Nouvelles

Tatouage sur le lieu de travail : c’est permis ?

Main image

Agence Qmi

2014-11-03 11:15:00

Un employeur peut-il imposer à ses salariés de cacher leur tatouage sur le lieu de travail ? Quel est l’état de la jurisprudence ?

Le droit d’être tatoué dans la Charte

Les employeurs n’ont pas le droit d’obliger leurs employés à cacher leurs tatouages s’ils ne sont pas offensants, explique une spécialiste en droits de la personne.

Selon la Charte québécoise des droits et libertés, toute personne a droit à la liberté d’expression, ce qui inclut maintenant les tatouages, indique Anne-Marie Delagrave.

En 2009, la Cour supérieure du Québec basée à Chicoutimi a réprimandé un Centre de la petite enfance qui obligeait l’éducatrice Nadine Bélisle à couvrir le tatouage de dragon qu’elle avait dans le dos.

« Le tatouage, de nos jours, est un phénomène qui est répandu dans toutes les couches de la société, indiquait le jugement. Si à une certaine époque, on pouvait l'associer aux personnes entretenant des liens avec la délinquance, ce n'est plus le cas.»

Visage tatoué

Un employeur peut-il imposer à ses salariés de cacher leur tatouage sur le lieu de travail ?
Un employeur peut-il imposer à ses salariés de cacher leur tatouage sur le lieu de travail ?
L’employeur jouit toutefois de la liberté de commerce. Ainsi, certaines violations à la liberté d’expression sont justifiées. Tout dépend du contexte et du type d’emploi, indique Mme Delagrave.

Un commerce qui tente de renvoyer un employé qui a une grande partie du visage tatoué a plus de chance de gagner que si son employé a une petite étoile sur la joue. Si le tatouage est offensant ou fait peur à la clientèle, l’employeur peut arguer que ce n’est plus raisonnable.

« Ce n’est jamais noir ou blanc », explique Mme Delagrave. Par exemple, en 2008, un chauffeur d’autobus de Laval s’est fait tatouer le côté droit du visage. La Société des transports a alors exigé qu’il fasse enlever le tatouage.

L’arbitre a conclu que l’employeur avait le droit d’interdire les tatouages sur le visage de ses chauffeurs.

Toutefois, l’arbitre a ordonné à la Société qu’elle réintègre le chauffeur à son poste parce qu’elle n’avait aucune politique vestimentaire sur les tatouages et qu’il était très douloureux et coûteux de se faire opérer pour retirer un tatouage.

Code vestimentaire modifié

De plus en plus d’entreprises changent leur code vestimentaire pour permettre à leurs employés de montrer leurs tatouages, dont Starbucks et Tim Hortons cet automne.

« Il était temps! », s’exclame Darwin Herrera, un employé du Starbucks de la rue Saint- Denis qui peut maintenant arborer fièrement son tatouage de grain de café. Fini, les chandails à manches longues qu’il devait porter même par temps de canicule.

Auparavant, les employés de Starbucks devaient couvrir leurs tatouages de façon à ce qu’ils ne soient jamais visibles, un règlement qui suscitait de nombreuses plaintes de leur part.

Selon Darwin Herrera, environ la moitié de ses collègues portent des tatouages.

Pas partout

Le règlement de Starbucks indique toutefois que les tatouages dans le cou ou le visage ne sont pas permis.

Aussi, les tatouages aux messages haineux ou obscènes sont interdits, une nuance que mentionnent aussi les règlements de McDonald’s et Tim Hortons. Tim Hortons accepte les tatouages visibles depuis septembre dernier et McDonald’s a modifié son code vestimentaire dans le même sens en 2012.

Les employeurs savent qu’ils doivent faire attention avant d’interdire les tatouages depuis que les tribunaux ont donné gain de cause à une éducatrice en garderie du Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Depuis environ cinq ans, la clientèle des studios de tatouage est de plus en plus variée et ose de plus en plus se faire tatouer des endroits visibles, remarque Dominic Grenier de Tatouage Royal, à Montréal.

Bandage

M. Grenier dit que dans quelques secteurs plus formels, c’est toujours tabou. Il donne l’exemple d’un de ses clients qui travaille dans le monde de la finance et qui doit se couvrir de la tête aux pieds.

Darwin Herrera croit que les clients de Starbucks ne sont pas choqués par son tatouage.

« J’avais des commentaires avant, quand je le cachais ». Le bandage qu’il portait parfois sur son poignet attirait davantage l’attention, croit-il.

« Des compliments, j’en reçois beaucoup. Et même de la part de personnes de 60 ans et plus », raconte Josée Boivin, serveuse à la brasserie Benelux. Ses tatouages ne lui ont jamais nui à l’embauche, précise-t-elle. En fait, les seuls moments où elle prend la peine de les camoufler sont à l’aéroport, pour ne pas encourager les douaniers à la fouiller, et lorsqu’elle se cherche un appartement.
42705

Publier un nouveau commentaire

Annuler
Remarque

Votre commentaire doit être approuvé par un modérateur avant d’être affiché.

NETiquette sur les commentaires

Les commentaires sont les bienvenus sur le site. Ils sont validés par la Rédaction avant d’être publiés et exclus s’ils présentent un caractère injurieux, raciste ou diffamatoire. Si malgré cette politique de modération, un commentaire publié sur le site vous dérange, prenez immédiatement contact par courriel (info@droit-inc.com) avec la Rédaction. Si votre demande apparait légitime, le commentaire sera retiré sur le champ. Vous pouvez également utiliser l’espace dédié aux commentaires pour publier, dans les mêmes conditions de validation, un droit de réponse.

Bien à vous,

La Rédaction de Droit-inc.com

PLUS

Articles similaires