Élections fédérales 2015

Une semaine à saveur économique

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Ryan Hillier

2015-09-01 11:00:00

Que s’est-il passé d’intéressant durant la quatrième semaine de la campagne électorale fédérale? L’avocat Ryan Hillier en dresse un petit résumé…

Me Ryan Hillier est avocat chez Blake, Cassels & Graydon et président sortant de la Jeune Chambre de commerce de Montréal
Me Ryan Hillier est avocat chez Blake, Cassels & Graydon et président sortant de la Jeune Chambre de commerce de Montréal
Alors qu’aux jours 21 à 28 d’une campagne traditionnelle les partis seraient normalement à déployer leur stratégie de « sortie de vote », cette année, la quatrième semaine de l’élection générale a surtout permis aux chefs des principaux partis d’affirmer leur vision économique pour le pays.

Réagissant aux mouvements des marchés mondiaux provoqués, notamment, par l’effondrement des titres chinois, la chute du dollar canadien sous les 75 cents US et la descente du prix du baril de pétrole sous la barre des 40 $, Stephen Harper, Tom Mulcair et Justin Trudeau n’ont quasiment pas eu d’autre choix que d’exposer et, évidemment, de vanter les mérites de leur plan économique respectif.

Du côté du premier ministre Harper, il s’agissait d’une occasion rêvée de mettre en contraste la stabilité relative de l’économie canadienne et les soubresauts des marchés mondiaux au courant des dernières années. Sans présenter de promesse électorale choc, M. Harper s'est contenté de répéter les expressions « saine gestion financière » et « croissance économique constante » à chaque fois qu’il a eu l’opportunité de parler du bilan économique conservateur. Le PCC garde le cap en maintenant que la prospérité de l'économie canadienne passe par des taxes et des impôts peu élevés.

Le chef conservateur en a également profité pour critiquer les approches préconisées par les principaux prétendants au pouvoir, soit le Nouveau Parti Démocratique et le Parti Libéral du Canada, ajoutant que ses adversaires veulent s'engager dans de grandes dépenses permanentes financées par des déficits et des impôts qui mèneraient le Canada sur la même route que les pays dont l'économie ne s'est pas redressée.

Depuis le début de l’élection générale, les Conservateurs insistent que « 80 % de l'économie canadienne est en croissance », une allégation fortement réfutée par les partis de l’opposition, notamment compte tenu du fait que le produit intérieur brut du pays a baissé de décembre à mai.

Les Libéraux ont été les premiers à affronter M. Harper cette semaine au sujet de son bilan économique, déployant une offensive médiatique assez importante sur le dossier des finances publiques.

Martelant le fait que l’économie canadienne a actuellement besoin d’investissements afin de créer de la croissance et d’ainsi contrer une récession, le chef du PLC a promis de faire passer l'investissement fédéral en infrastructures de 65 milliards à 125 milliards de dollars en 10 ans, et s’est engagé à mettre en place un certain nombre d’autres mesures à caractère économique.

Parallèlement à ces promesses, M. Trudeau a voulu jouer la carte de la transparence, reconnaissant que le Canada cumulerait un déficit fédéral de 10 milliards de dollars au cours des deux prochains exercices financiers, lequel se résorberait légèrement en 2018-2019, avant un retour à l’équilibre budgétaire prévu pour 2019-2020. Cette ligne de communications surprend; je me demande bien qui est le dernier leader politique à avoir à la fois « promis » une récession de trois ans et remporté une élection générale. À suivre...

Sur le plan des relations publiques, le PLC a fait appel à l’ancien premier ministre et ministre des Finances Paul Martin, pour défendre la promesse de M.Trudeau d'investir massivement dans les infrastructures, même au prix de déficits. Les Libéraux ont également annoncé leur « Équipe économique », formée de candidats à travers le pays ayant des parcours à caractère économique ou financier intéressants, une façon subtile de rappeler aux électeurs que M. Trudeau ne sera pas seul à gérer les finances du Canada s’il est élu.

Pour sa part, Tom Mulcair, dont le parti est en avance selon presque tous les sondages nationaux, a promis qu'un gouvernement NPD présenterait un budget équilibré coûte que coûte, peu importe la situation de l’économie. Or, pour y arriver, un gouvernement néodémocrate aurait à multiplier les compressions et renoncer à plusieurs de ses engagements électoraux déjà présentés.

Ce plus récent engagement d’atteindre l’équilibre budgétaire a provoqué une situation pour le moins humoristique lorsque M. Mulcair a fait l’objet d’attaques par ses principaux adversaires. D’un côté, Justin Trudeau soutenait que cette plus récente promesse du NPD entraînera les Canadiens dans l'austérité, alors que Stephen Harper prédisait une « avalanche d'augmentation de taxes et d'impôts » afin de financer les nombreux nouveaux programmes sociaux que les Néodémocrates se sont engagés à livrer. M. Mulcair est-il « austère » ou dépensier ? Les analystes ne s'entendront pas de sitôt!

Dans le contexte, il sera intéressant de comparer les cadres budgétaires respectifs des trois partis, qui devraient tous être déposés d’ici les prochains jours. En attendant, une chose est certaine : si la position économique adoptée par M. Harper est à l’image de la vision qu’il a pour le pays depuis qu’il est au pouvoir, personne ne pouvait s’attendre à voir Justin Trudeau se positionner encore plus à gauche économiquement que les néo-démocrates.

Autres faits saillants

Bien que ce soit l'économie qui ait fait couler le plus d'encre cette semaine, la campagne a été marqué par d'autre événements intéressants à travers le pays. Voici quelques faits saillants, en rafale :

● Un scientifique d’Environnement Canada a été suspendu après avoir écrit (et interprété dans une vidéo distribuée sur YouTube) la chanson Harperman. Son département soutient qu’il a essentiellement enfreint son code éthique et ses valeurs.
● Stephen Harper a fait campagne dans la région de Québec pour la deuxième fois depuis le déclenchement des élections. Le PCC y voit à la fois des sièges que les Conservateurs doivent absolument garder et certains pour lesquels ils pourraient envisager des gains.

● Tom Mulcair a affirmé son souhait de voir le retour d’une équipe professionnelle de baseball à Montréal. Il estime cependant que l’argent public ne doit pas servir à financer ce projet.

● Le NPD est le champion de la représentativité féminine au Québec. Parmi leurs candidats, les Néodémocrates ont atteint la quasi parité hommes-femmes avec une représentation féminine de l’ordre de 47,4 pour cent au Québec.

● Justin Trudeau a profité de la rentrée scolaire pour annoncer sa promesse d’un crédit d'impôt de 15 % pour les enseignants et éducateurs en garderie qui achètent des fournitures scolaires avec leur propre argent.

● Une candidate défaite à l’investiture libérale dans Ahuntsic-Cartierville, Grace Batchoun, conteste la victoire de Mélanie Joly, mettant de l'avant l'existence de 285 votes comptabilisés dont le dévoilement est « inexplicable ».

● Le Parti vert du Canada a annoncé une série de promesses en matière de logement social et abordable, destinés surtout aux aînés, aux Premières Nations et aux itinérants chroniques.

● Le Bloc Québécois a connu une semaine difficile du côté de deux de ses candidates. La première, dans Avignon-La Mitis-Matane-Matapédia, a du se défendre de ne pas être une magicienne vaudou en raison d'une annonce qu'elle a publiée dans un salon de «l’ésotérisme et du paranormal» à Rivière-du-Loup. La deuxième candidate, celle-ci se présentant dans Mégantic-L’Érable, s’est trouvée dans l’embarras en raison de sa réponse « mon cell, un pénis, ben des chips » (déterrée par Infoman) à un internaute qui lui demandait, l’an dernier, sur le site ask.fm : «Si jamais quelqu'un nuke le monde, kess tu ramasse pour survivre? (3 objets).»

Le soutien aux vétérans semble se dessiner comme un cheval de bataille pour les trois partis qui se disputent le premier rang dans les sondages. Nous en traiterons davantage la semaine prochaine!

Ryan Hillier est avocat chez Blake, Cassels & Graydon et président sortant de la Jeune Chambre de commerce de Montréal. Depuis ses premiers pas en politique en 2007, il a notamment été membre du Comité aviseur pour le Québec de l’ancien chef du Parti libéral du Canada, Michael Ignatieff, et l’un des membres fondateurs de la Coalition Avenir Québec, où il a conseillé le chef du parti, François Legault, au sujet des dossiers jeunesse.

Vous pouvez lui adresser vos questions et messages sur Twitter à @ryanhillier ou par courriel à campagnedemaitre@gmail.com
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