix calme et claire, qui se prête aussi bien aux personnages du grand William qu’aux plaidoiries argumentées.

Ses objectifs? Plaider en français, qui reste une deuxième langue pour elle. Et se développer éventuellement une clientèle. “Je ne suis qu’au début de ma deuxième carrière…”

Un prolongement naturel de la première?