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L’hyperactif des recours collectifs

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Delphine Jung

2017-03-21 15:41:00

Sur son bureau, 16 dossiers de recours collectif s’empilent. Dans sa ligne de mire, McDonald's, la SAAQ et maintenant, Québec et les victimes de l’A-13...

Me Joey Zukran est un « drogué » du droit
Me Joey Zukran est un « drogué » du droit
Me Joey Zukran est un « drogué » du droit. Il s’adonne corps et âme à sa profession d’avocat… pour l’argent un peu… pour l’amour du métier beaucoup.

Son bureau, dans l’arrondissement Côte-Saint-Luc, c’est sa première maison. On y trouve un canapé et une télé. Lorsqu’il n’est pas plongé dans des dossiers de recours collectif – ce qui est rare –, Me Joey Zukran se prend à peine un peu de temps pour regarder la série Suits ou écouter le chanteur pop-folk Ed Sheeran « pour se motiver ».

L’avocat a pourtant une bonne dose de motivation à revendre. Hyperactif, drogué au travail, boulimique du droit, appelez-le comme vous voudrez. Lui se considère avant tout comme un « passionné ».

Et quand on lui demande « mais comment est-ce que vous faites? », il répond en blaguant à moitié : « Je ne dors pas… ».

« Chaque cause que je prends, je la considère comme la meilleure, et je fonce », dit-il. Le recours collectif contre les publicités des jouets McDo, c’est lui. Celui de l’échangeur Turcot, c’est lui. Celui contre la Société de l’assurance automobile du Québec, c’est encore lui. Dernièrement, Marlene Berman, l’une des automobilistes pris dans la tempête sur l’autoroute 13, a fait appel à ses services. Aujourd’hui, déjà 200 personnes ont rempli le formulaire en ligne. Il est un peu l’avocat des veuves et des orphelins.

« Nous avons déposé un recours collectif contre le Procureur général du Québec et la Ville de Montréal. Nous demandons qu’un vrai plan d’urgence soit mis en place. Nous allons aussi demander des compensations financières, mais nous n’avons pas encore décidé d’un montant », explique-t-il, en répondant à un énième courriel. Quelques instants après, c’est son père qui l’appelle. Toujours pendu à son téléphone, Me Zukran n’a pas d’assistante.

Il a fondé son cabinet LPC Avocats inc en septembre 2016. Et contrairement à ce qu’on pourrait croire, il est seul.

Sa vocation pour le droit s’est manifesté chez lui très tôt. « Ça a toujours été mon rêve », dit ce Montréalais. Très vite, il savait aussi que c’est au service des consommateurs qu’il voulait être. « Car je suis l’un d’eux. J’ai juste un diplôme de droit en plus et je porte un costume ».

À 18 ans, il a acheté sa première voiture, mais a rapidement réalisé que le concessionnaire l’a arnaqué : « je ne me suis pas laissé faire, j’ai porté l’affaire en cours et j’ai gagné. Je n’aime pas la manière qu’ont les compagnies d’essayer de prendre avantage des consommateurs ».

Papa de trois enfants, il a décidé d’entamer ses études de droit à l’Université d’Ottawa. « Je faisais l’aller-retour tous les jours, en train », dit-il. La première année en poche, il a fait la deuxième et la troisième à McGill, puis a passé son Barreau en 2016.

« Je n’ai pas l’impression de travailler en fait. Ce serait hypocrite de dire que je ne le fais pas pour l’argent, mais je le fais surtout parce que j’aime mon travail », dit-il. Pour l’instant, l’avocat de 33 ans n’a pas un sous en caisse, puisqu’il n’a gagné aucune cause pour le moment. Ni perdu d'ailleurs. Il avance tous les frais de sa propre poche, en espérant un retour sur investissement.

En plus de l’argent, Me Zukran investit beaucoup de temps à chacune de ses causes: « je vais sur le terrain, je parle aux familles, je les écoute et je souligne leur courage, car il en faut pour s’exposer publiquement dans un recours collectif ».

Face aux grands cabinets, l’avocat n’est pas farouche. « Au contraire, ce sont souvent des gens qui aiment le débat juridique », dit-il, en prenant en main son téléphone. Il vient encore une fois de sonner. La journée sera longue...
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