L’avocat des pédophiles

« Malheureusement, je vois des choses terribles au quotidien », dit Benjamin Wenzel, un avocat allemand de 39 ans, qui vit à Berlin. Il défend une clientèle bien particulière, et honnie sous tous les méridiens: les propriétaires de pédopornographie.

Le magazine Vice lui a demandé comment il faisait.

« Tout le monde a le droit d'être défendu par un avocat, et c'est pour cela que je dois mettre mes sentiments personnels de côté. En tant qu'avocat, mon travail tient au fait de préserver l'équité du système judiciaire. Ce n'est pas un job commun. »

Mais encore?

Me Wenzel croit qu’il fait oeuvre utile. Ses clients, qui ressemblent à tout un chacun et se fondent dans la société, dit-il, acceptent majoritairement, une fois le choc de leur arrestation passée, de suivre la thérapie qu’il leur recommande. « Je pense que je peux avoir un effet bénéfique sur mes clients. Par exemple, je leur conseille de suivre une thérapie pour vivre avec leur déviance. Je ne fais pas ça dans l'espoir de voir leur peine se faire écourter – le but de la thérapie est plutôt de réduire le risque de récidive. Je vois mon travail comme une contribution utile à la société. Jusque-là, aucun de mes clients n'a replongé.»


« La pédopornographie est toujours abominable »

Le côté sombre de son travail est de devoir visionner la preuve que la police détient contre ses clients. Et cela implique de regarder de la pédopornographie.

« La pédopornographie est toujours abominable – derrière chaque photo, il y a un enfant torturé. Tous ces prédateurs devraient le savoir. Mais cela fait partie de mon boulot. Malheureusement, je vois des choses terribles au quotidien. »

A-t-il déjà eu mauvaise conscience à l'idée de défendre des pédophiles ? « Non, jamais », a répondu Me Wenzel à Vice. « C'est mon travail en tant qu'avocat. Si un chirurgien ne peut pas voir du sang, c'est qu'il ou elle a fait un mauvais choix de carrière. Je garde toujours mes distances avec mes clients, nous ne sortons jamais d'un cadre professionnel. »

Évidemment, ce genre d'affaire reste toujours dans un coin de votre tête, dit-il.