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« J’avais le profil de l’emploi »

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Dominique Tardif

2014-09-10 14:15:00

Cette semaine, Me Dominique Tardif, de ZSA, s’entretient avec le Bâtonnier du Québec, Bernard Synnott, associé chez Fasken Martineau ...

1. Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocat plutôt que de choisir un autre métier? Était-ce le fruit de longues hésitations, un processus d’élimination ou une tradition familiale?

Je n’ai ni procédé par élimination, ni suivi les traces de mes parents : c’était un choix. J’aitoujours voulu être avocat. Ma mère était professeure de français et mon père était médecin, mais j’étais beaucoup plus porté sur les sciences humaines. Déjà au secondaire, il était clair pour moi que j’irais en droit. J’aimais la logique du raisonnement et je voyais les deux côtés de la médaille. Selon ma mère, j’avais « le profil de l’emploi ».

Dès que j’ai mis les pieds à la faculté de droit, j’ai adoré. La première chose que j’ai achetée était mon code civil, et j’en étais bien fier. Quand j’ai fait mes débuts comme avocat, je me suis aperçu que plusieurs se plaignaient de la pratique. Je ne les comprenais tout simplement pas : de mon côté, j’adorais! En bref, il ne m’est jamais passé par la tête de faire autre chose, sauf pour devenir bâtonnier!

2. Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière?

Me Bernard Synnott, associé chez Fasken Martineau
Me Bernard Synnott, associé chez Fasken Martineau
Mon plus grand défi professionnel a été de développer ma clientèle et de la maintenir, et de former des gens qui sont aujourd’hui capables de prendre la relève. J’ai commencé à pratiquer en 1987 et ai travaillé, pendant les douze / quinze années qui ont suivi, près de quinze heures par jour et toutes les fins de semaine. J’ai « donné le service ». Ce n’est pas vrai qu’il est possible de travailler dans un cabinet comme le mien en se tournant les pouces. Un client insatisfait ne t’en fera généralement pas part; il ne t’acheminera simplement plus de dossiers. Il faut, par le service, savoir éviter ce genre de situations. Il faut retourner les appels rapidement, répondre aux courriels, former les jeunes, etc. C’est un défi constant, auquel s’ajoute, outre le développement de clientèle, l’obligation de travailler et de remplir ses feuilles de temps!

3. Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit?

Mon discours de rentrée judiciaire s’intitule « Rêver l’avenir », justement ! Et en plus de ce que j’y mentionnais, je rêverais, si j’avais une baguette magique bien entendu, de ne plus avoir à noter mon temps et mes heures chargeables. Il faut atteindre ses objectifs d’heures facturables chaque jour et chaque année. Nous sommes, en pratique privée, littéralement esclaves de la feuille de temps, et je serais bien heureux de pouvoir trouver un moyen de ne plus avoir à les remplir! (rires)

Les modes alternatifs de facturation sont évidemment une option. En effet, va-t-on continuer encore longtemps à fonctionner avec des taux horaires, à charger nos quinze minutes? L’avenir nous le dira !

4. La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique? Et pourquoi, à votre avis?

Je crois que la perception du public varie selon des cycles, mais qu’elle se porte bien de façon générale. Je suis de ceux qui croient que le public a généralement confiance dans les avocats qu’il consulte, et qu’il a de bonnes raisons de le faire. Nous avons des professionnels compétents et très bien formés au Québec. Il existe évidemment beaucoup de farces sur les avocats, mais « qui aime bien châtie bien », dit-on !

Les clients sont toujours bien fiers de nous présenter comme étant « leur » avocat. Nous connaissons tous des cas où notre cote peut être à la baisse compte tenu des manœuvres douteuses de certains, mais ceux que j’appellerais les délinquants de la profession sont pris en charge par le syndic.

Ma réalité quotidienne est faite de gens qui ont confiance en nous et en nos conseils juridiques et d’affaires. Les gens ont aussi confiance dans le Barreau lui-même, et le sollicitent beaucoup pour des prises de position sur différents sujets d’actualité et projets de loi. Vous seriez étonnés de vois le nombre de demandes que le Barreau reçoit afin qu’il émette son opinion ! C’est pour moi une marque de confiance dans l’institution.

5. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière et voulant réussir comme avocat de pratique privée?

Premièrement, il faut travailler fort ! Personne ne peut réussir sans travailler très fort et, malheureusement, cela implique aussi parfois de travailler les fins de semaine ! Deuxièmement, il faut toujours donner l’heure juste à son client. Le client que tu garderas pendant de longues années est celui à qui tu oseras dire : « Monsieur ou Madame X, je considère que cette réclamation-là ne comporte pas de chance de réussite pour les raisons qui suivent». Troisièmement, il ne faut pas s’arrêter à cela.

Pour réussir, il faut en plus évaluer avec eux quelles sont les alternatives possibles. C’est ici que l’avocat devient un conseiller et que le client va l’adopter. Si la solution proposée comme palliatif à l’idée de départ est logique et raisonnable, le client aura confiance dans le fait qu’il parle à quelqu’un à qui il peut se fier, et saura qu’il peut être accompagné dans des décisions d’affaires. Suivront donc d’autres dossiers. Parfois, la réponse sera donc de dire que même s’il existe des chances de succès en cour, la façon de procéder devrait possiblement être autre pour des questions réputationnelles qui n’ont ici rien à voir avec le droit. Il vaut parfois mieux proposer des alternatives à la cour pour ne pas que le client « y laisse trop de plumes ». C’est évidemment le client qui prend la décision finale, mais il appréciera les conseils reçus.

En vrac…
Une de ses lectures préférées : Les livres Harry Potter!

Ce qu’il aime visionner : Apocalyse Now (réalisateur : Francis Ford Coppola); les films de James Bond; les Star Wars qu’il a revus récemment (réalisateur George Lucas) et, ces jours-ci, les épisodes d’House of Cards!

Sa chanson fétiche : Salut les amoureux (Auteur : Joe Dassin)

Son expression ou diction préféré : ‘Oubliez pas que je vous aime’

Son péché mignon : le resto!

Son top 3 pour casser la croûte: Le Holder (rue McGill), Le Local (rue William), et Les Enfants Terribles (à l’Ile des Sœurs).

Les pays qu’il aimerait visiter : l’Afrique du Sud, le Vietnam et le Cambodge.

Le personnage historique qu’il admire le plus (et pourquoi?) :Winston Churchill, parce que ‘We will never surrender’!

S’il n’était pas avocat, il serait…joueur de hockey ou golfeur professionnel!!

Bio


Membre du Barreau du Québec depuis 1987, Me Bernard Synnott est associé au sein du cabinet Fasken Martineau et Bâtonnier du Québec pour l’année 2014-2015. Avocat-plaideur en litige, droit du travail et droit administratif, et conseiller juridique en droit civil et administratif depuis plus de 25 ans, Me Synnott a également une expertise en gestion de crise en entreprise.

L’engagement de Me Synnott au sein du Barreau du Québec et du Barreau de Montréal comme administrateur, conseiller et professeur remonte à plus de vingt ans et il a été membre de nombreux comités. Conférencier reconnu, notamment en droit du travail et de la concurrence, Me Synnott a été professeur à l'École du Barreau du Québec de 1996 à 2001, notamment en droit administratif et en procédure civile, et a siégé à son conseil d'administration de 2001 à 2003. Il a siégé, de 1998 à 2003, comme membre du comité de sélection des juges fédéraux, un comité qui est chargé d'évaluer les candidats à la Cour d'appel du Québec, la Cour supérieure, la Cour fédérale d'appel, la Cour fédérale et la Cour canadienne d'impôt.
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