Nouvelles

La FPJQ exige la récusation de Bernard Amyot

Main image

Jean-francois Parent

2017-01-23 11:15:00

Les journalistes doutent de l'impartialité du procureur-chef de la commission sur la protection des sources journalistiques et réclament son départ...

Les journalistes doutent de l'impartialité de Me Bernard Amyot
Les journalistes doutent de l'impartialité de Me Bernard Amyot
Ayant maintes fois pris les journalistes à partie en des termes peu flatteurs dans des écrits divers, Bernard Amyot voit son impartialité remise en question.

Nommé procureur-chef de la Commission d'enquête sur la protection de la confidentialité des sources journalistiques, l'associé et l'un des fondateurs de LCM Avocats aurait un passé qui indispose les journalistes.

L’ex-président national de l’Association du Barreau canadien doit enquêter sur les pratiques policières relatives au traitement des sources journalistiques. Mais l'un des journalistes au centre d’une enquête policière qui a incité Québec à lancer cette commission, Patrick Lagacé, a déjà subi les foudres de Me Amyot, en des termes peu élogieux.

Dans une chronique publiée dans The Métropolitain en 2008, Bernard Amyot écrit : « Lagacé, qui n’est ni journaliste ni analyste, s’arroge tout de même le droit de faire la morale à tout le monde, sans toutefois qu’il daigne s’imposer à lui-même, d’une manière mesurée et rationnelle, la rigueur nécessaire au débat d’idées. Couvert de son titre de « chroniqueur » d’un important journal quotidien, Lagacé s’offre donc le loisir de livrer des jugements qui lui sont purement personnels », écrit Me Amyot.

Le président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, Stéphane Giroux, demande à Me Amyot de se récuser de son rôle de procureur-chef de la Commission, disant en substance que le doute quant à son impartialité est trop important.

« Il s'est mis dans une situation intenable. On ne peut pas faire confiance à quelqu'un qui s'est prononcé aussi fortement contre les journalistes, et contre Patrick Lagacé qui est au centre de la commission! » M. Giroux.

Le journaliste Patrick Lagacé se dit quant à lui inquiet à l'idée d'être interrogé par quelqu'un qui « a déliré sur mon cas et qui affiche une hostilité même pas cachée envers mon métier ».

Patrick Lagacé estime que les propos tenus par Me Amyot dans ses chroniques démontrent une intolérance envers à la liberté d'expression. « Lorsqu'il n'est pas d'accord avec les journalistes, ils sont indignes » de l'être, constate M. Lagacé.

Droit-inc a recensé quelques autres articles commis par Me Amyot où il s’en prend aux journalistes avec force épithètes. The Métropolitain se décrit comme un magazine web bilingue, fondé à Montréal en 2008. Me Amyot, libéral notoire qui a perdu l'investiture de ce parti dans Ville-Marie en 2014 aux mains de l'associé de Stikeman Elliott Marc Miller, y tient chronique depuis cette époque.

Dans quatre de ses six chroniques publiées sur The Métropolitain, il accuse les journalistes tantôt d’être des « complices complaisants d’une propagande partisane », tantôt d’être des chantres d’un « révisionnisme historique ». Il affirme également que le quotidien montréalais Le Devoir suit « la ligne de Duplessis ».

Au moment d’écrire ces lignes, Bernard Amyot n'avait pas encore répondu à nos demandes d’entrevue.

Du côté de la Commission, on n'a pas non plus retourné nos appels. La porte-parole Anne Dongois expliquait cependant au quotidien The Gazette la semaine dernière que la Commission répondrait aux doléances des journalistes cette semaine.

Bernard Amyot en quatre citations
  • « La « triste histoire » n’est pas tant l’hypocrisie des leaders séparatistes qui ne reculent jamais devant rien, on le sait, mais plutôt que la profession journalistique en soit devenue une complice aussi complaisante. En effet, dans leurs articles qui traitent des volontés sécessionnistes du Québec au Canada, l’immense majorité des journalistes canadiens, tant au Québec qu’ailleurs au pays, optent presqu’exclusivement pour le terme « souverainiste », sans guillemets, comme s'il s'agissait d'un vrai terme, acceptable autrement que par une abdication devant une propagande partisane », a-t-il écrit dans The Métropolitain en avril 2013.

  • « Les croyances à l’effet contraire et la démagogie perdurent depuis ce jour, si l’on se fie à la vaste couverture qui en a été faite depuis deux semaines dans les medias. Ainsi, par inconscience, insouciance ou irresponsabilité, les tenants du révisionnisme contribuent à banaliser la violence et ses conséquences dans une société démocratique », peut-on lire dans The Métropolitain de novembre 2010.

  • « Dire qu’on entend encore, dans Le Devoir par surcroît, la ligne de Duplessis, ce grand défenseur des droits et libertés, de la tour de Pise qui penche toujours du même bord… Désolant, surtout en 2009… », cette fois dans un texte de novembre 2009.

  • Me Amyot semble profiter de ses sorties publiques pour faire part de ses idées au sujet des médias. Dans nos pages, lorsqu’il s’en est pris au Barreau du Québec qui intervenait dans la grève étudiante de 2012 : « Moins de trente minutes après l'émission de votre communiqué de presse, vous êtes déjà la risée des médias qui se demandent par ailleurs, pour une fois avec raison, ou vous vous cachiez depuis trois mois... »
6723

4 commentaires

  1. Me Redoute
    Me Redoute
    il y a 7 ans
    Impartialité
    Pourquoi Est-ce que l'on dépense de l'argent des contribuables si c'est pour être jugé par un tribunal de république de bananes. Me Amyot n'est pas la bonne personne. Out. Ou boycott de cette enquête bidon.

  2. me
    Me semble que Lagacé a raison de se méfier...
    belle leçon que tout cela:les paroles s'envolent et les écrits restent. Certainement que Me Amyot ne pensait pas en écrivant dans un journal qu'on lui offrirait un jour un poste de procureur chef d'une commission.

    Bien voilà, l'offre est arrivée et il semble, je dis semble, que Me Amyot puisse avoir une opinion toute faite du travail des journalistes. Ça part mal....

  3. Anonyme
    Anonyme
    il y a 7 ans
    Attention
    Il faut faire la part des choses quand même. Il a écrit un article peu flatteur sur Lagacé en 2008. Lagacé, pour quiconque lit ses chroniques, prend souvent des libertés avec l'information objective. Ça ne rend pas Me Amyot inapte à agir comme procureur de la commission. Il n'est pas commissaire, quand même! Et il est un avocat compétent, qui sait faire la part des choses. Je ne crois absolument pas qu'il sera partisan de l'état policier qui se croit tout permis. Laissez le faire son travail.

    • me
      il faut que l'avocat soit tout à fait impartial?
      Extrait des règles de procédure de la Commission:


      Avocat de la Commission : avocat dont les services ont été retenus
      par la Commission et dont la responsabilité première consiste à
      représenter l’intérêt public lors de l’enquête sur les faits, notamment à
      s’assurer que toutes les questions ayant un rapport avec le mandat de
      la Commission et l’intérêt public seront portées à son attention.

Annuler
Remarque

Votre commentaire doit être approuvé par un modérateur avant d’être affiché.

NETiquette sur les commentaires

Les commentaires sont les bienvenus sur le site. Ils sont validés par la Rédaction avant d’être publiés et exclus s’ils présentent un caractère injurieux, raciste ou diffamatoire. Si malgré cette politique de modération, un commentaire publié sur le site vous dérange, prenez immédiatement contact par courriel (info@droit-inc.com) avec la Rédaction. Si votre demande apparait légitime, le commentaire sera retiré sur le champ. Vous pouvez également utiliser l’espace dédié aux commentaires pour publier, dans les mêmes conditions de validation, un droit de réponse.

Bien à vous,

La Rédaction de Droit-inc.com

PLUS

Articles similaires