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Les cabinets à l’assaut de la nouvelle manne: les startups

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Delphine Jung

2017-05-24 11:15:00

Il y a entre 1 800 et 2 600 startups actives dans la métropole d’après un rapport de 2016. Un marché juteux pour les cabinets d’avocats...

Langlois, BCF, NOVAlex… Tous ces cabinets essayent de faire de l’œil aux dirigeants des jeunes pousses, possibles grands patrons de demain. Les entrepreneurs, de leur côté, semblent avoir compris qu’une assistance juridique était un plus pour eux.

Mais les coûts sont parfois prohibitifs. Plusieurs nouveaux entrepreneurs préfèrent se passer des services d’un avocat.

Hannah Palmer, cofondatrice de ¾ oz, une startup qui produit des cocktails, se souvient : « Lorsqu’on a lancé notre compagnie, on n’a pas fait vraiment appel à un avocat. On avait une amie fiscaliste, d’autres qui étaient juristes, on a aussi fait des recherches sur internet. Le volet juridique, on ne se rend pas compte que c’est important au début. Je pense que les gens ont peur de trop payer ».

Me Ryan Hiller, avocat et fondateur de NOVAlex
Me Ryan Hiller, avocat et fondateur de NOVAlex
Et ce frein, les cabinets l’ont bien cerné. « Au premier stade de leur croissance, les startups n’ont pas les moyens de se payer les services d’avocats spécialisés en démarrage d’entreprise. Pourtant, c’est à ce moment précis qu’ils ont le plus besoin de conseils juridiques de qualité », explique Me Ryan Hillier, avocat et fondateur de NOVAlex qui offre des services pro-bono pour les jeunes entreprises.

D’après Jean-Sébastien Noël, fondateur de La Ruche, une plateforme de financement participatif, le soutien juridique est essentiel : « sur le moment, ça coûte cher et beaucoup ne peuvent pas se le permettre, mais ça peut éviter de nombreux problèmes dans l’avenir et même sauver de l’argent ».


Tarifs préférentiels et parrainage

Dans son programme « Imagine » spécialement dédié aux startups, BCF propose des tarifs préférentiels : 20 heures de conseils juridiques gratuits et « des prix démocratisés, plus accessibles ». Le tout présenté comme un programme de parrainage d’entreprise « qui ont des rêves et des ambitions ».

Un peu comme Langlois, qui lance « Projet L-inc » : « On offre une tarification préférentielle aux entreprises en démarrage. En ce qui me concerne, mes honoraires sont à 30% de rabais », explique Me Simon Chénard, l’un des quatre avocats à avoir conçu ce projet.

La mise à disposition d’un carnet d’adresse est aussi offerte dans les deux programmes. « Le nom de projet symbolise cette volonté de créer un pont entre notre clientèle existante et les entrepreneurs », explique l’avocat de Langlois.


Une sélection rigoureuse

Me Marco Charpentier, associé directeur de BCF
Me Marco Charpentier, associé directeur de BCF
Mais n’entre pas dans les petits papiers de ces cabinets qui veut. « On mise sur les audacieux, les travailleurs, ceux qui vont respecter leurs promesses », explique Me Mario Charpentier, associé directeur de BCF.

Depuis le lancement du programme il y a deux mois environ, 40 startups ont été sélectionnées par BCF via les partenariats qu’il a développé sur son site internet, où les entrepreneurs intéressés peuvent postuler, ou encore via ses propres relations d’affaires.

Chez Langlois, les « candidats » peuvent entrer directement en relation avec les avocats qui gèrent Projet L-inc. « On organise une rencontre pour discuter et pour voir s’il y a du potentiel de part et d’autres », précise Me Chénard.

Les secteurs visés: technologies, dont intelligence artificielle et industrie du web, jeux vidéos ou encore design, pour BCF. L’innovation doit être au coeur des projets. « On privilégie aussi les startups avec un fort potentiel de croissance », ajoute l’avocat de Langlois.


Objectif: développer sa clientèle

Lorsque le partenariat est scellé, les avocats s’impliquent : incorporation, établissement d’une structure juridique, questions concernant la protection de la propriété intellectuelle, contrats de travail…

Pour les cabinets, l’investissement est humain et financier, du moins à court terme. Parce qu’à long terme, les remontées peuvent être très bénéfiques. « L’idée est évidemment que ces entreprises rejoignent notre bassin de clientèle », concède Me Chénard.

« C’est sûr qu’on est gagnant. Mais on se réserve aussi le droit de mettre un terme à notre collaboration si ça ne vaut pas la peine, si on sent que ce ne sera pas gagnant. Ce sera la partie la moins fun… », explique Me Charpentier.

Me Hillier a le même objectif, même si sa manière d’attirer les entrepreneurs est différente: « Nous faisons le pari qu’en investissant dans les entreprises à haut potentiel, au moment de leur lancement, nous créerons avec elles une relation à long terme, qui nous permettra de les accompagner tout au long de leur croissance ».

Cela dit, les cabinets gardent les pieds sur terre. Comme le dit Me Charpentier : «On devra aussi accepter que tous ne vont pas réussir... »
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