Pierre Arcand

Prendre un année sabbatique, c’est possible?

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Pierre Arcand

2014-01-20 10:15:00

Exerçant en pratique privée, un avocat songe à prendre quelques mois de répit. Il s’interroge sur les conséquences de son arrêt de travail. Pierre Arcand lui répond...

Question:

Monsieur Arcand,

Après plusieurs années de pratique en cabinet, je pense à prendre une pause (de 6 à 12 mois) afin de refaire le plein d’énergie et éventuellement réorienter ma pratique.

Cependant, considérant qu’il me faudra ensuite chercher un nouvel emploi, je me demande si cette période d’arrêt risque de me nuire.

J’aimerais savoir comment ça pourrait être perçu par de futurs employeurs.

Merci de votre aide.

Réponse:

Cher lecteur,

Pierre Arcand, recruteur juridique, répond à vos questions
Pierre Arcand, recruteur juridique, répond à vos questions
Bien qu’il soit parfois nécessaire et même salutaire de refaire le plein avant qu’il ne soit trop tard et éviter ainsi l’épuisement professionnel, un tel choix comporte immanquablement des risques.

C’est certain que si vous vous sentez sur le point de craquer, n’attendez pas qu’il soit trop tard avant de passer à l’action… ou plutôt vous retirer de l’action. Mais je vous déconseille fortement de vous retirer du marché de l’emploi pendant 12 ou même 6 mois, si d’autres options s’offrent à vous.

Quelles pourraient être ces options? Je ne connais pas assez votre situation pour bien vous orienter mais il est certain qu’une pause complète pendant une longue période devrait être la solution de dernier recours.

Mais est-ce que vous êtes justement rendu au point de rupture qui justifie cette solution? C’est à vous d’y répondre et il est assuré qu’un professionnel de la santé serait mieux placé que moi pour vous aider à ce niveau. À ce sujet, je vous dirais que trop de professionnels hésitent à consulter dans ce genre de situation. Je ne parle pas ici d’une psychanalyse freudienne vous faisant remonter aux souffrances vécues dans votre enfance (j’admets que je caricature un peu ici…) mais seulement une solide discussion avec un professionnel rompu à ce genre de situation.

Parce qu’une pause d’une année sur votre curriculum aura sans l’ombre d’un doute un effet négatif, il est important d’analyser si d’autres options sont envisageables. C’est là que ledit professionnel pourra vous aider à identifier les irritants de votre pratique et par le fait même, ce qui gruge autant de votre énergie.

Je ne suis pas le professionnel approprié mais je sais qu’il est fréquent que la source du problème soit plus interne qu’externe. Au quel cas, un simple ralentissement des activités et un meilleur focus sur les priorités pourraient être aussi utiles sinon plus qu’une année sabbatique.

Mais pourquoi vouloir éviter cette pause à tout prix? Premièrement parce qu’un candidat sans emploi est toujours moins intéressant pour un employeur qu’un candidat avec emploi. Face à un candidat sans emploi, l’employeur potentiel se demande souvent si le candidat veut vraiment l’emploi ou s’il est simplement désespéré de se trouver quelque chose.

Veut-il le poste en attendant de trouver mieux? Sa réflexion est-elle terminée ou bien est-il pressé par des incitatifs économiques? Ces questions surviennent rarement face à un candidat qui est prêt à quitter un emploi pour se joindre à une nouvelle équipe.

Une autre question qui titillera l’employeur potentiel sera de connaître l’origine de cette pause. Était-ce un burn-out? Si oui, sera-t-il performant et y-a-t-il risque de rechute? Si ce n’est pas un burn-out, a-t-il été congédié? Est-il à la recherche d’un autre emploi depuis plus d’une année? Et plus important encore, l’employeur se demandera, consciemment ou non, s’il ne passe pas à côté de quelque chose, s’il n’est pas en train de s’embarquer dans une drôle de galère.

Bref le doute va s’installer. C’est aussi simple que cela. C’est une question de perception et dans un processus d’embauche comme dans tout processus de vente, gérer la perception est primordiale.

Donc il est clair qu’une pause de plusieurs mois implique des risques mais je conclurai en précisant le point suivant: si vous avez vraiment besoin de vous arrêter, vous devez le faire avant d’atteindre le fond du baril parce que dans le cas contraire, ce sera encore plus néfaste sur la suite de votre carrière ainsi que sur l’ensemble de votre vie.

La question devrait être de savoir si vous en avez besoin ou non et si la réponse est oui, alors prenez le recul nécessaire, remettez-vous sur pied et ensuite vous pourrez vous mettre à la tâche pour trouver un endroit où être heureux professionnellement.

Si par bonheur il est possible de soigner le malaise à petites doses en changeant notamment certaines facettes de votre comportement ce sera, d’un point de vue strictement professionnel, une solution qui aura beaucoup moins de répercussions négatives sur votre avenir.

J’espère que mes conseils pourront vous être utiles et je vous souhaite bonne chance dans les démarches que vous entreprendrez.

La Question au Recruteur

Chaque semaine, le recruteur juridique Pierre Arcand répond à une question posée par vous, chers lecteurs.

La Question au Recruteur de la semaine est choisie parmi toutes celles reçues sur le site. Toutes les questions sont bonnes pour autant qu’elles concernent votre carrière de juriste.


Sur l'auteur

Pierre Arcand s'est spécialisé en recrutement juridique après avoir pratiqué le droit pendant une douzaine d'années. Ayant été associé au sein de cabinets boutiques ainsi que d'un important cabinet de Montréal, il connaît bien la communauté juridique et les enjeux reliés à la pratique du droit tant en cabinet qu'en entreprise. Arcand et Associés, une entreprise spécialisée dans le recrutement de cadres et de professionnels, a été fondée en 1999. Pierre Arcand et son équipe apporte un soutien professionnel tant aux entreprises qu'aux cabinets qui cherchent à recruter les meilleurs candidats disponibles.
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