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Comment réduire vos tarifs en sous-traitant

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Jean-francois Parent

2017-10-05 10:15:00

La sous-traitance, si elle réduit le profit par associé, peut cependant augmenter le bonheur par associé…

Le chroniqueur Mark Herrmann
Le chroniqueur Mark Herrmann
De plus en plus de clients grincent des dents quand ils voient arriver leur facture, forçant les cabinets à se rabattre sur la sous-traitance.

Sauf que rares sont les firmes qui y voient la bonne affaire, constate le chroniqueur Mark Herrmann dans le magazine Abovethelaw.com. Et ce, alors que les clients commerciaux, eux, ont tendance à vouloir développer une relation de « collaboration » avec le cabinet.

En clair, un service juridique, plutôt que de payer le plein prix d'un associé junior pour faire de la recherche ou des tâches routinières, insistera pour que les tâches cléricales soient confiées à l'externe, à moindre prix.

La prolifération des vendeurs de services juridiques offrant par exemple l'administration de la preuve électronique, ou la recherche, voire la rédaction de procédures courantes à des prix cassés fait pression à la baisse sur les tarifs des grands cabinets.

« Sous-traiter les tâches cléricales, ou routinières »

Prenons l'exemple d'un dossier qui nécessite cinq avocats, selon les évaluations du cabinet. Et voilà que le client insiste pour que l'un des postes soit comblé par un sous-traitant.

« Les cabinets s’indignent, avec raison, rétorquant qu'ils n'ont pas le contrôle sur la prestation du sous-traitant, qu'ils ne l'ont pas formé, qu'ils ne peuvent s'assurer qu'il n'y aura aucune faute professionnelle », observe Mark Herrmann, qui a lui-même été associé d'un grand cabinet, avant de s'être recyclé dans la consultation en gestion des affaires juridiques.

« Si vous tenez pour acquis, comme le font plusieurs avocats, qu'un avocat avec lequel vous n'avez jamais travaillé est par définition incompétent », écrit Mark Herrmann, le cabinet se fait donc demander par son client d'intégrer un avocat incompétent à son équipe.

Sauf que le client veut absolument une baisse de tarif. C'est un bon client. Et insiste pour payer le tarif minimum. La solution? « Sous-traiter les tâches cléricales, ou routinières », propose Mark Herrmann.
Ne serait-ce que pour une simple question du contrôle de la qualité, il peut être dangereux pour un cabinet—et son client—que les tâches des associés seniors soient déléguées à des inconnus.

Mais rien n'empêche de confier les opérations de routine à des avocats moins chevronnés. « Peut-être pouvez-vous faire appel à un avocat à la carte pour remplacer un de vos avocats juniors? ».

Le sous-traitant pourrait ainsi réviser les contrats, recenser les objections de routine pour préparer la défense, ou prendre les dépositions des témoins moins importants. « Je comprends que cela gruge les profits des cabinets », concède Mark Herrmann. Mais il insiste pour que la chose soit vue dans un contexte plus large : « cela peut aussi augmenter la qualité de vie de vos avocats ».

Infliger les tâches pénibles et répétitives, les tâches les moins importantes à des avocats en dehors du cabinet n'est pas nécessairement une mauvaise chose. Surtout si l'on se garde les tâches les plus stimulantes à l'interne.

Cela diminue certes le profit par avocat, mais cela augmente aussi la satisfaction par avocat, puisqu'on évacue les tâches pénibles et routinières du quotidien. « Plusieurs grands cabinets se plaignent que les nouveaux avocats restent deux ou trois ans, remboursent leur prêt étudiant puis passent à autre chose. Cette faible rétention a un coût. »

Donner davantage de boulot intéressant aux recrues, au contraire, pourrait améliorer le taux de rétention... et coûter moins cher au cabinet.
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