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Sonia Lebel veut régler « un problème à la fois »

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Jean-francois Parent

2018-04-30 15:00:00

La candidate de la CAQ dénonce le capharnaüm dans le système et sa désuétude mais sait que le changer va prendre du temps...

Sonia Lebel veut régler « un problème à la fois »
Sonia Lebel veut régler « un problème à la fois »
« Je voulais aller un peu plus loin pour améliorer le système de justice », dit Sonia Lebel pour expliquer sa décision de briguer les suffrages lors des prochaines élections, en octobre, dans la circonscription de Champlain, en Mauricie.

Celle qui s’est heurtée à la « désuétude » et au « capharnaüm » de la justice au cours de ses années au DPCP n’entend pas être la candidate des grandes réformes, explique-t-elle à Droit-Inc au cours d’un entretien téléphonique.

« Personne ne peut prétendre avoir la solution à tous les problèmes. Le système est tellement vaste et complexe, c’est comme une pelote de laine (dont tous les fils sont enchevêtrés); il faut tirer sur un de ces fils et voir ce que ça va nous donner », et non tenter de défaire tous les nœuds en même temps.

« Un chien dans un jeu de quilles »

Procureure au DPCP pendant une vingtaine d’années, les quatre années passées entre les murs de la Commission Charbonneau lui ont permis, dit-elle, de prendre du recul par rapport au système de justice.

C’est pourquoi la candidate caquiste dans Champlain mise sur des gestes qui peuvent avoir le plus d’impacts à court terme. Comme l’allégement des procédures.

« Il faut que la procédure soit au service de la justice, et non pas le contraire. Ça n’a pas de bon sens qu’on puisse payer ses comptes avec un téléphone, mais qu’on doive prendre sa voiture, trouver du stationnement au Palais de justice, aller déposer une requête au greffe… »

À ce jeu, « le pauvre citoyen est comme un chien dans un jeu de quilles ». D’où l’importance selon elle d’au moins entamer le chantier de l’informatisation. Surtout en justice civile et administrative, aux prises avec un ogre procédural alimenté notamment par des pratiques issues d’un autre siècle.

« Même si on veut déposer les requêtes électroniquement, on n’a pas les infrastructures pour le faire à l’heure actuelle. » Pas plus qu’on ne peut reconnaître les significations ou les signatures électroniquement.

« On est limités dans notre créativité par l’absence de moyens technologiques. Dans les palais de justice, on se promène avec des paniers d’épicerie pleins de documents. Si on ne règle que la question de la modernisation de la justice, on aura déjà fait un grand pas », poursuit Me Lebel qui insiste sur le besoin de régler « un problème à la fois ».

Investir, oui, mais comment ?

L’annonce par la ministre de la Justice Stéphanie Vallée d’investissements de 500 millions de dollars pour améliorer la justice est donc la bienvenue.

Mais les bémols de Sonia Lebel sont nombreux : « Il n’y a pas que les investissements, il y a aussi la façon dont on les utilise », poursuit la Barreau 1991.

Ainsi, l’octroi de contrats informatiques au gouvernement est très critiqué, par la CAQ notamment. La faible concurrence entre les soumissionnaires, les allégations de collusion, les prix gonflés…

Et surtout le manque d’expertise, dans les ministères, comme celui de la Justice, appelle à une grande vigilance. Car tout cela rappelle l’industrie de la construction. « On l’a montré à la Commission Charbonneau, à quel point l’attrition interne, le manque de ressources rendent une organisation vulnérable aux pratiques douteuses, puisqu’on n’a pas les moyens de les déceler. »

Elle tente donc sa chance auprès de l’électorat afin de d’essayer de changer les choses, du côté législatif cette fois. Concédant qu’elle est « ministrable », elle explique néanmoins qu’on ne lui a rien promis en échange de sa candidature.

Après ses rôles d’administratrice du Barreau de Montréal, de membre du comité des infractions du Barreau du Québec, et de porte-parole des procureurs de la couronne pendant la grève de 2011, la politique semblait le choix logique pour celle qui laisse derrière elle 20 ans de pratique au DPCP.

Il reste que pour vraiment améliorer la justice, « tous les acteurs doivent jouer leur rôle : les avocats, la magistrature, les politiciens, les barreaux… »

Et ça ne se fait pas en claquant des doigts.
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