La Presse

Le vrai Maître du Loft

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Rene Lewandowski

2008-10-31 13:20:00

Le véritable Maître de l'émission de téléréalité Loft Story est démasqué! Lisez la suite pour le découvrir...

Plusieurs seront sceptiques et quelques-uns jaloux. C'est pourtant la pure vérité: j'ai rencontré le Maître du Loft. Oh, pas celui avec la grosse voix qui mène par le bout du nez la bande de jeunes adultes en mal de reconnaissance durant l'émission de téléréalité Loft Story 5, en ondes tous les jours sur TQS. Non, j'ai plutôt bavardé avec son «boss», le seul, l'unique, en fait, le vrai Maître du Loft.

Il s'appelle Éric F. Lemieux, il a 44 ans et il est avocat. Depuis que son client, le Groupe Télé-Vision a obtenu, en 2005, le contrat de produire l'émission (à partir de la deuxième saison), Me Lemieux est devenu l'avocat du Loft. Son nom figure en petits caractères à la fin du générique, mais son rôle dans l'émission, bien que caché et méconnu du grand public, est majeur.

«Je suis responsable de tous les aspects juridiques», explique-t-il, alors qu'il reçoit La Presse dans son bureau du quartier Notre-Dame-de-Grâce.

On l'imagine mal, mais une émission comme Loft Story exige beaucoup sur le plan juridique. D'abord, les contrats. Et ils sont nombreux. Éric Lemieux les conçoit et les rédige presque tous. Avec les fournisseurs, le réalisateur, le personnel, certains commanditaires, les lofteurs...

Il faut dire qu'il a l'habitude. Depuis 1990, cet ancien de Radio-Canada se spécialise en droit du divertissement. Il représente des producteurs, des maisons de disques - notamment Tandem Musique, de l'ex-président de l'ADISQ, Paul Dupont-Hébert - et même des artistes, comme Zachary Richard. Pour eux, il conçoit et négocie des contrats de droits de licence, des cessions de droits d'auteur, des contrats de distribution à l'étranger, etc. Ils sont peu au Québec dans ce créneau du droit, une vingtaine tout au plus, estime Me Lemieux.

À Loft Story, le gros de son travail concerne toutefois un tout autre aspect: la révision du contenu. Un rôle de surveillance, en quelque sorte, et un droit de vie ou de mort sur ce qui sera diffusé ou non. Ainsi, tous les matins vers 11h30, Éric Lemieux ou son collègue, le petit Maître Charles Gagnon - il se surnomme lui-même le «maîtrillon!» -, s'installe devant son ordinateur et télécharge d'un site FTP l'émission du jour. Il visionne l'épisode sur-le-champ et note tout ce qui pourrait être litigieux et qui selon lui devrait être retiré avant la diffusion en soirée.

«Je connais les punchs avant tout le monde!» dit, amusé, l'avocat, qui admet être devenu fan de l'émission.

Ce travail de policier des ondes est une exigence de l'assureur. L'assurance «erreurs et omissions» protège le producteur de potentielles poursuites en diffamation, en violation de droits d'auteur et de la vie privée et contre les recours en responsabilité civile liés au contenu.

Le policier des ondes

Éric Lemieux joue aussi le rôle de vérificateur. Pas comme un comptable mais comme un directeur d'élections. Car c'est lui qui a la responsabilité de vérifier les votes du ballottage hebdomadaire - dont les chiffres n'ont jamais été rendus publics. Lui et seulement quelques autres personnes ont accès à un site secret où sont compilés les votes téléphoniques, ceux par messagerie texte et par internet. Le dimanche soir, cinq minutes avant que l'animatrice Marie Plourde annonce le nom de l'évincé, il téléphone au producteur et lui confirme le verdict du Québec. «Dans le fond, je m'assure de la normalité du résultat», explique-t-il.

Dans son rôle de surveillant, le vrai Maître scrute à la loupe les faits et gestes des lofteurs. Mais que cherche-t-il vraiment? Plein de choses, que l'on pourrait diviser en trois catégories: les scènes osées (et oui, du sexe!), le niveau de langage, et les propos des lofteurs qui font référence à des gens hors du loft (par exemple, si un lofteur parle de quelqu'un de sa famille ou d'un ami, les propos doivent être analysés pour savoir si on peut les diffuser ou non).

Le vrai Maître fait un rapport sur chacune des émissions, qu'il remet tous les jours au producteur. Ce document, d'environ une page, contient toutes ses recommandations, qui se résument en gros à ce qui selon lui devrait être enlevé. Le lofteur Arcadio sacre à la 11e minute? C'est noté.

Éric Lemieux admet que son travail de policier est pas mal moins exigeant aujourd'hui qu'il y a trois ans. Car l'avocat a depuis préparé une feuille de consignes dans laquelle il a indiqué aux monteurs de l'émission les directives à suivre, c'est-à-dire ce qui devrait être automatiquement retiré avant que l'émission ne lui parvienne.

En 2005, lors de Loft Story 2, se rappelle l'avocat, les monteurs pouvaient laisser passer des trucs qu'il aurait été impensable de diffuser à heure de grande écoute. Une fois, il a même visionné une émission dans laquelle un des lofteurs, pour se moquer d'un des commanditaires, avait accroché une boîte de céréales à sa quéquette!

Et que s'est-il passé? «On a coupé la quéquette au montage», assure le Maître.

Ouf!
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4 commentaires

  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 15 ans
    bravo
    il va falloir livrer maintenant.

  2. Anonyme
    Anonyme
    il y a 15 ans
    Re : bravo
    > il va falloir livrer maintenant.

    excellent commentaire, tout a fait d'accord avec toi

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 15 ans
      Re : Re : bravo
      > > il va falloir livrer maintenant.
      >
      > excellent commentaire, tout a fait d'accord avec toi

      En effet, il y a un peu de vrai dans ce qu'il dit

  3. Anonyme
    Anonyme
    il y a 15 ans
    Me
    Avec un langage du genre, on dirait que ce sont les participants-même du Loft qui causent.

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