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Un professeur de cégep suspendu invoque le droit à la liberté d’expression

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Radio -canada

2018-02-05 13:15:00

Un droit fondamental, dit une avocate, mais qui n'est pas sans limites...

L'enseignant de philosophie Jean Laberge
L'enseignant de philosophie Jean Laberge
L'enseignant de philosophie Jean Laberge a été suspendu du Cégep du Vieux Montréal, en attente d'éventuelles sanctions, a appris Radio-Canada.

La direction lui reproche des propos homophobes tenus en dehors de l'établissement, notamment sur sa page Facebook. Le professeur compte plaider le droit à la liberté d'expression.

Jean Laberge est un professeur controversé. Fervent catholique, de droite, il se qualifie lui-même de « mouton noir » du Cégep du Vieux Montréal.

Depuis plusieurs mois, ses publications dérangent des étudiants et des collègues. Que ce soit sur sa page Facebook, publique, ou sur le site web du Huffington Post, où il tient un blogue. C'est un texte publié le 17 janvier sur son compte Facebook qui a provoqué la réaction de la direction du cégep.

Jean Laberge y exprime son « aversion » et « avoue avoir du dégoût pour les homosexuels ». Il parle de sa « peur » et son incompréhension de l'homosexualité, même s'il précise qu'il la « respecte ».

Quelle est la limite de la liberté d'expression quand on est un enseignant d'une institution publique?

Suspendu avec salaire

Le professeur a été suspendu mardi dernier, le temps de faire enquête. Il sera entendu par la direction mercredi et une décision sera rendue par la suite. Le cégep n'a pas voulu commenter l'affaire pour le moment.

Jean Laberge a écrit à ses collègues du département de philosophie pour qu'ils prennent sa défense, mais ceux-ci ont refusé.

Le professeur défend sa liberté d'expression

Joint chez lui par Radio-Canada, Jean Laberge ne comprend pas pourquoi on lui reproche des écrits publiés à l'extérieur de son travail. « C'est la dictature, c'est Big Brother, ça n'a aucun sens », dit-il.

Le professeur pense que le collège « commet une grave erreur » et lui cause « un préjudice considérable », en le privant de la liberté d'expression pour des propos qu'il n'a pas tenus en classe.

Jean Laberge justifie son dégoût des homosexuels

Louis-Philippe Lampron, professeur en droit des libertés de la personne à l'Université Laval
Louis-Philippe Lampron, professeur en droit des libertés de la personne à l'Université Laval
« J'ai un malaise depuis toujours envers l'homosexualité, nous dit-il au téléphone. Mais je ne déclare pas la guerre aux homosexuels. »

Il justifie son sentiment de dégoût des homosexuels par des raisons « d'inspiration chrétienne » et affirme n'avoir jamais partagé cela dans ses cours au cégep. « J'ai toujours observé un devoir strict de réserve. »

« J'ai des raisons de penser que l'homosexualité est une vision des choses qui est limitée, qui ne mène pas à l'épanouissement des êtres humains. Je parle en tant que croyant », explique le professeur qui s'est déjà présenté au cégep avec une grande croix autour du cou, à l'époque du projet de Charte des valeurs. « Je ne cherche pas à convaincre, je cherche simplement à faire réfléchir », ajoute-t-il.

Ce n'est pas la première fois que Jean Laberge tient de tels propos. Sur le site du Huffington Post, en juillet 2017, il critiquait « le lobby des groupes LGBT », qui expliquerait, selon lui, « l'émasculation des hommes ».

Le professeur en droit des libertés de la personne à l'Université Laval, Louis-Philippe Lampron, rappelle que la Cour suprême ne considère pas comme haineux les propos qui portent atteinte à la dignité d'un groupe, qui les méprisent ou les ridiculisent.

« Ce n'est pas suffisant pour équivaloir à de la propagande haineuse, dit-il. Il faut qu'on s'approche de propos qui incitent les gens à la détestation et/ou la violence physique à l'égard de ce groupe-là. »

Un droit fondamental, mais pas sans limites

L'avocate Marie-Hélène Beaudoin
L'avocate Marie-Hélène Beaudoin
« Le droit à la liberté d'expression est fondamental, mais il n'est pas sans limites, prévient l'avocate Marie-Hélène Beaudoin. Il faut aussi être conscient que ce qu'une personne fait en dehors de son milieu de travail peut avoir des répercussions sur la relation d'emploi. »

« C'est déjà arrivé », rappelle le professeur Louis-Philippe Lampron avec l'arrêt Ross, du nom d'un professeur du secondaire du Nouveau-Brunswick qui avait tenu des propos contre les juifs hors de son milieu de travail et qui avait été sanctionné. « Le milieu scolaire est un milieu très particulier qui doit s'assurer d'être inclusif pour tout le monde. »
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12 commentaires

  1. SBS
    du gros n'importe quoi
    Je ne comprend pas le besoin des gens de vouloir à tout prix exprimer sur la place publique leur peurs, malaises, aversion, incompréhension....... sur des sujets aussi personnelle et intime que l'homosexualité. Si tu as un problème a accepté ce qui est différent c'est à un psy que tu dois en parler!

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 6 ans
      re gu gros
      Tu ne comprends pas. Dans son esprit, ce gars-là est plus intelligent que tout le monde et il veut que tout le monde le sache. Il n'est pas satisfait de sa vie et sent le beosin de faire parler de lui, ça lui donne de l'importance. Il invite donc à des débats qu'il pense gagner et se valorise de cette façon surtout qu'il a plein de gens qui viennent l'appuyer.

  2. DSG
    Suspendu avec salaire
    Suspension with pay is not a form of reprimand. I call that a vacation.

    He claims to have an aversion towards homosexuals and that he is disgusted by them but he still respects them? He's obviously off his rocker and as such it's dangerous to allow him to influence young people. Sure he's allowed to say whatever he wants. Likewise we are free to think that he's a total nutcase.

  3. Anonyme
    Anonyme
    il y a 6 ans
    L'homosexuel de type "ostensiblement fif" est ridicule
    "Le professeur en droit des libertés de la personne à l'Université Laval, Louis-Philippe Lampron, rappelle que la Cour suprême ne considère pas comme haineux les propos qui portent atteinte à la dignité d'un groupe, qui les méprisent ou les ridiculisent."
    "


    L'ostensiblement hétéro est également ridicule, quoique beaucoup plus rare.

    Dans l'un cas comme dans l'autre ils se ridiculisent, et dénoncer le ridicule de leurs attitudes envahissantes est une réaction tout à fait légitime.

  4. Kit
    Kat
    "Le droit à la liberté d'expression est fondamental, mais il n'est pas sans limites, prévient l'avocate Marie-Hélène Beaudoin"

    C'est tellement utile pour un site destiné aux avocats, d'interroger une avocate qui nous informe de uqelque chose de tellement inédit, spectaculaire et utile.

    Un droit fondamental a des limites?
    Wow
    Je note.

    • MHB
      J'avoue!
      Bonjour,

      Je suis cette personne à qui la phrase superflue est attribuée. Je n'ai pas été interviewée par droit-inc ou pour droit-inc. Cet article est tiré d'un reportage d'un autre média, où un commentaire plus long a été fourni. Or, je n'ai pas de contrôle sur l'extrait choisi, ni sur la décision de droit-inc de publier ma photo à côté de cette phrase.

      Cela étant dit : vous avez tout à fait raison. D'ailleurs, je n'ai pas l'habitude d'être aussi concise ;op

      En passant, je vous remercie sinsèrement d'avoir utilisé du précieux temps de votre journée pour commenter sur ce post!

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 6 ans
      Wow
      Je pense que le commentaire s'adressait surtout au journaliste.

  5. Me Stéphane Lacoste
    Me Stéphane Lacoste
    il y a 6 ans
    Un peu de droit
    La suspension imposée à m. Laberge n'est pas une mesure disciplinaire ou quelque forme de réprimande que ce soit, c'est une suspension administrative pour la durée de l'enquête, il est donc tout à faite normal qu'elle soit faite avec paie parce que le CÉGEP n'a pas encore complété son enquête et encore moins ou conclure qu'une faute disciplinaire a été commise.

    On peut s'attendre raisonnablement à ce qu'une éventuelle mesure disciplinaire soit contestée et fasse l'objet d'une décision d'un tribunal d'arbitrage de grief.

    Ainsi bien que l'expression du sentiment de m Laberge envers les homosexuel puisse apparaitre répugnante (elle l'est pour moi) elle est peut-être aussi protégée; c'est une question de droit qui mérite de prendre un peu de recul et de ne pas sauter aux conclusions sans connaitre tous les faits, et nous en connaissons très peu. Après tout, la liberté d'expression est bien la liberté d'exprimer ce qui déplait aux puissants.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 6 ans
      Religion
      Il aurait dû invoquer la liberté de religion. Il serait mieux protégé. Ça marche super bien pour ceux qui font la promotion de l'infériorité de la femme.

    • MHB
      Vous avez raison
      Bonjour,

      Je suis l'auteure de cette phrase qui vous a tellement marqué(e) que vous vous êtes senti interpellé(e) à laisser un commentaire.

      Vous avez tout à fait raison, cela apporte bien peu pour la communauté juridique.

      Toutefois, l'article provient d'un autre média, grand public. Et je ne contrôle pas l'extrait choisi. Dieu sait que je n'ai pas tendance à être aussi concise.

      Je vous souhaite tout plein de paix, de bonheur et d'allégresse.

  6. Pirlouit
    Pirlouit
    il y a 6 ans
    Voltaire, où es-tu ?
    Pendant des siècles, si on était pour l'homosexualité, on se serait fait crucifier.

    Aujourd'hui, si on est contre l'homosexualité, on se fait crucifier.

    Vision différente, même intolérance. Celle qui ne peut accepter un discours autre.

  7. Mephisto
    Mephisto
    il y a 6 ans
    Bof
    Beaucoup de débat pour pas grand chose

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