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Une employée de la faculté de droit de McGill congédiée abusivement ?

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Delphine Jung

2017-03-15 15:00:00

En arrêt de travail, une employée de la faculté de droit se fait montrer la porte en raison « d’activités incompatibles avec son état »...

Une employée de la faculté de droit de McGill congédiée abusivement ?
Une employée de la faculté de droit de McGill congédiée abusivement ?
Diagnostiquée pour des troubles de l’adaptation et de l’anxiété, cette employée de la faculté de droit de l’Université de McGill, Victoria Cheng, a été congédiée dans des circonstances pour le moins troublantes.

Cela faisait sept ans que la femme de 36 ans travaillait en tant qu’agente de communication à la faculté de droit. Le 16 janvier 2017, elle a reçu une lettre signée de Robert Leckey, le doyen de la faculté.

On peut y lire : « L’Université a conclu que vous avez mal représenté vos conditions médicales et que vous avez participé à des activités incompatibles avec votre état. Vous avez brisé la confiance nécessaire pour continuer de travailler avec l'université. Par conséquent, votre lien d’emploi avec l'université est rompu immédiatement ».

Estimant que son congédiement est abusif, Mme Cheng a déposé une plainte auprès de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail. La CSST affirme avoir déjà reçu des plaintes portée contre McGill sans pouvoir préciser les départements concernés.

Épuisement professionnel

Victoria Cheng a été congédiée dans des circonstances pour le moins troublantes.
Victoria Cheng a été congédiée dans des circonstances pour le moins troublantes.
L’affaire débute le 12 septembre 2016, lorsque Mme Cheng a été mise en arrêt de travail par sa médecin de famille, jusqu’à fin octobre. « J’ai cependant travaillé le 14, 15 et 16 septembre contre ma volonté, car mon superviseur insistait pour que je fournisse des informations liées à mon travail », explique l’ancienne employée.

Par ailleurs, l’Université a estimé que son certificat médical ne contenait aucun diagnostic et lui a demandé de lui en fournir un plus précis.

Ce que Mme Cheng a fait. Droit-inc s’est procuré ce nouveau document. Tamponné par la Clinique médicale du Sud-Ouest, il fait état de « troubles de l’adaptation », de « harcèlement au travail », de « stress » et « d’épuisement au travail ». Il conseille un retour progressif de l’employée.

Après cela, l’Université a demandé une contre-expertise et a convoqué Mme Cheng à un rendez-vous pour « un examen médical indépendant ». La lettre indiquait également que si elle ne s’y présentait pas, elle devrait payer une amende de 1000 $.

Deux avocats consultés dans ce dossier et qui ont tenu à garder l’anonymat expliquent que cette pratique est légale, bien que pas forcément appropriée dans le cadre de relations de travail déjà tendues.

Robert Leckey, doyen de la faculté de droit.
Robert Leckey, doyen de la faculté de droit.
« Je suis allée voir le docteur que me conseillait McGill. Il en est arrivé aux mêmes conclusions que ma médecin de famille », poursuit Victoria Cheng.

Droit-inc a pris connaissance de l’expertise psychiatrique remplie par ce médecin datée du 14 novembre 2016. On peut y lire qu’il « retient le diagnostic de trouble de l’adaptation » entre autres. Il estime d’ailleurs que « malgré une amélioration, il est trop tôt pour considérer un retour au travail ».

Son congé a été prolongé jusqu’au 9 janvier. Ce jour-là, l’Université a convoqué l’ancienne agente de communication pour qu’elle puisse s’exprimer sur des photos postées sur Instagram. « On m’a demandé pourquoi, alors que je souffrais d’anxiété, j’ai posté sur les réseaux sociaux des photos de mon séjour à Boston pour l’Action de Grâce et en Floride, lors d’une compétition sportive à laquelle je participais ».

Quatre jours plus tard, elle recevait sa lettre de renvoi.

Un avocat consulté se pose ces questions: Est-ce que les « activités » dont parle McGill dans son courrier font référence à ces deux voyages ? Qu’est-ce qui a permis à l’Université de dire qu’elles étaient incompatibles avec des troubles de l’adaptation? A-t-elle reçu l’avis d’un médecin pour arriver à cette conclusion? Le dossier disciplinaire de Mme Cheng est-il rempli d’autres affaires du genre ?

L’Université McGill n’a pas souhaité répondre à nos questions, expliquant que « les dossiers des employés sont confidentiels ».

Elle assure en tout cas qu’en sept ans, elle n’a jamais eu de problèmes disciplinaires et qu’elle n’a jamais été en congé maladie pour de tels troubles avant septembre 2016.

« Je ne comprends toujours pas comment cela est possible », dit Mme Cheng encore chamboulée. Elle assure par ailleurs que l’Université ne lui a pas encore payé les trois semaines de préavis auxquelles elle affirme avoir droit de par son statut d’employé permanent et son ancienneté.

Ironie du sort, en octobre 2014, le journal de l’Université McGill dressait son portrait en parlant d’elle comme quelqu’un « d’incroyablement gentil et très intelligent ». Elle était même en lice pour être couronnée « personne la plus intelligente du Canada » dans le cadre du programme « Canada’s smartest person » de la CBC.
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