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S.O.S Avocats en détresse!

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Julien Vailles

2016-05-18 15:00:00

Vous êtes de plus en plus nombreux à faire des burn out, consulter des psys et essuyer des menaces physiques dans le cadre de votre travail. Que se passe-t-il donc dans la profession?

Nathalie Cadieux, professeure à l'Université de Sherbrooke
Nathalie Cadieux, professeure à l'Université de Sherbrooke
Les avocats du Québec sont anxieux dans des proportions alarmantes, révèle une étude de la professeure Nathalie Cadieux de l'Université de Sherbrooke.

En effet, les demandes d'assistance reçues par le Programme d'aide aux membres du Barreau du Québec (PAMBA), un service d'aide et de consultation notamment pour les problèmes de stress et d'épuisement professionnel (« burn out ») vécus par les avocats, ont en effet grimpé en flèche dans les dix dernières années, indique l'enquête Déterminants du stress et de la détresse psychologique chez les avocat(e)s membres du Barreau du Québec.

Selon Me Marie-Christine Kirouack, directrice générale du PAMBA, cette augmentation des demandes s'explique par la forte concentration d'avocats de moins de dix ans d'expérience (environ un tiers) et de femmes (plus de 50%) au sein du Barreau du Québec. Ceux-ci ont davantage tendance à faire appel aux services du programme que les autres.

Malgré tout, on dénote une augmentation généralisée des demandes d'aide, même chez les hommes et les avocats plus âgés. Et ce phénomène est en augmentation non seulement au Québec, mais dans tout le pays, assure Me Kirouack.

Fait à noter, de nombreux avocats ont fait l'objet de menaces de violence physique. « C'est comme si une barrière était tombée », relate Me Kirouack. Pour la première fois, c'est comme si c'était devenu acceptable d'appeler son avocat pour lui dire qu'on va lui "casser la gueule" », déplore-t-elle.

Comment expliquer ces chiffres?

Me Marie-Christine Kirouack, directrice générale du PAMBA
Me Marie-Christine Kirouack, directrice générale du PAMBA
Ce n'est un secret pour personne, les avocats travaillent beaucoup. La publication « Barreau-mètre » du Barreau, qui publie des statistiques sur la profession, note dans son édition 2015 que 55% des avocats travaillent plus de 40 heures par semaine.

Me Kirouack ajoute que la profession a beaucoup changé dans les dernières années. L'arrivée du Nouveau Code de procédure civile en janvier 2016, par exemple, est une importante source de stress.

Mais surtout, l'avènement des nouvelles technologies est le facteur le plus important; les avocats ont aujourd'hui des téléphones intelligents qui les suivent partout, ce qui n'était pas le cas il y a dix ans, remarque Me Kirouack.

Réaction du Barreau du Québec

Me Claudia P. Prémont, bâtonnière du Québec
Me Claudia P. Prémont, bâtonnière du Québec
Dans un communiqué du 12 mai 2016, le Barreau du Québec dit trouver ces résultats préoccupants. La bâtonnière du Québec actuelle, Me Claudia P. Prémont, laisse entendre que le Conseil d'administration du Barreau recommandera une hausse de la cotisation au PAMBA lors de sa prochaine Assemblée générale, le 2 juin prochain.

On s'interroge aussi sur le clivage entre les études et la réalité qui est parfois difficile à surmonter. Le Barreau repense ainsi la manière de présenter le stage de la formation professionnelle, notamment quant à sa durée, confie à Droit-inc Me Prémont. Le CA du Barreau a d'ailleurs adopté une résolution visant à promouvoir les stages rémunérés, ajoute-t-elle.

Rappelons qu'il n'existe présentement aucune obligation de rémunérer les stagiaires du Barreau, le stage étant obligatoire pour obtenir le titre d'avocat.

Des pistes de solutions

Me Claude Provencher, ancien Directeur-général du Barreau du Québec de 2010 à 2013
Me Claude Provencher, ancien Directeur-général du Barreau du Québec de 2010 à 2013
Sur sa page Facebook, l'ancien Directeur-général du Barreau du Québec de 2010 à 2013, Me Claude Provencher, réagit en invitant les avocats à faire appel à du coaching dans les moments de détresse. Mais « le secteur juridique est assez conservateur, et les avocats ont une grande réticence à se confier. Ils perçoivent cela comme un signe de faiblesse et préfèrent donc vivre cette situation seuls », déplore-t-il.

« Les patrons ont aussi leur part de responsabilité », croit-il. Selon lui, il est nécessaire d'appuyer ses avocats dans ce genre de situation et même de s'investir financièrement pour obtenir pour eux l'accompagnement requis.

Au Barreau, on suggère de revoir le mode tarifaire basé sur le modèle des heures facturables, grande source de stress, en établissant par exemple des nouveaux modèles de conventions d'honoraires.

Pour la suite des choses, le Barreau assure être bien conscient du problème et déploie le maximum d'outils pour y remédier, conclut la bâtonnière.
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