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Le Canada : une cible pour les cabinets internationaux?

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L'équipe Droit-inc

2015-02-06 15:00:00

Le marché juridique mondial évolue considérablement et des géants s’imposent en déployant leurs tentacules. Quels sont les changements à venir et secteurs porteurs? Le point avec un spécialiste...

Joe Macrae est un britannique spécialiste en recrutement juridique international et fusions de cabinets d’avocats depuis 1988. Il est le fondateur de MLegal Group basée en Californie et possède des sociétés aux États-Unis, à Londres et à Hong Kong.

Il a récemment collaboré avec le cabinet américain Cooley LLP pour l’ouverture de leur bureau londonien qui dispose déjà de 40 avocats, un lancement qualifié par la presse londonnienne comme « la plus importante ouverture d’un bureau de l’histoire du marché juridique. »

Me Dominique Tadif, de ZSA, s’est entretenu avec M. Macrae qui nous dresse un état des lieux du marché juridique dans le monde.

Me Dominique Tardif : Comment qualifieriez-vous l’état du marché international des services juridiques ?

Joe Macrae : De toute ma carrière, jamais le marché international n’a été si fluide ou dynamique ! Les pressions concurrentielles sur les cabinets d’avocats sont importantes, et chacun répond différemment à ce défi. Dans notre secteur d’activités, le changement est une bonne chose; il crée des occasions et des différences entre cabinets et, par conséquent, du mouvement chez ceux qui comptent parmi les « meilleurs éléments ».

Le Canada intéresse-t-il les cabinets internationaux ?

Joe Macrae est un britannique spécialiste en recrutement juridique international et fusions de cabinets d’avocats depuis 1988.
Joe Macrae est un britannique spécialiste en recrutement juridique international et fusions de cabinets d’avocats depuis 1988.
Nous discutons chaque année avec nos clients – des cabinets anglais et américains – de leurs projets d’expansion internationale et de la façon dont ils pourraient bénéficier d’une entrée sur le marché juridique canadien. La majeure partie des cabinets intéressés se spécialisent en exploitation pétrolière et gazière, énergétique et minière. Il est trop tôt pour le confirmer, mais il est possible que la baisse du prix du pétrole et de la demande de matériel brut de la part de la Chine affectent les priorités d’expansion de ces cabinets au Canada.

Ceci étant dit, certains de nos clients internationaux prédisent un dénouement positif à cette période d’instabilité et conviennent qu’il n’y aura jamais de meilleur moment de s’imposer sur le marché à Calgary, comme certains cabinets n’en ressortiront forcément pas indemnes. Cette situation est évidemment susceptible d’attirer le talent. ZSA et Mlegal travaillent d’ailleurs actuellement à l’ouverture du bureau d’un cabinet international à Calgary cette en supposant que les bonnes personnes répondent à l’appel. Idéalement, celui-ci serait constitué d’une équipe de 15 à 20 avocats.

Quels sont les secteurs qui sont les plus porteurs dans le milieu juridique ?

Nous avons vu bon nombre d’importants secteurs naître et mourir. Il y a quelques années, particulièrement à Silicon Valley, on trouvait une multitude de spécialistes en « nanotech » et une vague d’intérêts pour les énergies renouvelables. Ces deux vagues sont rapidement passées, car les dépenses juridiques n’ont jamais égalé l’engouement pour ces nouveaux secteurs.

Quant aux secteurs actuellement en demande, les plus populaires sont d’abord ceux relatifs aux cols blancs et à la corruption. Depuis la crise économique, ce secteur a subi une importante croissance, aussi bien pour les cabinets américains qu’anglais. La demande a augmenté de manière exponentielle et reste très importante; les spécialistes de la Chine sont particulièrement recherchés.

Il y a aussi le domaine des transactions en ligne et sécurité des données. Il n’est pas étonnant que ce secteur ait évolué si rapidement; la croissance y est sans précédent et combine des spécialités juridiques longtemps traitées de manière distincte, comme la réglementation, les banques, la protection des données et la technologie. Nous sommes en ce moment témoins de la formation de groupes de travail combinant les aptitudes de spécialistes issus de tous ces secteurs, en plus de l’émergence d’avocats spécialisés dans ces secteurs

Quelle a été l’influence des cabinets américains sur le marché londonien ?

J’ai travaillé sur de gros dossiers impliquant d’importants mouvements d’avocats d’un cabinet à l’autre à Londres. J’ai d’ailleurs aidé le « premier associé à 1 million de dollars » à changer de cabinet. À l’époque : la nouvelle avait fait les manchettes dans le monde juridique et celui des affaires. Aujourd’hui, le marché a progressé et les grands associés gagnent jusqu’à dix millions de dollars

Lorsque les cabinets américains ont commencé à embaucher à Londres, il existait une myriade d’idées reçues et erronées sur les différences entre les cabinets américains et britanniques. Parmi elles, celles des attentes sur les heures facturables, de la mentalité ‘eat what you kill’ et des méthodes plus traditionnelles de rémunération à paliers (lock-step) ou de « propriété » / responsabilité du client.

Nous voyons aujourd’hui plus de convergence avec les modèles américains, comme l’indique l’adoption par les cabinets britanniques de modèles plus flexibles de rémunération pour leurs associés. Aujourd’hui, plus de 6000 avocats anglais travaillent d’ailleurs pour des cabinets américains à Londres.

Les grands bureaux internationaux sont-ils intéressés par le marché australien ?

Le marché juridique australien a subi d’innombrables transformations au cours des cinq dernières années. Il était auparavant dominé par une poignée de cabinets locaux, ensuite régionaux et par la suite nationaux, qui collaboraient étroitement avec leurs pairs américains et anglais.

Aujourd’hui, les cabinets Freehills et Blake Dawson ont respectivement fusionné avec les Anglais Herbert Smith et Ashurst. Squire Sanders K&L Gates et, bien entendu, DLA ont tous fait leur entrée sur le marché par le biais de collaborations stratégiques. Quant à lui, le second cabinet le plus rentable aux États-Unis, Quinn Emanuel, a déterminé que le marché était suffisamment intéressant pour ouvrir un bureau à Sydney.

Après avoir débuté comme avocat au cabinet Herbert Smith, Joe Macrae s’est tourné vers le secteur du recrutement juridique la fin des années 80, à Londres.

Il a fondé la société Zarak Macrae Brenner (« ZMB ») à Londres pendant les années 90, et l’a par la suite vendue à Hays en 2000. À la même période, il a rencontré Christopher Sweeney et a participé aux débuts de ZSA. Il a ensuite lancé Mlegal en 2001 en Californie, puis Macrae Roxburgh Appleby (« MRA ») en 2009 à Londres.

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