Tout ce que le jury ne sait pas

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Agence Qmi

2014-12-16 12:16:00

Maintenant que le jury du procès est séquestré pour ses délibérations, on peut rapporter tout ce qui été dit en leur absence. Discussions de droit, anecdotes, remarques des parties…

Magnotta alerte en l’absence du jury

Devant le jury, l’accusé tête gardait constamment la jurés baissée. Mais dès que les quittaient la salle, il devenait tout à coup beaucoup plus attentif. Lors du visionnement de en scènes du film Basic Instinct l’absence du jury, Magnotta était d’ailleurs captivé par l’écran devant lui.

« Le Dr Gilles Chamberland l’a remarqué tout comme d’autres l’ont remarqué » avait lancé la Couronne, en demandant à ce que le psychiatre puisse en témoigner. Le comportement de Magnotta hors jury n’a finalement jamais été dévoilé aux jurés.

26 100 dollars pour le psychiatre qui a accompagné Magnotta

Maintenant que le jury du procès est séquestré pour ses délibérations, on peut rapporter tout ce qui été dit en leur absence
Maintenant que le jury du procès est séquestré pour ses délibérations, on peut rapporter tout ce qui été dit en leur absence
Le psychiatre Joel Watts avait reçu 26 100 dollars d’honoraires pour avoir accompagné Rocco Magnotta Luka lors de son extradition, en 2012. Cela revient juin à un salaire de 490 dollars l’heure, même durant son sommeil.

« Le jury est en droit de savoir peut-être qu’il s’est fait plus que ce que certains jurés ga-gnentenune année », avait lancé la Couronne au juge lors d’un hors-jury. Le Dr Watts réclamait au départ mais 600 $ l’heure, il avait fini par accepter un moin-dre.

Fait à noter, il avait été payé par la police, pour ensuite accepter d’évaluer Magnotta pour la défense. Le juge Guy Cournoyer a toutefois estimé que le salaire de l’expert n’était pas pertinent à la cause et le jury n’en a jamais rien su.

L’expert de la Couronne critiqué par le juge

Le psychiatre expert de la Couronne s’était fait vertement critiquer par le juge lors du témoignage d’un collègue de la défense. Le Dr Gilles Chamberland avait en effet fait des grimaces lors du témoignage du Dr Thomas Barth, de la défense. Le juge avait été irrité au point de faire sortir le jury. « Cette attitude n’est absolument pas professionnelle », avait lancé le magistrat.

Plutôt que de rester dans la salle d’audience, le Dr Chamberland avait migré dans la salle de débordement, d’où il a écouté la suite des témoignages. Il n’est revenu dans la salle que pour témoigner.

Une vidéo « qui change la donne »

Magnotta avait été candidat à une téléréalité en 2008 et sa vidéo d’entrevue le montre décontracté et faisant des plaisanteries. On n’y voyait aucun symptôme de schizophrénie. La Couronne voulait la faire jouer devant le jury, mais le juge s’y est opposé. Selon le magistrat, montrer la vidéo reviendrait à mettre un terme à la cause, tellement elle était parlante.

Mais elle datait de quatre ans avant le meurtre de Jun Lin, si bien que sa pertinence était limitée. « Cette vidéo change toute la donne, le jeu n’en vaut pas la chandelle », avait conclu le magistrat.

Une jurée dont le patron est policier

On a appris durant le procès qu’un des propriétaires de la boucherie où travaille la jurée 14 est un policier- motard. Et, comble de coïncidence, son supérieur était le mari de l’enquêteuse au procès Magnotta. Le policier était venu témoigner hors de la présence du jury et le juge avait finalement décidé de ne pas exclure la jurée.

Or, ce policier était ensuite allé tout raconter à son employée bien que les jurés ne doivent pas savoir ce qui s’est dit lorsqu’ils ne sont pas là. « Si ce n’était que de moi, ce policier ne remonterait pas sur sa moto pour longtemps », avait lancé le magistrat, qui s’était dit ébahi par le manque de jugement de ce représentant des forces de l’ordre.

Un juré en visite au pénitencier

Une situation cocasse s’était présentée lors du procès quand un membre du jury a demandé au juge s’il pouvait assister au mariage d’une amie… avec un détenu du pénitencier de Drummondville.

« Le jury aura à déterminer si l’accusé ira au pénitencier ou dans un institut psychiatrique, avait-il dit. En allant à ce mariage, ce membre aura vu l’une des deux options. Ça n’arrive pas souvent.» La Couronne n’y a pas vu de problème. Pour elle, cela relevait de la vie privée. La défense n’a pas commenté et le juge a finalement donné son autorisation.

Une image promotionnelle compromettante

Le psychiatre de la défense Joel Watts avait mentionné dans son rapport de présumées images promotionnelles du meurtre de Jun Lin. La Couronne voulait aller encore plus loin, en montrant une affiche trouvée sur internet qui pourrait prouver la thèse de la préméditation.
Le juge a finalement refusé que l’affiche soit présentée au jury.

L’aptitude de Magnotta à subir son procès inquiétait

Dès septembre, le juge était inquiet que Magnotta devienne inapte à subir son procès. Et le témoignage d’une responsable de la prison de Rivière-des-Prairies ne l’a pas rassuré.
« Faut être équitable avec tout le monde », avait dit la responsable en expliquant que Magnotta subissait le même traitement que tous les autres prévenus, même s’il était le seul au Québec à subir à ce moment un procès pour meurtre et qu’il souffrait de problèmes psychiatriques.

« Lorsqu’on va chercher quelqu’un dans un autre pays avec un avion Hercule, on pourrait considérer des mesures plus ciblées », avait dit le juge, qui avait finalement ordonné qu’un rapport soit déposé tous les matins sur les heures d’arrivées et de sorties de Magnotta, afin qu’il puisse prendre ses médicaments à des heures régulières.

Il « s’empiffre aux frais du contribuable »

« La Couronne veut donner l’impression que M. Magnotta profite du système pour s’empiffrer aux frais des contribuables! » avait lancé la défense, exacerbée par les questions de la poursuite sur la prise de poids de l’accusé.

Luka Rocco Magnotta a en effet pris 70 livres depuis son arrestation à Berlin en 2012. Or, une ordonnance a interdit pendant plusieurs mois aux médias d’expliquer qu’il s’agissait de l’effet des médicaments sur l’accusé.

Lors du procès, la psychiatre traitante de Magnotta avait toutefois ajouté qu’il se réveillait la nuit pour manger.

La défense irritée par l’indifférence des jurés

Il arrive que les jurés croisent les avocats dans les couloirs du palais de justice. Et la défense aurait bien aimé se faire saluer lors de ces moments. «Aucun d’entre eux ne m’a salué poliment, ils m’évitent, s’est plaint Me Luc Leclair. Je trouve ça étrange. Est-ce qu’ils font pareil avec la Couronne? »

Le juge a alors fait de grands yeux à la défense, et il a stoppé net les doléances de l’avocat.
« Ce n’est pas une enquête pour savoir qui dit bonjour à qui, a-t-il dit. Parfois, vous ne vous attendez pas à ce que les gens soient gentils avec vous. Un procès pour meurtre n’est pas une réception de thé. Vous avez une tâche difficile dans laquelle vous devez galérer.»

Une jurée trop bavarde

Le juge avait dû se pencher sur le cas de la jurée numéro 6, qui avait parlé du procès à une amie lors d’une fête.
« J’ai parlé de mon état d’esprit, mais pas de la cause, avait-elle expliqué quand elle avait été convoquée devant le juge. J’ai dit que des éléments de preuve avaient été présentés de très près.»
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