Prison pour avoir fraudé 690 000 $ à des avocats

« (Le crime) est lié à la cupidité d’une femme qui a eu l’opportunité criminelle d’agir », affirme sans ambages le criminologue qui avait examiné le cas de Monique Cénac afin d’aider le tribunal à déterminer la peine à lui imposer.

De 2009 à 2012, la comptable de 73 ans avait en effet inventé un ingénieux stratagème afin de détourner les fonds du bureau d’avocats Lette & Associés à Montréal.

Mme Cénac faisait des chèques d’un compte en fiducie du cabinet et les signait deux fois. Une des signatures était la sienne, l’autre était une imitation d’un autre signataire. Elle les encaissait et pour cacher la fraude, elle transférait des fonds provenant d’un autre compte en fiducie inutilisé.

« La fraude revêtait un caractère complexe et sophistiqué [...] qui exigeait de l’accusée un sang-froid extraordinaire », a récemment noté le juge Claude Leblond en envoyant l’accusée en prison pour deux ans moins un jour pour fraude.

En trois ans, elle a signé 260 chèques dont les montants variaient de 658 dollars à 2998 dollars.

« Il semble que les chèques étaient toujours en bas de 3000 dollars afin d’éviter d’éveiller les soupçons », a ajouté le magistrat.

Chaussures

Des 690 000 dollars volés, un peu moins de la moitié aurait été envoyé en Égypte, au frère de Mme Cénac. « Elle lui faisait parvenir 3000 dollars par mois. Elle a aussi payé les frais d’écoles pour le fils de celui-ci », a noté le juge.

Tout le reste de l’argent aurait toutefois servi à acheter des articles, « dont elle n’avait pas vraiment besoin » comme des chaussures, a retenu le magistrat.

« Acheter plein de choses lui procurait un sentiment de bien-être », a-t-il poursuivi.

Depuis son arrestation, la femme a toutefois exprimé des remords et elle s’est excusée auprès des avocats qu’elle a floués.

N’empêche qu’elle a caché à ses proches son dossier criminel « pour éviter de leur causer des soucis et préserver son image », indique un rapport sur l’accusée.

Choc

Les membres du cabinet floué ont été choqués lorsqu’ils ont découvert la fraude.

« Nous avons tous été très surpris pour ne pas dire abasourdi en constatant cela, a dit l’un d’eux lors des représentations sur la peine à imposer à Mme Cénac. Puis les sentiments de surprise, de colère ont évolué pour faire place au dégoût.»

Les deux associés du cabinet ont également subi un impact financier important, puisqu’ils ont dû eux-mêmes renflouer le compte fraudé par l’accusée.

En condamnant l’accusée à deux ans moins un jour d’incarcération, le juge a suivi la suggestion de Me Anne Dubé de la Couronne. Les avocats de Mme Cénac, Mes Yves Ménard et Jordan Trevick, proposaient quant à eux une peine à purger dans la collectivité.