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Menacé de mort, cet avocat ne sort plus sans son Glock 26

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Delphine Jung

2017-06-27 15:00:00

Après avoir reçu des menaces de mort, cet avocat qui défend des victimes d’actes terroristes islamistes a décidé de s’armer...

Philippe de Veulle
Philippe de Veulle
Me Philippe de Veulle, avocat au Barreau de Paris, défend depuis maintenant deux ans plusieurs victimes françaises de l’attentat du musée du Bardo en Tunisie, qui a eu lieu le 18 mars 2015. L’attaque avait fait 22 morts et 45 blessés.

L’avocat représente une femme décédée, sa fille, sa sœur, une amie, ainsi qu’une autre dame qui a perdu son mari dans l’attentat. Il défend également des victimes de l’attentat du Bataclan.

Dans le dossier du Bardo, il a dans sa ligne de mire l’État tunisien, l’État islamique allié à Al Qaïda ainsi que l’État français.

Il se promène aujourd’hui avec une arme en permanence, sauf lorsqu’il entre dans l’enceinte d’un Palais de Justice où il remet son Glock aux gendarmes qui l’escortent. Il a reçu cette permission très spéciale du ministère de l’Intérieur français. Une situation exceptionnelle qui résulte d’une série de menaces faites à son encontre, rapporte le journal Le Parisien.

« Je suis le seul avocat à dénoncer la justice tunisienne, notamment le juge qui a instruit le dossier. Il a relâché six présumés complices terroristes qui étaient au Bardo au motif que leurs déclarations auraient été extorquées sous la torture », dit-il. Pour lui, la complicité de l’État tunisien et de sa justice ne fait aucun doute et il avance même posséder bon nombre de preuves « accablantes ».

Il assure aussi que le juge d'instruction du pôle antiterroriste chargé de l'affaire, Béchir Akremi a des sympathies islamistes.

« Dès lors que j’ai remis en cause la justice tunisienne j’ai reçu des menaces », témoigne-t-il.


Fatwa menaçante

La première date du 15 avril 2016. Me de Veulle reçoit un courriel en arabe. Il le fait traduire et engage un spécialiste pour en déterminer sa provenance. « Je me doutais que le contenu n’était pas sympathique… Il disait “ la justice divine vaincra ”, c’est une fatwa. Plusieurs m’ont dit de me méfier », raconte-t-il.

Quand il apprend que le message a été envoyé de Libye, « berceau du terrorisme islamique », l’avocat « est sous le choc ».

Rapidement, il demande une protection de l’État français. « Mais cela a vraiment pris du temps pour qu’on m’écoute. Je n’ai obtenu l’accord pour le port d’arme que le 6 décembre », raconte l’avocat qui a savait déjà manier la gâchette.

Entre temps, Me de Veulle est le destinataire des vidéos troublantes via son compte Twitter, notamment une vidéo du couple de policiers tués à coups de couteau dans les Yvelines, en France. Il reçoit aussi des coups de téléphone mystérieux. Personne au bout du fil, juste un numéro affiché. « Lorsque je rappelle, on m’informe que le numéro n’existe pas. »

L’avocat est convaincu que c’est « une machinerie de l’État tunisien pour me géolocaliser. Pour eux, je suis un ennemi, un élément dérangeant parce que je recherche la vérité ». Il n’hésite d’ailleurs pas à parler de « tueurs qui peuvent venir à son adresse ».

À plusieurs reprises, il tente encore une fois d’en informer le gouvernement français en écrivant même au ministre de l’Intérieur de l’époque, Bernard Cazeneuve. Il continue parallèlement son combat pour que les victimes obtiennent de réelles indemnisations en rencontrant à plusieurs reprises l’ancien président de la République, François Hollande.

Aujourd’hui, il dénonce : « Il y a un mépris total pour les victimes. Je demande au gouvernement français qu’il exige des comptes à l’État tunisien. Déposer des gerbes et faire des discours, cela ne suffit pas ».

Après un premier refus concernant sa demande de port d’arme, il obtient donc gain de cause en appel. « En France, on protège les juges anti-terroristes mais pas les avocats. J’estime que nous prenons autant de risques », conclue celui qui avait déjà appris, bien avant cette affaire, à tirer au pistolet.
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2 commentaires

  1. Sedia Stercoraria
    Sedia Stercoraria
    il y a 6 ans
    Sedia Stercoraria
    Moi aussi, jamais sans mon arme. Heureusement qu'au PdJ de Montréal on passe comme avocat sans se faire fouiller.

  2. Sedia Stercoraria
    Sedia Stercoraria
    il y a 6 ans
    Sedia Stercoraria
    Pas certain pour le choix, cependant. Moi le Glock 26 j'aime pas trop parce que le magasin est trop court et laisse mon petit doigt flotter dans l'air. C'est pas naturel pour shooter. Je préfère de loin mon Ruger SR-22.

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