Heenan Blaikie : trois leçons à tirer

Depuis la dissolution du cabinet Heenan Blaikie au début du mois de février, une multitude de raisons ont été avancées pour l'expliquer: conflits internes, facturation insuffisante et retenue des dividendes, les spéculations sur la chute d’un des plus grands cabinets canadiens ont fait couler beaucoup d’encre.

Pour Stephen Mabey, associé gérant de Applied Strategies Inc., les bureaux d’avocats, toutes tailles confondues, doivent tirer des leçons de cette dissolution, expose-t-il au Canadian Lawyer Mag. Il identifie trois enseignements primordiaux qui devraient être suivis par les cabinets qui ne veulent pas connaître le même sort.

1. Adaptez-vous au changement

Les temps changent et si votre cabinet ne s’adapte pas, ce sera la fin. « Nous vivons une période de grands changements sur les plans financier, social, économique, démographique ; nous sommes désormais dans un nouveau monde dans lequel l'inattendu est la norme et nous devons nous y habituer », a déclaré la présidente de la business administration de la Business School d’Harvard, Nancy Koehn.

Si vous continuez de penser que la voie choisie dans le passé est la bonne et qu’il faut maintenir le cap pour le futur, vous risquez de vous casser le bout du nez. Cette ère est révolue et nous n’y reviendrons plus.

C’est le leadership qui compte : il faut des leaders capables de traduire des informations en connaissance, la connaissance en compréhension et la compréhension en sagesse. C’est peut-être ce qui a manqué chez Heenan Blaikie…

2. Associés, agissez comme des propriétaires

Les cabinets d’avocats et leurs associés sont aux prises avec des objectifs financiers : comment investir à long terme quand on est évalué sur la performance à court terme ? Les propriétaires, eux, pensent sur le long terme pour le succès de leur entreprise.

De plus, les grands bureaux ont basé leur croissance non pas sur la productivité accrue mais plutôt sur une augmentation constante de leurs honoraires. Ainsi en cas de stagnation du taux horaire voir de diminution, si vous ne modifiez pas vos pratiques, il est clair que les profits ne seront pas au rendez-vous.

Changez vos habitudes et faites comme les propriétaires, adoptez une stratégie à long terme, là est la clé de la réussite !

Mettre en place de nouveaux modèles d'affaires coûte cher et prend du temps mais il est essentiel de s'y mettre rapidement car les clients, eux, sont très exigeants et réclament toujours plus de réductions d'honoraires.

3. Investissez dans la culture de votre cabinet

Sans une culture partagée par tous, vos avocats quitteront le navire petit à petit !

Alors qu'il est essentiel d'avoir une véritable culture de bureau, notamment pour les générations futures, de moins en moins de firmes y accordent un grand intérêt. Beaucoup de cultures de cabinets se sont ainsi affaiblies au fil du temps et il est souvent trop tard quand les associés s'en rendent compte.

Voici comment éviter cet éffritement:

• Ne diluez pas une culture gagnante. Trouvez les bonnes personnes qui se soucient de l'entreprise ;
  


• Mettez toute votre énergie dans de grands rêves: vous dépenserez la même quantité d'énergie pour rêver grand que rêver petit.
  


• Embauchez des avocats avec la bonne formation en droit qui seront meilleurs que vous et qui traiteront les collaborateurs de votre cabinet le mieux possible ;
  


• Parlez du bon comme du mauvais avec la même urgence et la même clarté ;
  


• Reconnaissez ceux qui travaillent dur mais souvenez-vous que l'effort ne produit pas toujours de résultats ;
  


• Quand il y a un juste niveau de pression, les gens apprennent plus rapidement, travaillent plus et produisent plus ;
  


• Le consensus est une science impossible. L'alignement est ce qui est important ;
  


• Traitez les avocats et autres collaborateurs qui contribuent au développement de votre cabinet comme des stars car il est clair qu'ils ne sont pas comme les autres.
  

À bon entendeur...