La semaine difficile de Tom Mulcair

Alors que les Conservateurs s'attendaient sans doute à poursuivre leur mauvais quart d'heure résultant des révélations en continu du procès Duffy, les dommages liés au témoignage de l’ancien chef de cabinet de Stephen Harper, Nigel Wright, ont été atténués par les multiples attaques visant les valeurs politiques de Tom Mulcair, qui ont fait couler beaucoup d’encre au courant des derniers jours.

Un sondage mené la semaine dernière a démontré que plus de 90% des personnes interrogées étaient au courant du procès Duffy et que plus du quart des répondants le suivaient attentivement.

Nous sommes encore bien loin de la Commission Gomery qui avait hanté les Libéraux pendant des années, mais les stratèges conservateurs doivent être inquiets de l'attention portée à ce procès, surtout depuis que l’on a appris que le chef de cabinet actuel de M. Harper, Ray Novak, savait que son prédécesseur, Nigel Wright, avait l'intention de rembourser la dette de M. Duffy en puisant à même ses finances personnelles.

Les Libéraux et Néo-démocrates ont répondu à ces révélations de manière différente sur le plan des relations publiques : Justin Trudeau a sommé le chef conservateur de congédier M. Novak immédiatement et de conserver tous les messages qu’il a échangés avec M. Wright pour les remettre à la GRC, alors que M. Mulcair a demandé à la population de congédier M. Harper lors du scrutin du mois d’octobre.

La bonne nouvelle de la semaine pour le parti de Stephen Harper a été le déclenchement d’une mini campagne‎ de salissage à l’endroit de Tom Mulcair. En invoquant des propos pro-Margaret Thatcher (ancienne première ministre conservatrice du Royaume-Uni) et anti-syndicats qu'auraient tenus le chef néo-démocrate alors qu'il était ministre provincial au Québec, certains adversaires du NPD tentent de dépeindre M. Mulcair comme un opportuniste aux valeurs politiques fluctuantes. On se souviendra que les négociations entre le Parti conservateur et M. Mulcair en 2007 afin que ce dernier devienne conseiller du premier ministre avaient aussi refait surface en tout début de campagne.

Du côté des Libéraux et du Bloc québécois, les chefs Justin Trudeau et Gilles Duceppe ont connu une semaine sans soubresaut, se contentant surtout de présenter quelques nouvelles politiques et d’effectuer diverses promesses électorales.

M. Trudeau s’est notamment engagé à négocier une nouvelle entente à long terme sur le financement des soins de santé avec les provinces ainsi qu’à former un « vrai partenariat » avec les provinces s’il est élu le 19 octobre prochain.

Pour sa part, M. Duceppe a réclamé que Bureau de la concurrence ouvre une enquête sur le prix de l’essence à la pompe et a interpellé Ottawa de cesser de s'opposer à la mise en place de sites d'injections supervisées sur l'île de Montréal.

Notons, par ailleurs, que le chef bloquiste a poursuivi sa tournée à vélo en Gaspésie avec le chef du Parti québécois et nouveau marié Pierre-Karl Péladeau. Gageons que le Bloc québécois espère profiter de la lune de miel des Québécois (et de Julie Snyder) avec le chef péquiste!

Chez les Verts, on connaît un début de campagne difficile. Vu les moyens financiers limités du parti, la perspective de mener une réelle campagne nationale devient de plus en plus improbable. Depuis notre dernière chronique, le soutien au parti d’Elizabeth May semble connaître une tendance négative, les sondages démontrant que le PVC aurait perdu un point de pourcentage sur les 5% détenus auparavant à travers le pays.

Bien qu'il ne s'agisse que d'un petit pourcent, il sera intéressant de voir si les difficultés du Parti Vert à s’imposer auprès de l’électorat progressiste profiteront davantage au NPD ou au PLC. Malgré tout, Elizabeth May semble en voie de conserver son propre siège dans la circonscription de Saanich-Gulf Islands en Colombie-Britannique.

Enfin, sur le plan individuel, deux nouvelles candidates ayant un lien avec Justin Trudeau ont volé la vedette cette semaine.

La première est la nouvelle adversaire néo-démocrate du chef libéral dans la circonscription de Papineau, la journaliste Anne Lagacé-Dowson. Mme Lagacé-Dowson avait tenté sa chance en politique fédérale dans le comté de Westmount-Ville-Marie en 2011, où elle avait été défaite par le libéral Marc Garneau. La nouvelle candidate néo-démocrate remplacera Béatrice Zako sur le bulletin de vote, cette dernière s’étant désistée de la course après qu’il eut été révélé qu’elle avait milité pendant trois mois pour le parti politique souverainiste Option nationale.

La deuxième candidate ayant fait les manchettes au Québec cette semaine est nulle autre que Mélanie Joly, qui a remporté l’investiture libérale dans la circonscription d’Ahuntsic-Cartierville. Mme Joly, qui est proche de la famille Trudeau et a notamment été directrice des communications au Québec pour la campagne au leadership de M. Trudeau, a finalement défait trois autres candidats à l’investiture après une chaude lutte qui a duré plusieurs mois.

Certaines sources ont rapporté que sur les 2065 partisans libéraux ayant exprimé leur droit de vote, seulement 200 voix auraient séparé Mme Joly et sa plus proche rivale, Grace Batchoun. Cette victoire de Mme Joly soulagera sans doute les stratèges libéraux, qui considèrent la nouvelle candidate officielle comme un grand atout à leur campagne québécoise.