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Fusillade au Parlement : les avocats enfermés

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Agnès Rossignol

2014-10-23 15:00:00

Quelles ont été les répercussions de la fusillade qui s'est produite hier à Ottawa sur l'activité des avocats dont les bureaux sont à proximité de la colline parlementaire ? Voici quelques témoignages presque à chaud...

Mercredi matin, à la suite de l’attaque armée au Parlement du Canada qui a fait deux morts - le terroriste et un soldat - la colline ainsi qu'un large secteur du centre-ville d’Ottawa ont été bouclés par les forces de sécurité de la GRC et de la police d'Ottawa.

Les bureaux d'avocats se trouvant dans les nombreux bâtiments aux alentours n’ont pas échappé au dispositif et ont été fermés pour des raisons de sécurité.

Me Claude Massicotte, avocat au service juridique du ministère des Pêches et des Océans situé sur la rue Kent entre les rues Wellington et Sparks a dû rester confiné dans son bureau sans possibilité de s'échapper.

Se barricader de l’intérieur

Me Nicholas McHaffie, associé d'une grande firme occupant un édifice comportant plusieurs ambassades, avec vue sur le Parlement
Me Nicholas McHaffie, associé d'une grande firme occupant un édifice comportant plusieurs ambassades, avec vue sur le Parlement
« Tout l'édifice a fait l'objet de mesure de sécurité initiée assez rapidement après l'événement qui s’est poursuivi jusqu'à ce que l'on ait le feu vert pour sortir, vers 16h30. Nous avons dû fermer les stores afin que personne de l'extérieur ne puisse voir à l'intérieur, raconte-t-il. Il y avait des mesures particulières pour accompagner ceux qui devaient prendre l'avion. »

Il en est de même pour Me Nicholas McHaffie, associé chez Stikeman occupant un édifice comportant plusieurs ambassades, avec vue sur le Parlement : « Nous ne pouvions ni sortir ni entrer entre 12h et 15h ».

Il confie avoir eu de la difficulté à se concentrer : « Nous suivions les rapports sur Internet et la télévision était allumée. Il était difficile de travailler, nous étions tous consternés de cette situation grave. On ne savait pas s'il y avait un ou plusieurs tireurs. Mais au sein de l'édifice, il y a eu une bonne communication toute la journée. »

Me Jean-Michel Corbeil, avocat en droit du travail chez Sack Goldblatt Mitchell, informé presque instantanément sur Twitter des coups de feu au Parlement, en a parlé à ses collègues qui ont commencé à suivre le fil de l'actualité en direct.

Suivre les événements en direct

Me Jean-Michel Corbeil, avocat en droit du travail chez Sack Goldblatt Mitchell
Me Jean-Michel Corbeil, avocat en droit du travail chez Sack Goldblatt Mitchell
« Quand j'ai vu des policiers fermer les rues Metcalfe et Queen, j'ai compris que nous étions dans le périmètre de sécurité. Plus tard ils nous ont recommandé de fermer les fenêtres, puis vers 10h30 le bâtiment était bouclé. On s'est alors tous rassemblés dans la salle de conférence pour suivre sur nos ordinateurs les événements. »

Il avoue, comme la dizaine de ses collègues du cabinet, avoir arrêté de travailler, jusqu'à ce qu'ils puissent sortir de l'édifice, en groupe et escortés, vers 14heures avec la consigne de rentrer chez eux.

Malgré son inquiétude pour ses amis, famille, collègues qui travaillent au Parlement, l'événement n'a pas eu d'impact sur l'activité normale de la pratique de Me McHaffie, tout comme Me Massicotte qui ne s'est pas senti menacé et a continué à travailler normalement.

Me Corbeil indique lui aussi ne jamais avoir eu peur, mais souligne le vide dans les rues.

« Il n'y avait que les policiers avec de gros fusils qui commençaient à courir à partir de la rue Metcalfe, c'était impressionnant. »

C'est le cas également de Me David Anber qui affirme faire confiance aux forces policières qui agissent pour stabiliser la situation. Étant au Palais de justice de Gatineau au moment des faits, lequel est situé en face du Parlement de l'autre côté de la rivière, il a été prévenu par sa femme de l'attaque.

Difficile de rentrer au bureau

Me David Anber était au Palais de justice de Gatineau au moment des faits
Me David Anber était au Palais de justice de Gatineau au moment des faits
« Lorsque j'ai quitté le palais vers 11 heures pour rejoindre mon bureau à Ottawa, rue Wellington, il y a avait beaucoup de circulation sur le pont en direction du Québec. L'information n'était pas assez complète encore, je ne savais pas ce qu'il se passait. »

L'avocat en droit criminel et pénal a dû convaincre les policiers pour entrer dans son bureau faisant partie de l'édifice World Exchange Plaza. « Les portes étaient fermées sur recommandations de la police et les ascenseurs ne fonctionnaient pas ».

Le soir, certains n'ont pu prendre leur voiture pour quitter leurs bureaux. C'est le cas de Me McHaffie qui a dû aller chercher sa fille à l'école en autobus alors que Me Anber a marché et pris un taxi pour rentrer chez lui vers 13 heures.

« La sécurité c'est important, mais il ne faut pas mettre les gens dans une situation de peur et arrêter nos vies dans une telle situation. Chaque jour, j'accomplis des choses pour faire avancer le droit criminel, il n'y a pas une loi qui dit qu'on ne peut entrer et sortir de son bureau », indiquait-il ce matin alors qu'il ne savait toujours pas s'il allait pouvoir entrer dans son cabinet.

Ce matin, la circulation était encore difficile devant la colline du Parlement, mais il n'y avait pas de barrage, précise Me Massicotte. Pour lui ce n'est pas un problème. « Je ne suis pas affecté, car je me rends la plupart du temps au travail à vélo. »

Audience ajournée

Côté institutions judiciaires, une personne de l'accueil du Tribunal canadien des droits de la personne qui se situe non loin du lieu de la fusillade nous apprend qu'une audience, qui a lieu toute la semaine jusqu'à vendredi, à dû être ajournée hier. Elle s'est toutefois tenue jusqu'à 13 heures, les parties ayant accepté de continuer.

Les personnes du public qui assistaient à l'audience ont eu le choix de rester dans la salle ou d'en sortir sans pouvoir revenir ensuite, car l'édifice était interdit au public.

Aujourd'hui, le bâtiment est de nouveau ouvert au public, mais fait l'objet de plus de sécurité, notamment à l'entrée du premier niveau où l'on demande aux personnes les raisons de leur visite.
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