Entrevues

Le grand retour de Stéphane Bédard

Main image

Céline Gobert

2016-04-27 15:00:00

Après avoir démissionné de son poste de député de Chicoutimi, l’ex-chef de l’opposition, chef intérimaire du PQ et leader parlementaire reprend sa pratique d’avocat… Entrevue.

Me Stéphane Bédard reprend sa pratique d'avocat
Me Stéphane Bédard reprend sa pratique d'avocat
Droit-inc: Vous avez démissionné il y a six mois de votre poste de député de Chicoutimi. Quelles réflexions vous ont poussé depuis à vouloir retourner à une pratique d’avocat?

Me Stéphane Bédard: Pendant toute la période où j’étais en politique, je suis resté en contact avec le droit. J’ai suivi la formation obligatoire, et au-delà de la stratégie parlementaire ou gouvernementale, j’étais le premier consulté sur des stratégies d’ordre plus juridiques. Retourner à la pratique du droit est donc pour moi un prolongement naturel du travail de conseiller que j’ai effectué durant ces années. J’y retourne avec beaucoup d’enthousiasme. À titre de président du Conseil du trésor du Québec, je trouvais des solutions à des problèmes, ça rejoint ce qu’on fait comme avocat. En tant que chef intérimaire du Parti québécois et chef de l'opposition, j’ai fait de la gestion de crise, de conflits, et des négociations. Parfois à l’intérieur même de notre parti. Je me souviens de l’élaboration de la Loi sur les mines avec Martine Ouellet. Ou encore de la Loi 1 sur l’intégrité en matière de contrats publics. On pratique le droit, mais d’une autre façon.

Pourquoi avoir choisi de rejoindre votre père, l’ancien député et ministre péquiste Me Marc-André Bédard et pas votre frère Me Éric Bédard, associé directeur chez Fasken à Montréal?

Ma famille est établie à Saguenay, je suis né ici. C’est mon territoire! Je n’exclus pas de prendre des mandats de l’extérieur. Le but était de rejoindre ma région, ma femme y est associée et courtière en valeurs mobilières. Ce qui m’a séduit? À part son nom (rires) ... le cabinet me donnait l’opportunité de faire valoir mes compétences. J’ai une grande confiance en l’équipe qui pratique dans des domaines que je peux venir soutenir, comme le droit du travail ou le litige. L’équipe a des valeurs qui me rejoignent. Et la relève y est formidable!

Que vous ont apporté vos années en politique et que vous allez aujourd’hui mettre au service de votre pratique de juriste?

Une vision plus large. Pour trouver une solution au problème d’un client, il faut bien comprendre ses besoins et son intérêt et ne pas s’enfermer dans une solution purement juridique. D’ailleurs, ça rejoint l’esprit du Nouveau Code de procédure civile. Aujourd’hui le client connaît les coûts d’un litige. Je mets en avant la prévention et la médiation, même si l’on me connaît comme quelqu’un qui intervenait beaucoup à l’Assemblée dans le cadre de débats! (rires) La médiation, comme les modes de tarification alternatifs, font partie des solutions du futur, la pratique doit évoluer dans cette voie. Mes plus belles années en politique sont les dernières, avec Pauline Marois, j’étais en charge du volet informatique du gouvernement ainsi que de l’administration, et ce dans une période de restriction budgétaire. C’était un grand défi et une opportunité formidable.

En tant que gestionnaire de crises, quel regard avez-vous porté sur la crise qui a secoué le Barreau durant l’Affaire Khuong?

(Silence) Disons que personne n’est sorti gagnant de cet exercice.

Quels sont vos objectifs aujourd’hui?

J’ai la volonté d’exercer en complémentarité avec l’équipe de Gauthier Bédard, de voir les opportunités à partir d’une région et d’agir à certains égards au niveau national. Je veux continuer à m’impliquer socialement et culturellement. L’avocat doit être un acteur social. Par exemple, je siège au Conseil d’administration au Festival Regard sur le court-métrage au Saguenay. Ce sont des choses qu’il faut faire. Dans un milieu compétitif, cela nous force à améliorer nos connaissances. Il faut assurer une présence plus large de l’avocat dans la société. C’est ce que je vais faire, sans la pression médiatique constante que j’avais quand j’étais conseiller. Aussi, il faut rester aux aguets face à la corruption.

La pression médiatique, c’est quelque chose qui vous a pesé?

Ce n’est pas ce que j’ai le plus aimé…. Les médias nous amènent parfois dans une direction où l’on se doit de réagir tout de suite, et les erreurs se payent vite en politique.

Reviendrez-vous un jour à la politique?

Non! Ça prend du renouvellement. J’étais le premier à prôner la limitation des mandats des premiers ministres et des maires, ça s’applique à nous aussi! Personne n’est indispensable, il faut savoir laisser la place. De plus, c’est tout un défi pour moi de retourner à la profession d’avocat et on ne peut pas le faire en se disant en parallèle qu’on va revenir à la politique. Une chose est certaine: le côté « électif » est terminé pour moi.

Vous n’avez pas peur de vous ennuyer?

Non, pas du tout. J’ai reçu beaucoup d’offres, d’approches, mais le droit était naturel. Il y a des défis grandioses dans la pratique, chaque conseil que l’on donne, chaque dossier, chaque problème nous donne la possibilité d’agir au niveau social et d’offrir de l’aide. Pour moi, il n’y a pas de petits dossiers, et je suis confiant dans le fait que j’aurais des mandats à la hauteur de mes attentes. Vous savez, leader du gouvernement, président du Conseil du trésor et avocat, ça se ressemble beaucoup! Je n’ai jamais été très loin de la pratique.

Et vous n’avez pas perdu votre passion!

Oh non! Au contraire! Mais je devais … me “décontaminer” de la politique.

Le 22 octobre 2015, Me Stéphane Bédard a annoncé à l'Assemblée nationale du Québec qu'il quittait son poste après 17 années de siège comme député péquiste de Chicoutimi.

Il a également été chef intérimaire du Parti québécois à la suite de la démission de Pauline Marois, et chef de l'opposition, jusqu'à l'élection de Pierre Karl Péladeau.

Dans le gouvernement de Pauline Marois, de 2012 à 2014, il a été président du Conseil du trésor du Québec, ministre responsable de l'Administration gouvernementale et leader parlementaire du gouvernement.
9913

Publier un nouveau commentaire

Annuler
Remarque

Votre commentaire doit être approuvé par un modérateur avant d’être affiché.

NETiquette sur les commentaires

Les commentaires sont les bienvenus sur le site. Ils sont validés par la Rédaction avant d’être publiés et exclus s’ils présentent un caractère injurieux, raciste ou diffamatoire. Si malgré cette politique de modération, un commentaire publié sur le site vous dérange, prenez immédiatement contact par courriel (info@droit-inc.com) avec la Rédaction. Si votre demande apparait légitime, le commentaire sera retiré sur le champ. Vous pouvez également utiliser l’espace dédié aux commentaires pour publier, dans les mêmes conditions de validation, un droit de réponse.

Bien à vous,

La Rédaction de Droit-inc.com

PLUS

Articles similaires