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Les avocats ont-ils un problème avec l’alcool ?

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Delphine Jung

2017-07-26 15:00:00

Une étude menée par l’American Bar Association révèle que les avocats luttent plus souvent que d’autres professionnels contre l’alcoolisme...

Les avocats ont-ils un problème avec l’alcool ?
Les avocats ont-ils un problème avec l’alcool ?
Cette étude, menée conjointement avec la Fondation Hazelden Betty Ford, a déterminé qu’un avocat sur trois est un buveur à problèmes, que 28 % souffrent de dépression et 19% d’entre eux montrent des symptômes d’anxiété.

L’étude complète a été publiée en janvier 2016 dans le Journal of Addiction medicine.

Elle a été réalisée sur 12 825 avocats de 19 États américains différents. Ils ont chacun répondu à un questionnaire dans lequel on leur demandait de mesurer leur consommation d’alcool et la qualité de leur santé mentale.

En gros, 85% de tous les avocats interrogés ont bu de l’alcool l’année précédente, tandis que 65% de la population globale en consomme.


Un problème « culturel »

Il a été déterminé que les problèmes liés à l’alcool chez les avocats étaient supérieurs de 15% à ceux des chirurgiens et plus globalement, supérieurs à la moyenne nationale.

Une étude réalisée en 2014 par l'Institut national sur l'abus d'alcool et l'alcoolisme a en effet révélé que 6,8% des Américains âgés de plus de 18 ans avaient des troubles liés à l'alcool.

Les avocats qui travaillent en cabinet sont ceux qui abusent le plus de l’alcool selon les résultats de l’étude, notamment les avocats juniors, suivis par les avocats seniors et les associés juniors.

D’après The American Lawyer, les bouteilles de boissons alcoolisées sont souvent présentes dans les bureaux des associés et les 5@7 sont monnaies courantes. Sans compter les nombreux événements tels que les barbecues ou les rencontres sportives dans lesquelles l’alcool coule, semblerait-il à flots.

De quoi alimenter la théorie de Patrick R. Krill, co-auteur de l'étude et avocat qui dirige le programme de traitement des toxicomanies Hazelden pour les avocats et les juges. D’après lui, ces chiffres pourraient indiquer «la nature culturelle du problème de l'alcool» dans le milieu juridique.

« Lorsque vous travaillez en cabinets, vous baignez dans cette culture. Le problème est que boire de l’alcool est normalisé. Les avocats sont aussi poussés à socialiser avec les clients, ce qui implique souvent de l’alcool », écrit M. Krill.

Le rapport ne retrace pas l'origine du problème, mais révèle que les jeunes avocats sont mis sous pression car ils font face à de lourdes dettes étudiantes et un marché du travail de plus en plus difficile.


Un avocat sur cinq au Québec

Au Québec, le Barreau a mis en place le Programme d’aide aux membres du Barreau du Québec (PAMBA) qui est un service d’aide et de consultation offert à tous les membres souffrant d’alcoolisme, de toxicomanie, du syndrome d’épuisement professionnel, de stress ou d’autres problèmes de santé mentale.

En 1998, le Barreau publiait déjà un rapport sur la question dans lequel il disait que « selon des études menées dans plusieurs régions différentes, le taux d’alcoolisme dans la communauté juridique se situe entre 15% et 24%. Grosso modo, un avocat sur cinq est alcoolique. Bien sûr, le corollaire est vrai, c’est-à-dire que la majorité n’a pas de problème d’alcool ».

Le document évoque le stress, la concurrence, la spécialisation et la complexité des dossiers comme facteurs d’explication.


Aussi de la drogue

Dans leur étude, l’American Bar Association et la Fondation Hazelden Betty Ford ont également posé plusieurs questions sur l’usage de drogues dans le milieu juridique.

Aux États-Unis, le problème a été mis en lumière lorsqu’un associé du cabinet Wilson Sonsini Goodrich, en Californie, est décédé d’une surdose de drogues en 2015.

Seulement 3 419 avocats sur les 12 825 auraient répondu. M. Krill analyse : « 75 % ont ignoré cette section comme si le problème n’existait pas. Ils avaient peur de répondre ».

Parmi ceux qui ont répondu, 5,6% ont avoué prendre de la cocaïne, du crack ou des stimulants, 10,2% fument de la marijuana ou du haschich et près de 16% prennent des sédatifs.

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10 commentaires

  1. DSG
    I'm not surprised
    If you saw the dogs my colleagues married you would be surprised if they didn't drink. Beer is the only scientifically proven aphrodisiac.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 6 ans
      OMG !!!
      LOLOLOLOL

  2. PP
    Wow DSG
    You are definitely making a strong comeback on Droit inc. Is this 2010?

  3. anonyme
    anonyme
    il y a 6 ans
    après autant d'efforts ...
    J'aimerais bien pouvoir rire de la blague que DSG a écrite. Malheureusement, je n'y parviens pas.

    J'ai failli tout perdre. Ma carrière, ma santé, ma vie ... mais avant tout, ma fille et ma famille!

    Déjà 4 ans d'abstinence et si je croyais à l'époque que l'alcool était le problème des autres, aujourd'hui je réalise à quel point j'étais dans le champs...

    À vrai dire, ma perspective était faussée par l'illusion d'avoir conquis le monde et d'avoir trouvé le sentier de la gloire Mais en quittant la bouteille je me suis ouvert les yeux et j'ai compris à quel point ce style de vie et cabinet ne me convenaient pas et à quel point il me fallait le quitter si je voulais m'en sortir.

    Depuis lors, j'ai renoué avec la passion et la beauté de notre profession. La vie est belle et chaque jour je la remercie.

    L'alcoolisme chez les avocats est un problème sérieux et nous devons demeurer vigilants face à la maladie. Trop de vies et de talents ont été gâchés en tournant le dos à cette réalité ou en nous racontant des balivernes sur son compte.

  4. Anonyme
    Anonyme
    il y a 6 ans
    Beau témoignage
    Voilà un beau témoignage et un bel exemple de courage. Ne lâchez pas!

    • DSG
      Good for you
      All joking aside you should be proud of your accomplishment. I've always said that it could happen to anyone at anytime. It's a tough profession and I've seen a lot of casualties over the years; burnouts, depressions, drug and alcohol abuse, you name it. And since it's seen as a sign of weakness by the ill informed, most people try to hide their ailments until they can hide it no more. The trick is to turn off; to leave the problems behind at the office of the end of the day; to post stupid comments on Droit Inc.; whatever keeps you balanced. Don't let them get the better of you and stay strong.

    • anonyne
      anonyne
      il y a 6 ans
      personne humaine
      OUI JE SUIS EN ACCORD AVEC CE TYPE DE SOUFFRANCE CHEZ CERTAINS AVOCATS QUELLE TRISTESSE POUR LA PERSONNE ET SA FAMILLE

    • SBS
      I agree
      very good comment! Thanks

    • Attorney
      Attorney
      il y a 6 ans
      Right on
      DSG is right. We must try to laugh at adversity. You managed to get back on your feet. Good for you!

  5. anonyme
    anonyme
    il y a 6 ans
    Merci pour vos encouragements !
    Merci DSG de bien avoir complété votre pensée en choisissant de parfaire votre commentaire.

    Ce n'est pas parce que je n'ai pas appris à rire de moi que votre commentaire initial me laissait perplexe. C'est juste que j'avais l'impression d'assister à une nouvelle parodie de cette maladie que je suis si heureux d'avoir maîtrisée... Mais je me suis trompé.

    Si seulement plus de nos collègues acceptaient d' admettre que ce problème règne dans tous les cabinets de moyenne et de grande taille à Montréal ...

    Vous seriez surpris du nombre de nos collègues que j'ai eu l'occasion de rencontrer soit dans les réunions d'entraide ... Même des juges y sont de la partie et c'est bien ainsi ...

    La profession est belle mais lorsque nos egos deviennent nos guides, nous sommes voués à l'échez ...

    Merci à tous de votre encouragement.

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