L’ambition, nécessaire à une belle carrière?

Amélie est une jeune avocate qui pratique le droit commercial dans un cabinet montréalais.

Sophie Audet, coach d’affaires, l'assiste dans le développement de son leadership et répond aux questions qu’elle se pose quand elle est mise en difficulté dans le cadre de situations professionnelles.

A: Coach
De: Amélie
Sujet: Ambition ?
Date: 19 août 2015 – 10 : 33

Salut Coach,

J’espère que tu vas bien. De mon côté, je vais très bien. J’ai annoncé mon départ et je suis très satisfaite de la façon dont le tout a été reçu. Je termine mon emploi demain et débute ma nouvelle vie à la mi-septembre.

Lors de mon souper de départ, le Suisse a mentionné que j’étais ambitieuse et qu’il n’avait aucun doute que j’allais réussir à me tailler une place de choix chez Techno Fabrix.

Cette remarque m’a laissée très perplexe. Je ne m’étais jamais considérée comme ambitieuse. Bien qu’il soit important pour moi d’évoluer, y compris dans le cadre professionnel, j’ai toujours pensé que mon succès reposait sur la qualité de ma prestation. Par conséquent, j’ai toujours effectué mon travail avec motivation mais sans arrière-pensée.

À l’aube de cette nouvelle étape importante, je m’interroge sur les comportements à adopter pour réussir ma carrière. Est ce une bonne chose d’avoir de l’ambition ? Faut-il faire preuve d’habiletés politiques pour réussir ?

Ciao

Amélie

A : Amélie
De : Coach
Sujet: Ambition, méritocratie et habiletés politiques
Date: 19 août 2015 – 14 : 45

Bonjour Amélie,

L’ambition

Le Larousse définit l’ambition comme « un désir ardent de posséder quelque chose ou de parvenir à (faire) quelque chose ».

Dans le contexte de la carrière, ce désir se traduit généralement par la volonté d’avoir un impact, de laisser sa trace ou de faire une différence. Ainsi, l’ambition est l’étincelle qui donne l’élan nécessaire pour créer, inspirer, aider, innover, servir et se réaliser. Elle est donc une expression du besoin de réalisation de soi (1) et un outil indispensable au développement de notre société (2). A cet égard, je t’invite à écouter l’inspirant discours de Steve Job qui encourage à ne jamais abandonner la recherche de la passion qui catalysera notre ambition (3).

Le mythe de la méritocratie (4)

La plupart d’entre nous souhaitons faire une différence, que ce soit en occupant un poste de leadership ou en agissant tout simplement comme une force positive de changement. Les résultats ne sont cependant pas toujours au rendez-vous.

Qu’est ce qui fait obstacle ? L’entretien de certaines croyances sur la façon dont les organisations et le monde devraient fonctionner est ce qui nuit le plus au succès.

Le mythe le plus important est celui de la méritocratie. Cet idéal, entretient la croyance d’une société tout à fait rationnelle où les récompenses sont exclusivement accordées en fonction du mérite objectif de la tâche, ceci sans aucune autre considération.

Ainsi, les individus qui ont cette croyance sont convaincus qu’une performance brillante a le pouvoir magique de devenir visible et qu’une idée géniale a celui d’entraîner l’adhésion. Ils mettent alors tous leurs talents à produire de telles réalisations sans se soucier de les rendre visibles ou de les « vendre » aux autres. « Si je travaille fort et que je suis compétent, le reste va suivre », les entend-on souvent dire. Or, leurs efforts restent souvent stériles et sans impact sur les évènements.

Pour avoir de l’impact auprès d’une entreprise, un organisme gouvernemental ou un cabinet d’avocats, il ne suffit pas d’avoir de bonnes idées et d’effectuer nos tâches avec application. Il faut que nos bonnes idées deviennent des réalisations. Il faut également que la qualité de notre travail soit visible et qu’elle recueille l’appui et l’engagement des décideurs pertinents.

Comment y parvenir ? En se faisant connaître, en se faisant des alliés, en argumentant, en sachant convaincre et en suscitant l’engagement en vue du résultat que nous espérons. Bref : en faisant appel à nos habiletés politiques.

On comprend ici que les habiletés politiques sont non seulement utiles mais indispensables pour progresser dans une carrière (5). En effet, même si les décideurs favorisent généralement de promouvoir un professionnel en fonction de sa compétence, une condition préalable est nécessaire pour que cela puisse se produire: il faut que cette compétence soit visible, qu’elle soit reconnue et qu’elle soit associée à la bonne personne.

Or, dans le bouillonnement dans lequel nos organisations évoluent, un tel résultat ne peut être accompli sans que la personne concernée ait fait reconnaître le mérite de ses idées et de ses réalisations. C’est ainsi qu’elle sera reconnue comme compétente, qu’elle aura accès à des mandats de plus en plus complexes et intéressants et qu’elle pourra être promue.

Comment développer ses habiletés politiques ?

Les habiletés politiques sont des compétences qui peuvent être développées. Voici quelques pistes :

1) Bien lire et sentir la dynamique de pouvoir de l’organisation : Une lecture perspicace de la dynamique de pouvoir de l’organisation est la pierre angulaire des habiletés politiques. Qui contrôle ? Qui a le plus d’influence? Qui a recruté qui ? Qui est en concurrence avec qui ? Quels sont les liens informels qui peuvent affecter l’influence (amitié, liens familiaux etc.) ? Quels comportements sont valorisés ? Quels comportements sont inacceptables ?

2) Créer des alliances : Il est impossible d’avoir du succès dans une organisation en comptant uniquement sur ses propres moyens. Qui peut nous aider à faire valoir nos idées, nos réalisations ou notre candidature ? Comment pouvons-nous aider cette personne ? Comment pouvons-nous convaincre cette personne de nous supporter ?

3) Développer sa pensée stratégique pour faire arriver les choses : Il est important d’avoir une vision claire du résultat que nous espérons, de prévoir le déroulement du chemin à parcourir et d’identifier les menaces et les opportunités.

4) Écoute Active et Communication Consciente : Communiquer ses idées et ses arguments de la bonne façon et au bon moment peut souvent faire toute la différence. Pour être en mesure de bien gérer les résistances à nos projets, il est important de tenir compte des idées et des arguments des autres. L’écoute active, où on s’intéresse réellement au point de vue de l’autre, sans l’interrompre et sans être obsédé par le prochain point que nous voulons faire valoir est une compétence très puissante pour y parvenir.

5) Agir avec éthique et intégrité: On associe trop souvent l’ambition et les habiletés politiques à la tricherie, la tromperie ou à la recherche effrénée de pouvoir. Le traité de Machiavel a malheureusement laissé des traces. Or, on peut tout a fait être franc, authentique et direct tout en voulant faire une différence et en sachant faire preuve d'influence. C’est le fait d’exercer notre influence en respectant l'éthique, notre intégrité et le bien de l'organisation (et non a des fins personnelles uniquement) qui fait toute la différence.

A la lumière de ce qui précède, quels sont tes constats ?

Ton coach

A : Coach
De : Amélie
Sujet : Merci
Date: 20 août 2015 – 8 : 45

Allo Coach,

Merci pour ce feed-back. J’aimerais organiser une rencontre de coaching afin d’élaborer avec toi un plan me permettant de réussir mon intégration dans mes nouvelles fonctions. Ce sera une occasion en or de développer mes habiletés politiques.

Merci de me donner tes disponibilités.

A tantôt !

Amélie

Un coach professionnel est une personne bien placée pour vous aider à progresser dans votre carrière et à développer votre leadership ainsi que vos habiletés politiques.

Pour plus d’informations, consultez mon site web à www.sophieaudet.ca et suivez moi sur Facebook.

(1) Drive , Daniel H. Pink, 2009;
(2) The Transforming Leader, New Approches to Leadership for The Twenty-First Century, Carol S Pearson, 2012.
(3) “If you haven't found it yet, keep looking. Don't settle. As with all matters of the heart, you'll know when you find it. And, like any great relationship, it just gets better and better as the years roll on.” Pour l’intégralité de ce discours, voir : https:// https://www.youtube.com/watch?v=D1R-jKKp3NA
(4) Inspiré de l’article « Les habiletés politiques : sans elles, point de salut!, » Francine Giasson , professeur à l’École des Hautes Études Commerciales de Montréal, publié en novembre 1992 dans la revue Gestion.
(5) Talent is never enough, John C Maxwell, 2007