Entrevues

Le Québec à la remorque sur le droit animal

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Agence Qmi

2014-07-21 11:15:00

Veaux électrocutés, chevaux affamés, usine à chiots démantelée... Faudrait- il donner un statut juridique aux animaux pour qu'on ne les maltraite plus ? Une professeure de droit fait le point...

Martine Lachance est la directrice du GRIDA
Martine Lachance est la directrice du GRIDA
Martine Lachance est professeure à la faculté de science politique et de droit de l’UQAM|http://www.fspd.uqam.ca/. Depuis janvier 2007, elle est directrice du Groupe de recherche international en droit animal|http://grida.uqam.ca/ (GRIDA),et tente de définir une approche moderne du droit qui intègre les nouveaux enjeux que soulève le respect de la sécurité et du bien-être animal.

Question: Comment expliquer que le Québec soit la pire province au pays en matière de droit animal ?

Martine Lachance: Le Québec est en retard sur le reste du pays dans l'application des lois. On est très laxiste. L'Ontario a 200 inspecteurs en bien-être animal, nous en sommes très loin. Or, sans ressources sur le terrain, on ne peut pas faire appliquer les lois.

Au plan strictement légal, le Code civil québécois ne diffère toutefois pas du reste du Canada. Partout au pays, l'animal est considéré comme un bien meuble. Autrement dit, du point de vue légal, un chien ou une vache ne diffère pas d'un grille-pain ou d'une chaise. L'ensemble du Canada est très en retard par rapport aux autres sociétés occidentales hautement industrialisées en matière de droit animal.

Pourquoi nos gouvernements sont-ils si à la traîne ?

Il n'y a pas de pression populaire sur le législateur, en particulier pour les animaux d'élevage. Parce qu'ils mangent de la viande, les gens ne veulent pas savoir. Parce qu'un porc, ce n'est pas aussi attachant qu'un pitou ou un minou. Parce qu'on ne vit pas avec ces animaux, il y a moins de transposition affective.

Mais avec l'attention médiatique sur la maltraitance des animaux d'élevage ces derniers mois, on peut s'attendre à des changements. Il faudra voir si les ressources sur le terrain viendront avec les lois.

Quel pays pourrait nous inspirer ?

La position gradualiste de la France est un bon exemple. Les crises alimentaires successives, dont celle de la vache folle, ont sensibilisé les Français au bien-être animal. La France a d'abord changé son code rural, puis son code criminel et maintenant un projet de loi pour changer le Code civil chemine.

En dix ans, la société a eu le temps de faire le débat. L'État a aussi donné des subventions aux éleveurs afin qu'ils investissent pour le bien-être des bêtes et ceux-ci se sont rendu compte que c'était viable et qu'ils obtenaient, en plus, une viande de meilleure qualité. On peut donc concilier gastronomie et bien-être animal.
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