Nouvelles
Un voyant accusé de sorcellerie
Agence Qmi
2014-04-18 13:15:00
Un homme qui se prétendait «un grand voyant médium» a été accusé de sorcellerie à Québec, une infraction punissable d’après le Code criminel. Un avocat revient sur ce crime envoûtant...
«Grand voyant médium, résout vos problèmes, retour de l'être aimé, chance, jeu, protection, etc. Résultat garanti», pouvait-on lire sur ces pages. Au moins 67 personnes auraient consulté la petite annonce au mois de mars.
Pour arriver à ses fins, le magicien demandait beaucoup d’argent à ses victimes en échange de prédictions et de promesses.
Le seul problème, c’est que le Professeur Alfoseny prophétisait ne s’est jamais réalisé. D’ailleurs, son vrai nom est Fonata Yacouba et il possède plusieurs antécédents criminels en matière de fraude.
Magie criminelle
Pourtant, le «Prof» soutenait dans ses petites annonces qu’il était un «spécialiste des cas urgents et difficiles, de l’attirance personnelle et du désenvoûtement». Il affirmait aussi que ses prédictions sur le retour de l’être aimé étaient «rapides, définitifs,» et «100 % efficaces».
C’est ici qu’il est possible de tracer une ligne entre le présumé fraudeur et les autres médiums. Le Professeur Alfoseny prédisait des choses très précises, alors que les voyants restent habituellement flous et nuancés.
C’est pour ces raisons que les policiers ont pu procéder à son arrestation. Il risque d’ailleurs d’être accusé selon l'article 365 du Code criminel d’avoir pratiqué la magie frauduleusement, ce qui est une accusation très rare. « Il promettait des choses qui allaient se produire en échange d’argent », a expliqué Christine Lebrasseur, agente aux communications au Service de police de Québec (SPVQ).
Lors de sa comparution au palais de justice, le procureur de la Couronne, Me Guillaume Michaud, s’est opposé à sa remise en liberté. Il reviendra devant le juge mardi.
Autres victimes ?
Le Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) a confirmé que l’homme aurait fait au moins une victime, mais croit cependant que d’autres personnes auraient pu se faire flouer. « S’il y a d’autres victimes, on aimerait le savoir. Les gens peuvent se sentir mal à l’aise ou être gênés de s’être fait frauder, mais on veut le savoir, car il s’agit de sommes considérables », a mentionné Mme Lebrasseur. Le SPVQ vous demande de le contacter au 418-641-AGIR si vous avez des informations dans ce dossier.
Est-ce qu’on peut dire que la sorcellerie et la magie sont illégales au Canada?
Oui, dans un contexte où l’on prétend des choses qu’on sait fausses et que le but est d’obtenir de l’argent. Reste que la sorcellerie, si tu es chez vous et que tu joues au Ouija, c’est légal.
Dans quelle catégorie pouvons-nous classer l’accusation «Affecter de pratiquer la magie»?
La fraude. C’est la représentation de quelque chose qui est faux, même si la personne qui agit croit que c’est vrai. Les prétentions sont donc frauduleuses.
Existe-t-il d’autres cas de procès pour sorcellerie au Québec?
Oui. Il y a de la jurisprudence. Il existe cinq cas entre 1981 et 1993. Dans ce cas-ci, l’élément frauduleux de l’infraction ne vise pas la fausseté des prédictions faites (…), mais que l’accusé tire avantage de la crédulité de ses victimes par la fraude. Alors, le crime est de faire croire quelque chose, peu importe la chose, dans un but de soutirer de l’argent.
À quelle peine peut-on s’attendre?
C’est surprenant, car l’article 365 est un crime punissable uniquement par procédure sommaire, ce qui veut dire que ça n’entraîne pas de casier judiciaire. Il n’y a pas prise des empreintes digitales. On parle d’une amende. Toutefois, seules l’aliénation mentale ou la faiblesse d’esprit pourraient permettre à l’accusé d’être acquitté.
Publier un nouveau commentaire