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Pour ou contre l’épreuve finale du Barreau?

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Justine Gravel

2017-04-12 14:45:00

Une jeune bachelière en droit s’interroge: l’épreuve finale du Barreau est-elle efficace? Pourquoi ne pas s’inspirer de la maîtrise en notariat?

Justine Gravel est bachelière en droit de l’Université de Sherbrooke
Justine Gravel est bachelière en droit de l’Université de Sherbrooke
Les derniers mois ont été longs et éprouvants pour les futurs avocats. Ils se soumettront à l’épreuve finale du Barreau, les 1er et 3 mai prochains. Le blitz final est maintenant commencé et les étudiants devront patienter à la fin de l’examen pour recommencer à avoir un sommeil adéquat, retrouver leur vie sociale et diminuer leur consommation de caféine.

Bien que ceci résume essentiellement chaque fin de session d’un étudiant au baccalauréat en droit, la différence entre celle-ci et les précédentes est de taille: un seul examen, deux parties et neuf heures qui détermineront si oui ou non, il accomplira son désir de devenir avocat.

Stressant n’est-ce pas?

Attention, les étudiants sont toutefois bien outillés pour réussir cet examen à l’École du Barreau. Ils ont le choix de faire une session préparatoire de 4 ou 8 mois, où les professeurs approfondiront les notions de droit vues au baccalauréat. Ils soumettront les étudiants à des exercices pratiques, qui ne seront toutefois pas pris en considération dans la note finale. À la fin, l’étudiant exécutera l’examen final valant 80 points, qui le mènera à l’étape du stage s’il réussit, ou à recommencer tout le processus s’il échoue.

Il s’agit d’un mode évaluatif diamétralement opposé à celui imposé aux étudiants en notariat, qui doivent compléter une maîtrise s’étalant sur deux ans, incluant la période de temps allouée au stage. Pour chaque cours, l’étudiant est évalué sur des travaux pratiques et des examens théoriques.

Loin de moi l’idée de vouloir comparer des pommes avec des oranges, car le notaire et l’avocat exécutent des tâches distinctes. Toutefois, les deux professions font l’objet d’une formation académique identique pendant trois ans. Donc pourquoi leur imposer un parcours formatif et évaluatif essentiellement différent par la suite? Je ne crois pas nécessairement que l’un soit meilleur que l’autre et je n’ai d’ailleurs pas la crédibilité d’en juger, mais je considère que l’un peut apprendre de l’autre, en mettant plus d’emphase sur l’aspect pratique du métier.

D’ailleurs, je ne suis pas la seule à penser que le mode d’évaluation du Barreau peut être amélioré, vues les réponses d’étudiants et d’ex-étudiants en droit que j’ai récolté à propos de son utilité et son efficacité.

Il faut d’emblée noter que tous s’entendent sur le fait que l’examen final du Barreau, à lui seul, ne permet pas de déterminer la compétence d’un futur avocat. À cet effet, plusieurs lacunes ont été évoquées, notamment qu’il s’agit d’un événement isolé : « Il peut arriver que le jour de l’examen, une situation particulière fasse en sorte que l’étudiant ne soit pas en sa pleine capacité », explique Audrey Champoux, étudiante à l’Université Laval.

Me Anne Tétreault, jeune avocate, croit pour sa part que l’examen final ne se rapproche pas suffisamment de la pratique et que plusieurs notions évaluées à l’École du Barreau ne seront jamais utilisées sur le terrain : « Nous étudions en vue de passer un examen et non en vue de résoudre un problème, avoir gain de cause et faire acquitter un client », souligne-t-elle.

Dans ce même ordre d’idée, Jean-Michel Baril, présentement en train de compléter son stage du Barreau, pense que l’épreuve théorique devrait refléter davantage la pratique en permettant de compléter l’examen à livre ouvert. En effet, dans la vie de tous les jours, tous les outils sont à la disposition des juristes. Alors pourquoi les priver de ces dispositifs lors de l’épreuve finale?

Je dois cependant préciser que le but d’évoquer ces différentes lacunes n’est pas de dénigrer le mode d’évaluation du Barreau, qui, nous le savons tous, est le résultat d’un long travail de la part du Comité de formation professionnelle. L’objectif est plutôt de donner des pistes d’amélioration afin qu’il suive l’évolution de la société et du droit. Et qui de mieux pour le faire que la relève?

Justine Gravel est bachelière en droit de l’Université de Sherbrooke. Après avoir complété une session à la maîtrise en droit notarial, elle réoriente maintenant sa carrière vers le journalisme.
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