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Tétraplégique et heureux

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Agence Qmi

2016-02-08 13:15:00

Me Alexandre Poce, avocat tétraplégique, se réjouit du jugement record accordant 8 M$ à un adolescent devenu paralysé et il l’encourage à aller au bout de ses rêves…

Me Alexandre Poce, paralysé depuis un accident de hockey en 1987
Me Alexandre Poce, paralysé depuis un accident de hockey en 1987
Vivement touché par l’histoire du jeune hockeyeur Andrew Zaccardo, devenu tétraplégique après une mise en échec non réglementaire, Me Alexandre Poce, avocat lui-même paralysé depuis un accident de hockey en 1987 et que Droit-inc avait rencontré début 2015, lui lance un message d’espoir: il est possible d’être heureux malgré ce lourd handicap.

Que pensez-vous de la victoire juridique d’Andrew Zaccardo contre son adversaire Ludovic Gauvreau-Beaupré, qui l’a cloué à un fauteuil roulant pour le restant de ses jours?

C’est une belle victoire. Parce qu’un tel accident, ça coûte extrêmement cher. Cet argent ne lui redonnera pas l’usage de ses jambes et de ses bras, mais ça va l’aider.

Tout comme Andrew Zaccardo, vous aviez 16 ans lorsque vous êtes devenu tétraplégique en pratiquant votre sport préféré, le hockey. Vivant une telle épreuve à cet âge-là, aviez-vous l’impression que votre vie était terminée?

C’est un dur coup. Au début, les médecins me prédisaient que j’allais mourir d’ici quelques semaines ou que je passerais le restant de ma vie alité. Je m’étais donc donné l’objectif de récupérer dans l’année suivante. Ça a marché. Après, je me suis donné de petits défis à relever. Et j’ai réussi à mener une vie heureuse. Ça m’est arrivé de me décourager, mais j’ai vite réalisé qu’il ne faut pas se limiter. J’ai été content d’apprendre dans les médias qu’Andrew est maintenant rendu à l’université. Il doit poursuivre ses études, il doit rester positif et être confiant.

Contrairement à Andrew, votre accident n’a pas été causé par un autre hockeyeur. Malgré tout, que pensez-vous de la violence au hockey?

Dans mon cas, j’ai chuté sur la glace, puis j’ai foncé tête première dans la bande. Le hockey, comme d’autres sports, comporte des risques. Mais là, je me demande où on s’en va. Le sport devient violent, les joueurs sont de moins en moins respectueux. Ce n’est pas parce que les hockeyeurs ont de meilleurs équipements de protection qu’il faut jouer plus salaud. Je comprends que le but n’était pas de le blesser, mais il reste que les conséquences sont tragiques.

Devrait-on interdire les mises en échec au hockey?

Non! Mais il faudrait mieux les encadrer. Devrait-on les permettre seulement chez des joueurs plus vieux, en âge de comprendre les conséquences d’un coup salaud? Peut-être. Ce dont je suis certain, c’est qu’il faut sensibiliser. Les joueurs se sentent souvent invincibles. Je crois qu’il faudrait aussi plus d’implication de la Ligue nationale de hockey. Il ne faut pas oublier que ça reste un jeu. Je suis toujours un passionné du hockey, c’est un super beau sport.

Que pensez-vous du recours civil utilisé par Andrew et sa famille pour être dédommagé?

On est peut-être rendu là. On doit jouer le sport de façon raisonnable. Une mise en échec par en arrière, c’est un geste qui n’est pas correct, tout le monde le sait. Alors si une suspension n’est pas suffisante, il faut agir avant qu’il y ait un mort.

Quel est votre niveau d’autonomie depuis votre accident?

Je suis devenu tétraplégique, je peux bouger mes épaules et ma tête, mais pas mes bras. J’utilise donc un bâton buccal, qui me permet de tourner des pages, d’écrire à l’ordinateur ou de composer un numéro de téléphone. C’est comme mon bâton de hockey. Et comme lorsque je pratiquais le sport, ça m’arrive de le casser. J’en ai de rechange. Mais lorsque je suis seul, j’ai toujours un plan B, soit un autre accessoire qui fonctionne au souffle, au cas où mon bâton se brise ou tombe au sol.

Outre vos limitations physiques, avez-vous l’impression d’être libre de faire ce qui vous plaît?

Oui! Aujourd’hui, 29 ans après mon accident, plus rien ne m’arrête. J’exerce le droit dans un cabinet d’avocats, je suis conseiller municipal à Blainville, je donne des conférences. Mais c’est certain que ça demande plus d’organisation...

Qu’est-ce que vous trouvez le plus difficile?

C’est de dépendre des autres. Je suis capable de rester seul entre quatre et sept heures. Mais quelqu’un doit m’aider pour me lever, me coucher, pour manger également. Quand je sors, je dois être accompagné. C’est vraiment la pire des choses, d’avoir à dépendre des autres. Mais je n’ai pas le choix. On s’y fait, c’est devenu une routine.
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