Carrière et Formation

Le plus grand obstacle dans la carrière d’un avocat… est l’avocat lui-même

Main image

Jean-francois Parent

2017-08-31 14:15:00

Si vous n'avez aucune confiance en vos compétences, vous ne pourrez pas plaider pour vous-même, dit cette avocate devenue coach...

Si vous n'avez aucune confiance en vos compétences, vous ne pourrez pas plaider pour vous-même, dit cette avocate devenue coach
Si vous n'avez aucune confiance en vos compétences, vous ne pourrez pas plaider pour vous-même, dit cette avocate devenue coach
La formation de juriste repose sur l'idée qu'il faut être particulièrement respectueux envers la hiérarchie. Il faut se montrer servile envers les juges, les patrons, les associés ayant plus d'expérience, les profs à la Fac…

« Cela signifie que l'idée de plaider pour soi-même, de prendre sa place n'est pas inhérente à la formation professionnelle », constate Kara Loewentheil, une avocate de litige recyclée dans le coaching de carrière.

Pour progresser dans la carrière de juriste, écrit-elle dans sa chronique du magazine Above the Law, il faut pourtant foncer et prendre sur soi de se développer professionnellement. « Votre patron ne le fera pas, votre mentor ne le fera pas, votre associé ne le fera pas. En fait, personne ne se souciera de votre avancement si vous-même ne vous en souciez pas. »

Pour illustrer à quel point certains juristes sont nuls lorsqu'il s'agit de plaider pour eux-mêmes, Kara Loewentheil raconte l'anecdote d'une avocate qui s'engage à rédiger un avis juridique, à remettre un mercredi. Le mardi, son associé lui envoie un courriel pour l'informer que si elle n'avait pas encore terminé, il pouvait s'en occuper.

« Son réflexe de juriste a été de croire que l'associé jugeait que la tâche prenait trop de temps à conclure, et qu'il était déçu d'elle », poursuit Kara Loewentheil. L'avocate a donc répondu en s'excusant du retard et en acceptant l'offre de se décharger de la rédaction.

Et pourtant. Une fois analysée l'épisode objectivement, la coach est d'avis que l'associé avait probablement un peu de temps à tuer et qu'il s'offrait de rédiger l'opinion par courtoisie.

Elle conseille ainsi l'avocate qu'il aurait été parfaitement acceptable de répondre qu'elle n'avait toujours pas commencée, mais qu'elle insistait pour la compléter, afin d'acquérir l'expérience.

« Ça paraît tout simple, mais quand l'attitude d'un avocat l'amène à tout prendre de façon personnelle, il n'arrive pas à saisir les occasions de progresser », écrit Kara Loewentheil. Il se dit seulement que la critique cible son incompétence.

Cette attitude devient de plus en plus paralysante : quand est-ce que vous plaiderez seul? Quand mènerez-vous un dossier en appel? Dans combien de temps vous offrira-t-on de devenir associé? « Les enjeux deviennent plus importants, mais le problème reste le même : si vous attendez qu'on vous ouvre une porte, vous n'aurez jamais aucun contrôle sur votre ascension professionnelle », explique Kara Loewentheil.

Le plus grand obstacle à l'avancement professionnel n'est donc pas le cabinet ou la culture de l'entreprise, mais l'avocat lui-même.

Si vous n'avez aucune confiance en vos compétences, vous ne pourrez pas plaider pour vous-même. « Il sera également impossible de faire la différence entre un cabinet qui vous fera avancer, et un autre qui offre peu de perspectives de promotion. »

C'est donc un changement de perspective qu'il vous faut opérer, poursuit Kara Loewentheil, qui propose l'exercice suivant pour vous aider à y arriver.

1 – Donnez-vous trois objectifs à compléter qui vous aideront à propulser votre carrière : pratiquer dans un nouveau domaine, avoir plus de responsabilités, etc.
2 – Pour chaque objectif, identifiez ce qui doit arriver pour que ces objectifs se concrétisent : qui peut vous aider, quelle formation suivre, quelle stratégie adopter, etc.
3 – Puis, dresser la liste des excuses que vous vous dites pour expliquer pourquoi vous n'êtes pas prêt, comment vous risquez l'échec, et tout argument que vous pouvez faire pour ne pas accomplir vos objectifs.
4 – Enfin, pour chaque objectif, énumérez les raisons que vous avez d'être confiant envers vos chances de succès, ou qui détaillent en quoi vous avez ce qu'il faut pour réussir.

La meilleure façon de saisir les occasions ou d'apprendre à poser les gestes qui vous permettront de progresser, « c'est de gérer vos angoisses, vos scénarios catastrophistes et votre autocritique », soutient Kara Loewentheil.
7331

Publier un nouveau commentaire

Annuler
Remarque

Votre commentaire doit être approuvé par un modérateur avant d’être affiché.

NETiquette sur les commentaires

Les commentaires sont les bienvenus sur le site. Ils sont validés par la Rédaction avant d’être publiés et exclus s’ils présentent un caractère injurieux, raciste ou diffamatoire. Si malgré cette politique de modération, un commentaire publié sur le site vous dérange, prenez immédiatement contact par courriel (info@droit-inc.com) avec la Rédaction. Si votre demande apparait légitime, le commentaire sera retiré sur le champ. Vous pouvez également utiliser l’espace dédié aux commentaires pour publier, dans les mêmes conditions de validation, un droit de réponse.

Bien à vous,

La Rédaction de Droit-inc.com

PLUS

Articles similaires