Pierre Arcand

Quel salaire pour un junior dans un petit cabinet?

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Pierre Arcand

2014-02-17 10:15:00

Un stagiaire a reçu une offre d’emploi pour intégrer le cabinet après son assermentation. Il s’interroge sur la rémunération qu’il peut escompter. Pierre Arcand lui répond...

Question:

Bonjour M. Arcand,

Je suis présentement en fin de stage du Barreau dans un petit cabinet et j'ai reçu une offre d'emploi au sein de ce même cabinet.

N'ayant aucune idée de la fourchette des salaires pour les débutants, j'aimerais avoir une idée sur le sujet.

Merci beaucoup et bravo pour votre chronique!

Réponse:

Bonjour,

Pierre Arcand, recruteur juridique, répond à vos questions
Pierre Arcand, recruteur juridique, répond à vos questions
Il s’agit d’une question qui m’est souvent posée et la réponse n’est pas évidente. La rémunération d’un avocat junior ou non est grandement influencée par plusieurs facteurs dont notamment la taille du cabinet mais plus encore, par la charge de travail et le taux horaire appliqué au travail effectué.

Ces facteurs sont plus importants que la taille du cabinet car ce sont eux qui déterminent votre rentabilité au sein du cabinet et normalement cette rentabilité devrait être la base de référence pour établir votre rémunération. Que votre cabinet compte 5 ou 500 avocats ne change pas grand chose à votre rentabilité.

Comment déterminer votre rémunération en fonction de ces deux critères? Habituellement le ratio se situe autour de 2.5 à 3 pour 1. En français cela veut dire que vous générez 2.5 à 3 fois votre rémunération facturée et payée par le client. Dans le sens inverse, votre rémunération devrait se situer entre 33% et 40% des honoraires que vous faites entrer dans les coffres du cabinet.

Par exemple, si votre taux horaire est établi à 150$ et que vous facturez 1000 heures par année, vous générez 150,000$ annuellement. Votre salaire devrait se situer entre 50,000$ et 60,000$. Présenter de cette façon, c’est très facile à calculer et ça évite les abus, dans un sens comme dans l’autre.

Ce qui est moins facile, c’est de tenir compte des variables et du comportement de votre employeur. Le nombre d’heures facturées et payées variera immanquablement d’une année à l’autre, à plus fortes raisons en petit cabinet. Le nombre d’«heures payées» est aussi sujet à fluctuations et sera tributaire autant de la qualité des clients que de la rigueur de votre employeur dans la perception de ses comptes recevables. Deux choses qui sont hors de votre contrôle et par conséquent, dans un monde idéal, pour lesquelles vous ne devriez pas être imputable. Malheureusement vous ne vivez pas dans un monde idéal.

Dans les faits maintenant, regardez l’offre qui vous est présentée et analysez-la en fonction du ratio précité. Si elle se situe à l’intérieur de l’écart normal, cette offre peut être considérée comme «honnête». Reste à voir si elle répond à vos attentes. Si ce n’est pas le cas, vous devez évaluer lesdites attentes et vous demander si elles sont réalistes.

Vos attentes sont réalistes et elles ne sont pas rencontrées? Alors il faudra négocier avec votre employeur, vous contenter de ce qu’on vous offre ou encore démissionner. Plusieurs employés hésitent à négocier avec leur employeur mais ils ne devraient pas. Par contre, il faut avoir des arguments qui font du sens et qui sont rationnels. Il faut se préparer et étoffer son dossier. Vous n’avez pas le gros bout du bâton dans le cadre de ses négociations mais ça ne veut pas dire que vous ne pouvez pas faire des gains.

Utiliser les chiffres comme base de négociation et non les émotions ou les grands principes mais plus important encore, écoutez honnêtement les arguments de la partie adverse et ajustez vos demandes en fonction de la pertinence desdits arguments. Probablement que les deux parties devront mettre de l’eau dans leur vin.

Comme vous n’avez pas beaucoup de pouvoir de négociation, je vous recommanderais d’être créatif et flexible afin de repousser les arguments de votre employeur. Le meilleur remède demeure toujours une rémunération assortie de bonification en fonction des heures facturées et payées et aussi, si applicable, une seconde bonification en regard des clients que vous amènerez au cabinet.

Finalement je suggère très très fortement de coucher le fruit de vos négociations sur papier à plus fortes raisons si une bonification est prévue. Certains employeurs, de bonne foi ou non, ont une mémoire sélective lorsque vient le temps d’ouvrir leur portefeuilles alors il vaut mieux garder des traces de l’accord convenu.

L’idéal est évidemment un contrat écrit mais dans les faits, juste un courriel constituant un résumé de ce qui a été convenu pourrait faire l’affaire. Gardez-en une copie papier et envoyez-vous une copie à une adresse autre que celle du bureau.

Sans aller trop loin dans les détails, je vous recommande également de prévoir que si vous ne terminez pas l’année, peu importe la raison, la bonification sera applicable au prorata de la période écoulée par rapport à l’année.

J’espère que ma réponse vous aidera et je vous souhaite bonne chance dans vos négociations.

La Question au Recruteur

Chaque semaine, le recruteur juridique Pierre Arcand répond à une question posée par vous, chers lecteurs.

La Question au Recruteur de la semaine est choisie parmi toutes celles reçues sur le site. Toutes les questions sont bonnes pour autant qu’elles concernent votre carrière de juriste.


Sur l'auteur

Pierre Arcand s'est spécialisé en recrutement juridique après avoir pratiqué le droit pendant une douzaine d'années. Ayant été associé au sein de cabinets boutiques ainsi que d'un important cabinet de Montréal, il connaît bien la communauté juridique et les enjeux reliés à la pratique du droit tant en cabinet qu'en entreprise. Arcand et Associés, une entreprise spécialisée dans le recrutement de cadres et de professionnels, a été fondée en 1999. Pierre Arcand et son équipe apporte un soutien professionnel tant aux entreprises qu'aux cabinets qui cherchent à recruter les meilleurs candidats disponibles.
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