Heenan: Tout est parti d'un mémo

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Emeline Magnier

2014-02-19 15:00:00

Associé plus de 20 ans chez Heenan Blaikie, cet avocat explique à Droit-inc quel a été l'élément déclencheur de la dissolution du cabinet: un mémo écrit par son associé directeur…

Tout a commencé avec la démission de Me Robert Bonhomme, associé directeur du bureau de Montréal
Tout a commencé avec la démission de Me Robert Bonhomme, associé directeur du bureau de Montréal
Trois semaines: c'est le temps qu'il a fallu pour que le cabinet Heenan Blaikie, ancré à Montréal et fondé il y a 40 ans, en arrive à une dissolution.

Et cette descente fulgurante a commencé avec la démission de l'associé directeur du bureau de Montréal, Me Robert Bonhomme, déposée le 13 janvier dernier.

C’est en tout cas ce que soutient Me Nicolas Di Iorio, associé pendant 26 ans chez Heenan Blaikie, lui qui vient de se joindre à Langlois Kronström Desjardins, à Montréal.

Juste avant d'officialiser son départ, le même jour, Me Bonhomme aurait fait circuler une note interne proposant la dissolution du cabinet. Me Bonhomme, rappelons-le, est récemment passé chez BLG, à Montréal, avec une douzaine d’avocats en droit du travail.

«Nous étions tous médusés, incrédules, et avons cru à une mauvaise blague: c'est une chose de démissionner mais s'en est une autre d’influencer sur le sort de 1000 personnes dans une note écrite, sans même échanger avec les concernés sur les autres options à envisager», explique Me Di Iorio, spécialisé en droit du travail.

À la suite de la divulgation de ce mémo, l'avocat explique avoir vécu d'heure en heure des situations qu'il n'aurait jamais pu imaginer.

Il n'aura pas fallu bien longtemps pour que la nouvelle se rende jusqu'aux oreilles des associés du bureau de Toronto qui envisageaient les départs successifs de leurs homologues montréalais.

Vent de panique

C'est alors qu'a commencé «la spirale des départs», comme l'appelle Me Di Iorio. «Les chasseurs de têtes et les concurrents ont commencé à tourner, certains ont préféré jouer la sécurité et accepter les offres qu'ils recevaient.»

Après trois semaines, deux étages s’étaient vidés au bureau de Toronto, et dans ces conditions, il devenait difficile pour ceux qui restent d'assumer sur le plan financier.

«Nous avons mobilisé des associés pour essayer de contrer cette réalité, on s'est battu jusqu'à la fin, mais on n'a pas réussi», explique Me Di Iorio.

Il indique que pour le groupe de droit du travail et de l'emploi, l'année 2013 a été la meilleure qu'il n'ait jamais connu, que les résultats étaient satisfaisants pour l'équipe de litige, alors que celle de droit commercial rencontrait des difficultés.

«En 2014, on pouvait faire encore mieux en droit du travail et en litige et ainsi aider nos confrères en droit commercial. N'eut été de ce 13 janvier, Heenan Blaikie aurait été sauvé», croit l’avocat.

Pour lui, Heenan Blaikie, entreprise québécoise, enracinée à Montréal, source de fierté et histoire à succès valait la peine qu'on se batte pour elle. «C'est comme si un navire affrontait une tempête et que le capitaine décidait de le faire échouer.»

L’importance du leadership

Me Nicola Di Iorio est passé chez LKD.
Me Nicola Di Iorio est passé chez LKD.
Sans vouloir exprimer de regret, Me Di Iorio dit vouloir tirer des leçons de ce naufrage, pour lui-même, mais aussi pour tout cabinet ou entreprise de services professionnels à structure aplatie, avec un directeur unique, sans vice-président comme celle des bureaux d’avocats.

«Cela montre l'importance d'avoir un leadership fort et un plan de succession. Nous étions tous des professionnels dévoués aux clients, nous avons pris le leadership pour acquis. L'exercice n'était pas digne d'un cabinet de cette envergure.»

Il rappelle les années florissantes d'Heenan Blaikie, co-dirigé par Mes Guy Tremblay et Norman Bacal alors que le cabinet est passé de plusieurs dizaines à plusieurs centaines d'avocats en quelques années, une croissance exponentielle équivalant à l'embauche d'un avocat par semaine pendant 15 ans.

Mais alors que la dissolution était prononcée, il a fallu réagir et aller vite. «Les clients ne peuvent pas attendre, ils ont besoin d'une base pour être servis», explique Me Di Iorio.

La rapidité du hasard

C'est le hasard qui le conduira jusqu’à ses nouveaux associés. «Le lendemain de la dissolution, je me suis trompée de pièce au Ministère du travail et j’ai croisé Me André Sasseville avec qui nous avons échangé sur la situation et sur notre vision de la profession. Il m'a suggéré de venir rencontrer Jean-François Gagnon et Michel Farrah

Même s'il avait des contacts avec d'autres bureaux, sa décision était prise. Ses critères? Un bureau avec un leadership bien établi, un programme de succession assuré, une situation financière saine et un siège social est établi au Québec, pour répondre à la clientèle qu'il dessert en droit du travail.

«Je retrouve chez LKD l'assise de ce qu'était Heenan Blaikie quand le cabinet prenait son essor», souligne Me Di Iorio.

Dans son nouveau bureau, il travaille à l'arrimage de son équipe - Me Geneviève Beaudin et Marie Cousineau exerçant en droit du travail, et Me Francine Legault en santé et sécurité au travail- à celle déjà en place chez LKD pour la création d'un pôle d'excellence en droit du travail.

Sa clientèle l'a suivi en totalité, alors il indique qu'il continuera de côtoyer les mêmes personnes, à une nouvelle adresse toutefois.
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