Entrevues

Les femmes doivent se faire confiance

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Jean-francois Parent

2016-09-26 14:15:00

Mettre les gens sur la défensive, pour qu’ils soient plus sensibles aux femmes, n’est pas productif, selon cette associée. Il faut se faire confiance, conseille-t-elle aux femmes…

Me Marie Cossette, associée du cabinet Lavery
Me Marie Cossette, associée du cabinet Lavery
« Le droit reste fait pour les hommes, déclare d’emblée Me Marie Cossette, associée du cabinet Lavery. Une femme qui désire y faire carrière doit faire des choix, qui parfois la ralentissent, comme avoir des enfants ».

Rencontrée le 13 septembre dernier à Québec, lors du Colloque « Femmes en finance, femmes en action », elle confie que les choses changent néanmoins au sein des cabinets, surtout quand des associés qui ont la capacité d’être plus inclusifs facilitent l’accession aux échelons supérieurs de la profession.

Si être associée est devenu relativement facile par rapport aux écueils qui se dressaient sur le chemin des femmes des générations précédentes, c’est accéder au conseil de direction qui reste difficile, selon l’avocate.

Pour faire sa marque, Me Cossette a dû d’ailleurs se remettre en question. Il fût une époque où elle « brassait trop la cage » et a dû mettre de l’eau dans son vin. Mettre les gens sur la défensive, pour qu’ils soient plus sensibles aux femmes, n’était pas toujours productif.

Faire le deuil de la perfection

Être sensible au fait qu’une femme aura plus souvent qu’autrement à s’occuper des enfants est une chose. « Comme plaideuse, avoir un enfant est difficile, car un rendez-vous devant un juge ne peut être remis si l’on a un enfant malade à la maison. » Les horaires de la cour ne tiennent pas compte des impératifs ponctuels de la parentalité.

La pratique du droit étant ce qu’elle est, le domaine impose des choix aux femmes ambitieuses. « C’est un choix de carrière qui reste exigeant. » Par exemple, il faut faire le deuil de la perfection- les contraintes de la conciliation travail-famille font en sorte qu’on doit parfois passer outre le besoin, pour certaines, de passer des heures à perfectionner un argument.
« Et ce, tant que le modèle d’affaire des cabinets reste basé sur le nombre d’heures facturables », estime Marie Cossette.

Pour que les femmes puissent prendre davantage leur place, « la diversité dans le leadership est essentielle », et les cabinets qui pourront compter sur une certaine parité dans leur conseil de direction seront d’autant plus accessibles aux femmes.

Me Cossette est ainsi d’avis que, dans le monde actuel, un cabinet composé exclusivement d’hommes fera face à des enjeux que ses concurrents n’auront pas à gérer. Cela ne signifie pas l’imposition de quotas, ou de légiférer sur la parité dans les cabinets et dans les conseils. « Certaines femmes auront l’impression qu’on les choisit parce qu’elles sont femmes et non pas parce qu’elles sont compétentes. »

Sans parler de l’impression de favoritisme que cela peut engendrer. À cet égard Marie Cossette reste dubitative quant au besoin de se servir du droit pour faire avancer la cause des femmes. S’il peut être parfois nécessaire de porter une cause devant les tribunaux, elle pense qu’il y a encore beaucoup de chemin qui peut être fait avec le dialogue et une meilleure sensibilisation.

L’associée s’en remet ainsi à l’évolution des attitudes au sein des cabinets pour qu’ils soient davantage inclusifs des femmes. « Je crois qu’il est encore trop tôt pour dire que c’est le temps d’aller tester devant un tribunal l’applicabilité de notion de parité. Je crois qu’il faut encore laisser une chance à la culture d’entreprise de changer et de jouer son rôle. »

Me Marie Cossette a été admise au Barreau du Québec en 1991, elle s’est jointe au cabinet Lavery en 2011. Elle est associée et responsable du secteur Intégrité d’entreprise. Elle est également responsable du secteur droit administratif du bureau de Québec.

Me Cossette participe présentement au projet l’Effet A, une initiative visant à permettre aux femmes de carrière de cultiver leur ambition en bénéficiant du mentorat d’une leader.

La plaideuse fait également partie de la première cohorte à Québec de l’initiative lancée par la patronne de Sun Life pour le Québec Isabelle Hudon, l’an dernier. Initiative à laquelle ont participé, notamment, la PDG de Gaz Métro Sophie Brochu, et l’associée-directrice de Gowlings Montréal Joëlle Boisvert.
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