Laflèche

J’adore Rome! Prise 1

Main image

Isabelle Laflèche

2016-05-20 14:15:00

Vous vous souvenez de Catherine Lambert, cette jeune avocate d’un grand cabinet new-yorkais née de l’imagination de la romancière Isabelle Laflèche? Eh bien là voilà de retour, cette-fois à Rome! Extraits choisis...

Isabelle Laflèche a travaillé pendant dix ans comme avocate à Montréal, Toronto et New York
Isabelle Laflèche a travaillé pendant dix ans comme avocate à Montréal, Toronto et New York
''Catherine Lambert n’a pas un moment de répit. Alors que la jeune avocate croyait se rendre dans la capitale italienne pour un week-end en amoureux, elle se retrouve plutôt mêlée à une nouvelle affaire de contrefaçon qu’elle devra dénouer pour le compte de Dior avec l’aide de son indéfectible allié, Rikash : entrepreneurs sans vergogne, pasta succulentes, ateliers clandestins et bellâtres louches seront au rendez-vous !''

''Heureusement qu’elle peut compter sur ses lunettes porte-bonheur - et un certain architecte au charme ravageur - pour la protéger…''

CHAPITRE 1

Que dirais-tu d’une escapade romantique, ma chérie ? »

Assis en face de moi aux Deux Magots, l’un de mes repaires préférés sur la Rive gauche, Antoine me tire de ma lecture.

Bien calée dans une chaise donnant sur le boulevard Saint-Germain, je lis l’édition week-end du magazine Madame Figaro. Flâner ici le dimanche avec mon chéri fait partie de notre rituel hebdomadaire, et cela nous change joliment de notre routine chargée du reste de la semaine. Délaissant la tarte Tatin que je grignotais lentement, je lève les yeux et tends la main à Antoine. Par jeu, il fait tourner ma bague Oui de chez Dior, son cadeau-surprise offert à mon retour en France.

« Ça me paraît divin, mon amour. Qu’as-tu en tête ? »

« Rome. » Il soulève ses verres fumés Ray-Ban et me fait un clin d’œil.

Je me redresse immédiatement, me rappelant une citation d’Iris Apfel, icône du chic si chère à mon cœur : « À mon avis, les Italiens ont beaucoup plus de style que les Français... L’Italie est un endroit très sexy. » Une escapade dans un pays sensuel et coloré, voilà exactement ce qu’il faut à mon âme et à notre couple.

Notre relation a récemment traversé des turbulences alors que je menais une enquête sur la contrefaçon dans laquelle je me suis beaucoup investie, au point d’y risquer ma peau. Sortir de la ville pour un week-end nous ferait du bien à tous les deux. Antoine est imbattable lorsqu’il s’agit de choisir les endroits les plus idylliques ; je suis encore émue de sa dernière attention : après ma première semaine chez Dior, il a organisé un week-end en Normandie, pour que je puisse visiter la maison d’enfance du designer à Granville. Je rougis rien qu’à y repenser... et à me remémorer les petits plaisirs que nous y avons partagés.

« Des collègues du bureau ne tarissent pas d’éloges sur un nouvel hôtel tendance à Rome. Apparemment, il abrite une boîte de nuit branchée, et les chambres sont spectaculaires. J’ai vraiment envie de t’y emmener ! »

Saisie, je dépose mon magazine. Tendance? Boîte de nuit ? Ce n’est pas du tout le genre d’endroit pour lequel Antoine penche habituellement. En général, il préfère les hôtels boutiques décorés avec charme ou dotés d’une histoire riche. En fait, Antoine ne blaire pas les lieux tape-à-l’œil. C’est même un trait de sa personnalité qui me plaît parti- culièrement. Si l’un de nous deux est du genre à sortir en boîte, c’est plutôt moi, grâce à Rikash, mon assistant hype trendy qui adore les services de voiturier et le traitement VIP. Est-ce qu’Antoine serait en pleine crise de la quarantaine ? Si c’était le cas, il ne m’inviterait pas à l’accompagner, n’est-ce pas ? J’écarte donc cette possibilité.

À mon silence prolongé et à mon regard inquisiteur, il sent que je ne suis pas convaincue.

« Qu’est-ce qu’il y a, Catou ? Tu n’aimes pas Rome ? On peut aller ailleurs. »

J’adore Rome! Prise 1
J’adore Rome! Prise 1
Je vois qu’il est déçu et même un peu offensé. Je fixe mes souliers ; je me sens aussi vieille que les catacombes romaines d’avoir platement manqué d’enthousiasme devant son idée aussi spontanée que délicieuse. J’essaie rapidement de faire marche arrière.

« Non, ce n’est pas ça, j’adorerais aller à Rome ! Je suis étonnée de ton choix d’hôtel, c’est tout. D’habitude, on séjourne dans des endroits plus tranquilles. Et tu n’es pas du genre boîte de nuit ; à ce que je sache, tu détestes ça, non ? »

« Je me suis dit qu’on pourrait essayer quelque chose de différent, que ça nous ferait du bien. Et puis, tout le monde au bureau parle de cet hôtel. » Il replie son journal et prend une gorgée de vin rouge.

Même si j’avoue qu’un voyage en Italie pimenterait un peu notre vie, planifier un voyage sur la recommandation d’anciens collègues d’Edwards & White, le cabinet de droit commercial de New York où j’ai commencé ma carrière d’avocate et où j’ai rencontré Antoine, ce n’est pas ma tasse d’espresso. Mais ce serait dommage de se disputer pour une question aussi bête. Pour éviter un conflit, je respire à fond et tourne ma langue sept fois.

« Tu es si doué pour faire tes propres recherches ; as-tu vraiment besoin de te fier aux avis des autres ? J’ai toujours adoré ton flair. »

« On peut aller où tu voudras, ma chérie. »

Il me prend la main et m’embrasse les doigts. Je fonds sur place. Et je change d’idée : s’il veut aller en boîte, pour- quoi pas ? La dernière fois que j’ai vu Antoine se déhancher sur une piste de danse, c’était au mariage de mon amie Lisa, dans le Midi de la France, et une chose est certaine : il manque d’entraînement.

« Je suis désolée, mon ange. Tu as raison, ça nous fera le plus grand bien, allons-y ! Et ça me donnera l’occasion de jeter un œil aux dernières tendances italiennes. »

Je me penche au-dessus de la table pour voler un baiser à mon chéri.

« C’est génial ! On part quand ? »

Je suis particulièrement contente qu’il prenne congé de son travail. Dernièrement, Antoine a été débordé par une importante acquisition.

« J’appelle tout de suite l’agent de voyages du cabinet ; voyons si on peut réserver rapidement. »

Il se lève et se dirige vers le trottoir tout en composant un numéro sur son portable. Il garde une main dans la poche de son pantalon ; son allure de gamin BCBG attire les regards de quelques Parisiennes assises non loin. Après avoir croisé mon regard impérieux, elles retournent à leur citronnade.

Un moment plus tard, il revient avec un large sourire. Une fois assis, il dépose un baiser sur mon front et son téléphone sur la table.

« C’est réglé. On part vendredi pour trois jours. Juste toi, moi, du temps libre et tout le piquant de l’Italie. »

Il prend un air grivois qui me fait frissonner jusqu’au fond de mes baskets.

Je blottis ma joue contre la sienne. Une bouffée de son parfum Musc Ravageur enivre tous mes sens. Je commence à songer à mes bagages : mes dessous Chantal Thomass, un parfum français capiteux, et mon nouveau caraco Sabbia Rosa en soie couleur pistache. Antoine lit dans mes pensées.

« Ne te préoccupe pas trop de ce que tu vas apporter en Italie, ma chérie. La plupart du temps, nous profiterons du service aux chambres; je n’ai pas l’intention de sortir beaucoup. »

Il m’embrasse avec passion, et je me sens comme Anita Ekberg enlacée par Marcello Mastroianni dans La Dolce Vita.

En mon for intérieur, je soupire de soulagement en constatant que les sorties en boîte ne sont pas une priorité dans son programme. Nous allons nous permettre une autre sorte de plaisir. Et ça me convient parfaitement, grazie molte.

Après avoir partagé une assiette de macarons miniatures et de bouchées à la guimauve vert menthe, nous sortons sur le boulevard Saint-Germain et il m’enveloppe les épaules avec mon trenchcoat. Les cafés sont bondés de Parisiens engagés dans des discussions animées et d’enfants suppliant leurs parents de leur offrir des friandises. Des odeurs savoureuses de cuisine locale émanent des fenêtres de restaurants et d’appartements. Au lieu d’aller au métro le plus près, Antoine me guide vers la Seine.

Nous marchons main dans la main rue Bonaparte, puis nous longeons la Seine en direction de la cathédrale Notre-Dame. Nous arrivons au pont de l’Archevêché, un pont piétonnier très prisé. Plusieurs artistes y ont installé leurs toiles face à la cathédrale pour tirer profit de ce point de vue. Quelques couples prennent des photos, tandis que des groupes d’adolescents traînent en papotant. Nous nous arrêtons au milieu du pont pour admirer le magnifique panorama.

« Je ne m’en lasse jamais. C’est spectaculaire, non ? »

« Comme toi, ma chérie. »

Je l’embrasse passionnément, puis nous rentrons à la maison en déambulant main dans la main, riant joyeusement comme deux adolescents étourdis d’amour.

Paris a toujours eu la réputation d’être la ville la plus romantique du monde, comme en attestent les photographies de Doisneau, le Moulin Rouge, les Folies Bergère, son nombre incalculable de boutiques de lingerie fine, sans oublier ses courtisans notoires. À ce portrait se superpose notre propre réalité ; nos visites régulières au Musée de la vie romantique le week-end, un baiser inattendu, l’effluve enivrant du parfum d’Antoine, la chaleur de son torse sur ma peau, et nos visites impromptues à l’hôtel Amour. Et quand s’éteignent les lumières de notre appartement, rue du Bac, et qu’Antoine pose ses lèvres sur les miennes, je touche le ciel, comme la tour Eiffel.

© Québec Amérique, 2016

Pour gagner un exemplaire du roman J’adore Rome, rendez-vous sur la page Facebook de Droit-inc!

Isabelle Laflèche a travaillé pendant dix ans comme avocate à Montréal, Toronto et New York. Passionnée depuis toujours par la mode et inspirée par ses propres expériences, elle signait en 2010 son premier roman, J’adore New York, un succès de librairie traduit dans plusieurs pays. Après nous avoir fait découvrir l’envers du décor de l’univers scintillant de la haute couture avec J’adore Paris, l’auteure poursuit sa série enlevante avec ce nouveau tome, tourné cette fois vers les enjeux éthiques entourant la mode à bas prix.
7057

Publier un nouveau commentaire

Annuler
Remarque

Votre commentaire doit être approuvé par un modérateur avant d’être affiché.

NETiquette sur les commentaires

Les commentaires sont les bienvenus sur le site. Ils sont validés par la Rédaction avant d’être publiés et exclus s’ils présentent un caractère injurieux, raciste ou diffamatoire. Si malgré cette politique de modération, un commentaire publié sur le site vous dérange, prenez immédiatement contact par courriel (info@droit-inc.com) avec la Rédaction. Si votre demande apparait légitime, le commentaire sera retiré sur le champ. Vous pouvez également utiliser l’espace dédié aux commentaires pour publier, dans les mêmes conditions de validation, un droit de réponse.

Bien à vous,

La Rédaction de Droit-inc.com

PLUS

Articles similaires