Opinions

«Ce droit qui menait à tout»: Le JBM répond!

Main image

Le Jeune Barreau De Montréal

2016-05-20 14:55:00

Le Jeune Barreau de Montréal (JBM) répond aux quatre étudiants qui l’accusaient de tomber dans «un simplisme inquiétant» en réclamant un contingentement…

Chers Emmanuelle, Philippe, Stéfanie et Alex,

De gauche à droite : Mes Juliette Yip, Extra Junior Laguerre, Caroline Larouche et Paul-Matthieu Grondin
De gauche à droite : Mes Juliette Yip, Extra Junior Laguerre, Caroline Larouche et Paul-Matthieu Grondin
Nous avons pris bonne note de votre lettre, « Ce droit qui menait à tout » et nous croyons important de continuer ce débat. L’un des objectifs de notre Rapport sur la situation sur l’emploi chez les jeunes avocats au Québec (le "Rapport") est justement de permettre les discussions et de soulever les réflexions.

C’est dans ce cadre que nous nous permettons de répondre à certaines des interrogations que vous soulevez dans votre lettre. Alors voici, sans ordre particulier :

1) Contingenter à l’entrée de l’École du Barreau : Vous prétendez qu’« Une des propositions centrales du JBM se résume à contingenter les admissions à l’École du Barreau ». Ce n’est pas le cas. Le Rapport ne suggère pas de contingenter à l’entrée de l’École du Barreau, bien au contraire.

Vous dites que « chaque étudiante et étudiant admis dans une faculté de droit québécoise se doit d’avoir sa place sur les bancs de l’École du Barreau ». Nous adhérons pleinement à cette vision et c’est essentiellement ce qui est écrit dans le Rapport. C’est à l’examen, donc à la sortie, que nous proposons de raisonner le contingentement. Et le contingentement, il existe déjà à la sortie de l’École du Barreau.

Nous vous référons par ailleurs à la page 8 du Rapport : « Par souci d’équité, nous vous recommandons que cette phase raisonnée du contingentement n’entre en vigueur que dans trois ans (...) ». Autrement dit, les étudiants inscrits présentement au Baccalauréat en droit et à l’École du Barreau ne seraient pas touchés par la recommandation proposée dans le Rapport. C’est une question d’équité.

2) Contingenter à l’entrée de l’université : Il est de notre avis que tous devraient avoir accès au Bac en droit. Nous vous référons à cette phrase, à la page 31 du Rapport : « Les facultés de droit considèrent que ce n’est pas leur rôle de réglementer le marché juridique. Nous abondons dans le même sens. » Nous croyons humblement que cette vision rejoint la vôtre, « (…) l’université doit être un lieu où l’on apprend aux auxiliaires de justice de demain à être critiques et non pas à bêtement appliquer la règle de droit sans la remettre en question ».

Nous allons d’ailleurs encore plus loin en proposant que les étudiants soient davantage encouragés à trouver des solutions innovantes aux problèmes juridiques. Nous souhaitons que le droit soit enseigné différemment, afin d’apprendre aux futurs juristes à faire preuve de créativité. Nous proposons également que des ajouts de formation en gestion puissent être utiles à tous. Et c’est vrai, non? Ces formations serviraient aussi aux futurs politiciens, entrepreneurs, notaires, etc.

Présentement, un avocat sur trois pratique dans un bureau de moins de dix avocats. Notre proposition concernant les formations en gestion permettrait aux futurs avocats d’être mieux adaptés pour faire face au marché, alors que le cursus actuel ne leur permet pas de pallier ces importantes lacunes.

3) Le rêve du cycle supérieur : Vous écrivez : « Il va donc sans dire qu’une portion des diplômées et diplômés ne se dirigera pas sur les bancs de l’École du Barreau. Ils rêvent plutôt de notariat, de cycles supérieurs, de journalisme, de science politique, d’entreprenariat et nous en passons. » Le fait est que vous avez entièrement raison… et nous sommes d’accord.

Très simplement, la proposition de contingenter à l’entrée de l’université que vous nous imputez n’est pas la nôtre. Il va sans dire que tous ceux qui se destinent aux carrières alternatives que vous mentionnez pourront continuer de le faire – et même, nous les y encourageons! – et ils pourront s’inscrire à l’École du Barreau selon les mêmes barèmes qu’on y trouve aujourd’hui.

4) Le simplisme de la solution : Vous nous le reprochez. Sachez que le contingentement existe déjà à l’entrée des Facs de droit, certaines n’acceptant qu’un étudiant sur 5 et les cotes R minimales d’admission augmentent d’année en année. Or, personne ne semble s’en formaliser. Devrions-nous accepter tous ceux qui veulent étudier en droit à l’étape du Bac?

Nous n’avons pas la réponse à cette question, mais nous croyons que ce n’est pas là votre argumentaire. Pourquoi alors dire que l’idée du contingentement à l'accès au Barreau est simpliste? Il faut aussi reconnaître qu’il y a déjà un contingentement de facto à la sortie de l’École du Barreau où, depuis 10 ans, 80% des étudiants réussissent. Nous n’avons pas vu récemment de levée de boucliers demandant à ce que ce taux soit revu à 100%.

Notre position est simplement de demander à ce que ce taux soit revu, d’année en année, afin de maintenir à 275 avocats par 100 000 habitants le nombre d’avocats au Québec. Ce n’est pas drastique, surtout si on comprend que le contingentement existe déjà. Vous comprendrez que nous ne pourrions être plus en désaccord avec les conclusions que vous tirez dans votre lettre, vos prémisses étant, nous vous le soumettons humblement, erronées.

D’ailleurs, la proposition numéro un de notre Rapport, qui est la plus importante et que vous passez sous silence, est celle d’INFORMER les étudiants le plus tôt possible sur leurs possibles carrières, qu’ils deviennent avocates et avocats, ou politiciens ou entrepreneurs.

Vous écrivez « Ce que le JBM nous propose aujourd’hui est une vision étroite et à court terme qui semble oublier les principaux concernés : la communauté étudiante ». Avec respect, c’est tout le contraire. La communauté étudiante est LA raison pour laquelle nous avons rédigé ce Rapport. Nous nous promenons partout, dans toutes les facultés pour informer les étudiants de la situation. Ils (et nous!) faisons partie de la solution. Ensemble, changeons notre système de droit pour qu’il soit plus juste, plus accessible.
12324

Publier un nouveau commentaire

Annuler
Remarque

Votre commentaire doit être approuvé par un modérateur avant d’être affiché.

NETiquette sur les commentaires

Les commentaires sont les bienvenus sur le site. Ils sont validés par la Rédaction avant d’être publiés et exclus s’ils présentent un caractère injurieux, raciste ou diffamatoire. Si malgré cette politique de modération, un commentaire publié sur le site vous dérange, prenez immédiatement contact par courriel (info@droit-inc.com) avec la Rédaction. Si votre demande apparait légitime, le commentaire sera retiré sur le champ. Vous pouvez également utiliser l’espace dédié aux commentaires pour publier, dans les mêmes conditions de validation, un droit de réponse.

Bien à vous,

La Rédaction de Droit-inc.com

PLUS

Articles similaires