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Juristes : négos de la dernière chance !

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Jean-francois Parent

2017-02-27 14:45:00

Pendant qu'il impose un retour au travail sous le bâillon, le ministre continue de négocier...

Me Jean-François de Rico, associé directeur de Langlois à Québec
Me Jean-François de Rico, associé directeur de Langlois à Québec
Les nombreuses semaines passées à négocier se termineront dans l'impasse, alors que Québec s'apprête à forcer le retour au travail de ses juristes.

LANEQ ne savait toujours pas si le projet de loi spéciale, déposé lundi en fin de journée, forcera seulement le retour au travail où s'il décrètera en plus les conditions de ce retour.

Dans l'immédiat, le conseil du Trésor a réuni d'urgence les négociateurs de LANEQ, 45 minutes avant le dépôt de la loi.

« Ça nous laisse perplexe, puisqu'il (le ministre responsable Pierre Moreau) a rejeté notre dernière offre quelques minutes à peine après l'avoir reçue », relate __François Desroches-Lapointe__, membre de l'exécutif de LANEQ.

Cela étant, Pierre Moreau a laissé savoir qu'il continuerait d'entendre la partie adverse jusqu'à l'adoption de la loi spéciale, prévue pour mardi pendant la journée.

La loi sera soumise au bâillon.
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Un échec__

Les nombreuses semaines passées à négocier se termineront dans l'impasse, alors que Québec s'apprête à forcer le retour au travail de ses juristes.

L'adoption d'une loi forçant le retour au travail des quelques 1100 avocats et notaires de l'État est rien moins qu'un constat d'échec de la négociation, estiment des observateurs.

« Ça m'apparaît regrettable que les parties en arrivent là. Une loi spéciale n'est jamais une bonne chose », estime Me Jean-François De Rico, associé directeur de Langlois à Québec.

Me De Rico était l'un des signataires d'une missive des cabinets privés enjoignant le premier ministre Couillard à mettre fin au conflit de travail, la semaine dernière.

« Je ne crois pas qu'une loi spéciale soit une bonne idée », croit pour sa part Me Normand Therrien, chef de la direction de Therrien Couture, également signataire de la lettre envoyée à Philippe Couillard.

Outre le constat d'échec d'une loi spéciale, qui démontre l’incapacité du régime de négociation, forcer le retour au travail ne fera rien pour relever le moral des troupes, ajoutent les deux juristes. Il y aura donc plusieurs employés mécontents qui seront de retour au travail dans les prochains jours.

La médiation rejetée

Normand Therrien, chef de la direction de Therrien Couture
Normand Therrien, chef de la direction de Therrien Couture
Tant le Barreau du Québec que la Chambre des notaires ont plaidé pour l'intervention d'un médiateur afin de dénouer l'impasse. Une idée rejetée par le président du Conseil du Trésor, Pierre Moreau. Selon ce dernier, l'intransigeance de LANEQ rendrait l'idée d'une médiation improbable.

Pierre Moreau se disait cependant ouvert à ce que des aménagements soient faits dans le cadre de son offre finale, déposée jeudi dernier.

« Cela laisse penser que les deux parties sont plus près d'une entente qu'on ne le croit », juge Me Marc Gravel, spécialiste des conflits de travail et associé chez Langlois, à Québec. Que le ministre Moreau dise vouloir continuer de négocier tout en invoquant une loi spéciale permet cette analyse.

« On dirait (que Pierre Moreau) leur laisse encore un peu de marge de manœuvre. Cela survient généralement quand les positions se rapprochent », croit Marc Gravel, qui représente souvent la partie patronale lors de différends.

« Sauver la face »

Me Marc Gravel, spécialiste des conflits de travail et associé chez Langlois
Me Marc Gravel, spécialiste des conflits de travail et associé chez Langlois
L'Assemblée nationale serait convoquée dès 17h lundi pour étudier un projet de loi forçant le retour au travail des juristes de l'État. Cela priverait donc les juristes de leur rapport de force, puisqu'ils négocieront privés de leur droit de grève. « Si le gouvernement, à tort ou à raison, a l'impression d'avoir tout fait, il peut se donner cette option », explique Me Gravel.

Cependant, il dit « oser croire » que les deux parties en arriveront à une entente qui permettra à tout le monde de sauver la face.

LANEQ a dit maintenir ses recours légaux engagés contre Québec, et entend continuer de négocier même sous la menace d'une loi spéciale.

Quant à savoir si Québec allait forcer également le règlement des négociations dans sa loi spéciale, le Conseil du Trésor n'a pas retourné nos appels répétés.

« Ce serait mauvais, puisqu'on voit mal comment les juristes seront satisfaits de reprendre le travail, croit Marc Gravel. Avec tous les délais judiciaires occasionnés par la grève, avoir des employés insatisfaits n'aidera en rien l'effort pour juguler la crise des délais. »
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2 commentaires

  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 7 ans
    Jamais une bonne idée
    Mais c'est parfois la seule qui reste lorsque rien n'avance. Ça fait quand même quatre mois! À défaut d'une situation parfaite. Qui sait, les règlements la veille d'un procès (ou d'une loi spéciale ici) ça arrive non!

  2. Avocat
    Avocat
    il y a 7 ans
    Loi speciale
    Le gouvernement vient encore de se tirer dans le pied. Ou les juristes negocient cid acceptent ce que le gouvernement propose ( ils appelent ca negocier ) ou bien ils auront une tres faible augmentation de salaire de la fonction publique. Wow. Tu prends ce que je t'offre ou je te coupr. Toute une nego!
    Quand est ce qu'on va foutre ces morons de l'Assemblee Nationale ? En plus leur loi incomplete sera facilement attaquable car elle contient des vices apparents....franchement. Plus mauvais que ca tu beles.

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