Entrevues

Un nouveau boss du litige chez BCF

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Emeline Magnier

2015-03-23 15:00:00

BCF compte un nouveau chef du secteur litige à la tête d’un groupe d’une soixantaine d’avocats. À Droit-inc, il parle de son parcours, des enjeux de la pratique et du positionnement du cabinet ...

Me André Ryan a été nommé chef du secteur litige de BCF au mois de janvier dernier
Me André Ryan a été nommé chef du secteur litige de BCF au mois de janvier dernier
Fort de ses 20 ans d’expérience, Me André Ryan a été nommé chef du secteur litige de BCF au mois de janvier dernier. Sur sa feuille de route, on retrouve des litiges de grandes envergures devant des tribunaux de droit commun et administratifs, ainsi que des représentations devant des commissions d'enquête.

L’avocat intervient aussi comme conseil auprès de différentes institutions et entreprises dans le cadre de leurs activités commerciales. Droit-inc est allé à sa rencontre.

Droit-inc : Parlez-nous un peu de votre parcours. Avez-vous toujours voulu être avocat ?

Me André Ryan : J'ai commencé par un baccalauréat en science politique et je me suis ensuite inscrit à la maîtrise. « Au cas où », je m'étais également inscrit au baccalauréat en droit et je n'en suis finalement jamais sorti. J'ai aussitôt su que je voulais être avocat et que j'exercerai en pratique privée. J'y ai trouvé le contact avec le milieu des affaires, et l'aspect relationnel était aussi très important pour moi : pour être avocat, il faut aimer la nature humaine.

J'ai débuté au cabinet Robinson Sheppard Shapiro avant de me joindre à BCF, en 1998, qui avait trois ans à l'époque. J'ai été séduit par le côté entrepreneurial du bureau ; chaque avocat est appelé à agir comme un entrepreneur dans la profession. Il faut toujours rechercher les possibilités de dépasser le conseil juridique, identifier les opportunités et les créer. Actuellement, ma pratique se répartit entre le litige, à 60%, et le conseil et droit commercial non transactionnel. Les deux activités sont complémentaires et se nourrissent l'une de l'autre.

Vous avez été nommé chef du secteur litige en janvier dernier; c'est une nouvelle responsabilité. Quels sont les enjeux de cette fonction ?

Après 17 ans de pratique au sein du cabinet, c'est arrivé assez naturellement et j'ai toutefois été très flatté. C'est un rôle de gestionnaire pour nos deux bureaux de Québec et le bureau Montréal qui regroupent 60 avocats en litige civil, commercial, fiscal et droit du travail. Nous sommes un gros groupe sur le marché québécois, et cela demande beaucoup de coordination notamment sur le plan de la formation, particulièrement avec l'arrivée imminente du Nouveau Code de procédure civile.

Il est important de toujours susciter l'intérêt des membres de l'équipe, leur participation et la bonne entente. Pour devenir un bon avocat, c'est un engagement à long terme qui requiert du temps et du travail. C'est tout un défi car aujourd'hui tout va vite, les forces du changement sont puissantes et les perspectives sont souvent à court terme; ce sont des challenges de l'entrepreneuriat.

Dans l'industrie des services juridiques, la concurrence est de plus en plus rude et les clients particulièrement attentifs à la facturation. Qualifieriez-vous le contexte dans lequel évoluent les avocats de "difficile" ?

Me André Ryan voit d'un bon oeil la concurrence qui est de plus en plus rude
Me André Ryan voit d'un bon oeil la concurrence qui est de plus en plus rude
Effectivement, le contexte est difficile mais je pense que c'est une bonne chose : pour la première fois, les avocats doivent se concurrencer comme le font les gens d'affaires. Les clients sont de plus en plus exigeants et informés, ils ont accès beaucoup plus facilement à l'information.

Le niveau de conseil doit donc être rehaussé et apporter une réelle plus-value. Quant à la révision des modèles de facturation, je pense qu'il était temps ! Les clients veulent en avoir pour leur argent : ils ne sont pas contre le fait que les avocats fassent des profits mais veulent que nous participions à leurs efforts, ce qui nous oblige à renforcer notre partenariat avec eux.

Au cours de votre carrière, vous êtes intervenus dans de nombreux dossiers importants et médiatisés. Lesquels vous ont le plus marqué ?

La commission Charbonneau a été l'actualité juridique la plus suivie de l'histoire moderne. J'ai représenté des parties dans toutes sortes de contextes et de positionnement, c'est une expertise unique et exportable et je serai prêt à le refaire n'importe quand. J'ai aussi participé à la conclusion de l'entente du Grand prix du Canada en représentant le Groupe Octane, promoteur de la course. C'est passionnant de se retrouver avec des acteurs qui influencent les activités socio-économiques et touristiques pour un événement qui a un impact majeur sur la Ville de Montréal.

Enfin, dans le cadre du recours collectif à la suite de la tragédie de Lac Mégantic, nous représentons une compagnie pétrolière dont le produit était transporté par le train qui a déraillé. Agir pour une entité étrangère devant les tribunaux québécois est toujours un défi. Dans ce cas, il ne fallait pas se perdre dans l'immensité de l'enjeu et se concentrer sur les faits et la réalité juridique du client.

Quel est le positionnement de BCF par rapport à la globalisation des marchés et de l'industrie des services juridiques ?

En octobre dernier, j'ai été nommé co-président du comité BCF international et tous les associés qui y siègent travaillent à la rédaction d'un ouvrage sur le modèle économique canadien et les possibilités d'affaires à destination des clients. Nous avons un emplacement unique entre les États-Unis et l'Europe et l'accord entre l'Union européenne et le Canada offre de belles possibilités.

Chez BCF, nous avons choisi de rester indépendants et nous devons affirmer notre positionnement dans le mid-market. Depuis 2012, j'assure la présidence de Méritas, un réseau international de cabinets d'avocats indépendants qui fait partie de notre stratégie internationale. Au sein de cette alliance, nous travaillons aussi à affirmer un positionnement agressif au sein du mid-market.

Vous nous parliez tantôt du Nouveau Code de procédure civile. Que pensez-vous des nouvelles dispositions ?

Je salue leur arrivée, j'espère qu'il y aura une multiplication des médiateurs accrédités; c'est un rattrapage de ce qui est déjà bien implanté dans les juridictions nord-américaines. Cela va prendre un certain temps avant qu'on puise observer des effets transformateurs : c'est un changement de culture et une partie des praticiens ont un certaine résistance à cette approche, il va falloir travailler fort.

J'espère aussi que le nouveau code permettra de réduire les délais et la longueur des procès. Nous ne devons pas oublier que nos juridictions sont en concurrence avec les juridictions étrangères. Elles doivent être attrayantes pour les justiciables. Au Québec, nous avons deux traditions juridiques et deux langues peuvent être utilisées devant la cour ce qui est un formidable outil de vente!
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