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Dominique Tardif

2015-02-11 14:15:00

Cette semaine, Me Dominique Tardif, de ZSA, s’entretient avec Me Sophie Morin, la directrice juridique de Nouvelle Autoroute 30...

1. Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocate plutôt que de choisir un autre métier ? Une évidence, le fruit d’un hasard ou une tradition familiale ?

Étant la seule personne de ma famille à avoir choisi le droit, il s’agit dans mon cas d’un hasard. Je me dirigeais vers la physiothérapie mais après mon premier cours de physique au cégep, j’ai bien vu que cela n’était pas pour moi !

J’ai alors consulté un orienteur, puis changé de programme pour compléter celui de technique juridique. Le droit a émergé rapidement comme une alternative intéressante pour moi, qui avais de bons résultats scolaires mais qui ne se dirigeais pas vers les sciences de la santé. Trois semaines après avoir débuté mon stage de techniques juridiques en grand bureau, j’ai compris que je voulais être avocate et me suis donc inscrite en droit à l’Université de Montréal.

2. Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière ?

Me Sophie Morin, directrice juridique de Nouvelle Autoroute 30
Me Sophie Morin, directrice juridique de Nouvelle Autoroute 30
Je l’ai vécu au moment où j’ai accepté, en 2009, de devenir la nouvelle directrice des affaires juridiques de Nouvelle Autoroute 30. Je partais d’un grand bureau qui comptait bien des « filets de sécurité » et des gens pour m’encadrer pour me retrouver seule responsable, sur le plan juridique, d’un projet d’un peu plus de 1.5 milliard de dollars…tout cela avec seulement quatre années de pratique ! J’étais leur première et unique ressource juridique à l’interne. Heureusement, je connaissais bien l’entente de partenariat et le projet, comme j’avais travaillé dessus alors que j’étais chez Gowlings.

Le projet était d’importance et j’en étais encore à mes premières armes et les gens avec lesquels je travaillais, pour la plupart des employés du domaine de la construction, ne comprenaient pas tous la nécessité d’avoir un avocat interne. Il fallait par ailleurs sensibiliser un consortium espagnol à la réalité du droit civil québécois, et acquérir toute la crédibilité voulue quand venait le moment de dire qu’on ne pouvait pas franchir telle ou telle limite. Je devais élargir mon champ de compétences, puisqu’il ne s’agissait plus seulement d’intervenir en droit des affaires : j’en ai notamment appris sur le droit administratif, le droit environnemental et les relations avec les municipalités, des domaines de droit qui étaient nouveaux pour moi.

3. Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit ?

Ayant connu tant le cabinet que l’entreprise, je changerais les tarifs des grands bureaux. Je crois que les avocats en entreprise recourraient davantage à l’expertise des grands cabinets s’il existait une manière de travailler à forfait ou, du moins, une manière de faire les choses de façon plus réaliste. Des contrats à forfait ou annuels pourraient par exemple être une solution, dans le but d’éviter que les gens ne se retiennent de prendre un recours ou de faire appel pour des questions de coûts aux services d’un avocat. Cela aurait aussi pour avantage d’améliorer la perception du droit en général.

4. La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique ? Et pourquoi, à votre avis ?

Je crois que la perception du public envers la profession est probablement égale à ce qu’elle était il y a 10 ans. Il est vrai, cependant, que la vision des gens est parfois un peu négative, surtout avant qu’ils n’aient eux-mêmes consulté un avocat : nous représentons alors pour eux la « profession des problèmes ». Les avocats sont parfois perçus comme ceux qui, devant les problèmes des autres, se « mettent de l’argent dans les poches ». Dans la réalité cependant, ils sont souvent ceux qui règlent les problèmes, et parfois même avant qu’ils n’arrivent. Au contact des avocats, je crois que la vision de plusieurs change positivement à cet égard.

5. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière et ayant le souhait de se retrouver, comme vous l’êtes, à la tête des affaires juridiques d’une entreprise ?

Il faut être dévoué et passionné par son travail et sa profession, ne pas compter les heures, toujours vouloir en apprendre davantage, se fixer des limites qui paraissent parfois inaccessibles et … les atteindre ! Tout cela, en restant respectueux de ses pairs et de ses confrères, bien évidemment. Il faut savoir reconnaître que les choses se font en équipe et que tous apportent une valeur ajoutée. Également, le fait d’avoir un mentor nous donne l’opportunité de travailler sur des dossiers d’intérêt. Pour le reste, il faut avoir la chance d’être à la bonne place au bon moment !


En vrac…

Le dernier bon livre qu’elle a lu : La Cathédrale de la mer (auteur : Ildefonso Falcones)
Le dernier bon film qu’elle a vu : Capitaine Phillips (réalisateur : Paul Greengrass)
Sa chanson fétiche : "From This Moment On" (Shania Twain)
Son expression ou diction préféré : « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?! » (dit avec ironie bien sûr!)
Son péché mignon : Le chocolat!
Son restaurant préféré : Le Club Chasse et Pêche (rue Saint-Claude)
Le pays qu’elle aimerait visiter : La Pologne
Le personnage historique qu’elle admire le plus : Eleanor Roosevelt, pour son rôle déterminant dans la création de l'Organisation des Nations unies et l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Elle a su donner un rôle actif à la Première dame des États-Unis.
Si elle n’était pas avocate, elle serait…probablement pharmacienne !


Me Sophie Morin agit depuis 2009 à titre de directrice juridique de Nouvelle Autoroute 30 dans le cadre de la réalisation du parachèvement en partenariat public-privé de l’Autoroute 30 estimé à plus de 1,5 milliard de dollars. Œuvrant à la fois pour le concessionnaire qui a conclu l’entente avec le gouvernement québécois et le constructeur chargé des travaux, elle gère sur tous les aspects légaux du projet, touchant notamment à la gestion de l’entente-cadre, au droit de la construction, au droit de l’environnement, aux relations de travail et à la santé et sécurité du travail, aux dossiers d’assurance ainsi qu’aux restructurations et aux apports de capitaux en lien avec Nouvelle Autoroute 30.

Elle assure également la relation juridique avec le MTQ, les municipalités visées et les autres tiers en plus de voir à l’élaboration, la révision et l’application des nombreux contrats de construction et des conventions de financement conclues avec plusieurs institutions financières agissant à titre de prêteurs. Elle est également responsable de la gestion des réclamations de construction et chapeaute et supervise les procédures de médiation et d’arbitrage pour des litiges d’importance.

Avant de se joindre à Nouvelle Autoroute 30, Me Morin pratiquait le droit chez Gowlings au sein du groupe Droit des affaires. Sa pratique était principalement axée sur les fusions et acquisitions et le droit commercial. Elle a agi dans le cadre de transactions complexes visant des partenariats public-privé, des acquisitions d’actifs et d’actions ainsi que des réorganisations corporatives pour le compte de clients provenant de l’Amérique du Nord et de l’Europe.

Ayant été admise au Barreau du Québec en 2005, Me Morin est diplômée en droit de l’Université de Montréal. De plus, elle a été finaliste de la catégorie Conseiller Juridique d’Avenir dans le cadre des Prix ZSA des conseillers juridiques du Québec en 2012 et 2014.

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