Entrevues

Tendances juridiques : que vous réserve 2016?

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Céline Gobert

2016-01-20 15:00:00

Quid des tendances du marché juridique en matière de recrutement, d’embauches et de domaines de pratique? Droit-inc vous dresse un aperçu ...

Me Dominique Tardif, présidente de la firme de recrutement ZSA
Me Dominique Tardif, présidente de la firme de recrutement ZSA
L’année 2016 commence sur les chapeaux de roue pour Me Dominique Tardif, présidente de la firme de recrutement ZSA. « Nous avons beaucoup plus de demandes de la part des cabinets et entreprises que d’habitude pour un début janvier, explique-t-elle à Droit-inc. C’est peut-être de bon augure! »

Même son de cloche du côté de Me Caroline Haney de Haney recrutement juridique qui constate une recrudescence des cabinets en recherche d’avocats de trois à cinq ans d’expérience en droit transactionnel et droit des affaires.

Comme toujours, le marché de l’emploi juridique sera lié de très près à la situation économique du Québec. De façon générale, les grands cabinets auront davantage tendance à consolider qu’à augmenter leurs effectifs, selon Me Tardif.

La tendance de la globalisation ? « Après Norton Rose Fulbright, Dentons et Gowlings, je ne serais pas surprise que d’autres fassent la même chose. »

Pour Me Haney, on pourrait voir davantage de cabinets fusionner à l’avenir, dans un marché qui fait face à une très forte compétition. « On pourrait peut-être voir Lavery fusionner avec Lapointe Rosenstein ou encore Fasken avec Gowlings ! », lance-t-elle.

Tendances 2016 : « La tendance 2016 va être de trouver des honoraires qui font du sens, explique Me Haney à Droit-inc. Les clients vont mettre de plus en plus de pression aux cabinets pour des taux horaires raisonnables. »

Me Caroline Haney de Haney recrutement juridique
Me Caroline Haney de Haney recrutement juridique
Selon Me Tardif, la tendance est à la régionalisation du marché québécois, avec un bassin fertile de PME qui, contrairement aux grandes entreprises, n’ont pas toujours besoin d’un avocat à l’interne et cherchent des taux plus compétitifs chez les avocats des petits et moyens cabinets.

Enfin, pour Me Joëlle Boisvert, associée directrice chez Gowlings, qui lance cette année sa pratique internationale, le sujet tendance 2016 sera sans hésiter le nouveau Code de procédure civile. « Ce code apporte des changements importants au niveau de la philosophie sous-jacente au litige qui auront un impact non seulement sur les avocats en litige mais aussi sur ceux qui font du droit des affaires. »

Domaines porteurs : Pour Me Tardif, les domaines de pratique porteurs pourraient être les services financiers et bancaires, ou encore les valeurs mobilières, domaines pour lesquels il manque souvent de spécialistes, comme elle a pu l’observer dans ses fonctions. « On constate aussi un vacuum en droit du travail », affirme-t-elle, rejoignant ainsi l’avis de Me Haney.

Me Haney cite également le litige comme domaine qui recrute. Également, le secteur de l’immobilier qui manque de jeunes et attend une relève. De plus en plus de postes se présenteront en entreprises.

En outre, selon Me Tardif, alors que les entreprises chercheront à embaucher des généralistes à l’interne, dont les réflexes s’étendent à plusieurs domaines de droit, les grands cabinets, eux, pourraient chercher plus de spécialistes, d’avocats de niche.

Me Joëlle Boisvert, associée directrice chez Gowlings
Me Joëlle Boisvert, associée directrice chez Gowlings
Et les jeunes ? Ce sont les jeunes qui sauront faire preuve de polyvalence qui sauront se démarquer selon Me Boisvert. « Quand on est juriste, être polyvalent c’est avoir la capacité d’adapter le droit, qui peut être statique ou stoïque, à la réalité - et d’innover. »

Elle précise toutefois que le cabinet n’augmentera pas forcément les embauches de jeunes et recrute sa relève par l’entremise de ses stagiaires, formés selon les valeurs du cabinet. « Nous sommes dans un business de relationnel, tant à l’interne qu’avec les clients. Il est nécessaire de créer du lien. »

Sans changement véritable, Me Tardif ne voit pas quant à elle comment la situation difficile des jeunes avocats face au marché de l’emploi pourrait s’améliorer en 2016.

Même constat pour Me Caroline Larouche, présidente du Jeune Barreau de Montréal (JBM) pour qui « la situation n’est pas positive». « Cela risque de le rester sans changements profonds dans la culture et la façon de pratiquer le droit », explique-t-elle à Droit-inc, précisant que le rapport final du JBM sur cette même question sera disponible vers la mi-février et présentera un état complet de la situation.

Selon Me Larouche, les jeunes stagiaires et avocats se trouvent moins facilement un stage, reçoivent moins d’offres d’emploi et les conditions de ces emplois, incluant le salaire, sont plus « précaires ».

« Il y a peut-être une partie de la diminution des activités commerciales qui vient de la crise économique de 2008, mais principalement, le problème vient du fait que le citoyen ne veut plus payer pour les services tels qu’offerts actuellement par l’avocat », », ajoute Me Larouche.

Me Caroline Larouche, présidente du Jeune Barreau de Montréal
Me Caroline Larouche, présidente du Jeune Barreau de Montréal
Le salut en région ? Me Tardif constate une effervescence dans certaines régions du Québec, comme La Beauce qui est une région riche en PME. Elle constate également une expansion de certains cabinets sur la Rive-Sud et la Rive-Nord de Montréal.

« Sortez des grandes structures ! Allez en région ! On y trouve de belles pratiques généralistes ou en droit familial », conseille quant à elle Me Haney. Elle cite les villes de Sherbrooke et de Québec comme des terres d’opportunités, ainsi que la région de La Beauce.

« Certaines régions manquent effectivement d’avocats. Toutefois, le volume de dossiers potentiels est beaucoup plus faible et donc, le problème serait réglé en envoyant 3 ou 4 avocats », tempère Me Larouche.

Profil recherché : Pour Me Tardif, l’avocat recruté par les cabinets en 2016 n’est plus seulement qu’un talentueux « technicien du droit » mais fait preuve « d’aptitudes interpersonnelles » et sait « cultiver et développer la clientèle. » Globalisation oblige, celui que l’on recrute parle plusieurs langues et fait preuve d’une bonne compréhension du domaine des affaires.

Pour Me Haney, les cabinets cherchent des gens « engagés », et « allumés », qui donne un peu plus qu’un 9 à 5. « Les avocats doivent aussi posséder un très haut sens du service à la clientèle et un sens de l’entrepreneuriat. »

Pour l’associée directrice Me Boisvert, les cabinets recherchent des avocats qui sauront dans un contexte transactionnel, contractuel ou de résolutions de conflits, obtenir ce que le client veut, mais en étant capable d’emprunter des chemins alternatifs.

Me Larouche, quant à elle, conseille aux jeunes avocats de faire preuve de créativité et d’innovation en 2016. « Il faut encourager l’entrepreneuriat et ne pas en avoir peur ! Malheureusement, ce n’est pas sur les bancs d’école que nous apprenons à faire preuve de créativité, mais essayons quand même de sortir du moule ! »
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1 commentaire

  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 8 ans
    Emploi chez les jeunes avocats
    Rien de rassurant, une fois de plus, pour les jeunes avocats. Le marché du droit n'est plus un domaine d'avenir. J'en suis à mes derniers mois!

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