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Agression sexuelle : la décision «problématique» d’une juge renversée

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Céline Gobert

2018-07-31 14:30:00

L’un des accusés a été victime d'un stéréotype négatif envers les jeunes hommes lors de son procès, a dit la Cour d'appel…

L’un des accusés a été victime d'un stéréotype négatif envers les jeunes hommes lors de son procès, a dit la Cour d'appel…
L’un des accusés a été victime d'un stéréotype négatif envers les jeunes hommes lors de son procès, a dit la Cour d'appel…
La Cour d'appel a annulé le verdict d’un militaire, Tom Robbins, accusé d’avoir violé une jeune femme à Montréal alors qu’il était âgé de 21 ans, en compagnie d’un autre militaire Josh Deschamps.

Les trois étaient en formation à la base militaire de Saint-Jean-sur-Richelieu au moment des faits.

Dans sa décision rendue le 5 octobre 2015, la juge Manon Ouimet de la Cour du Québec a rejeté la version de Tim Robbins qui affirmait être sorti rapidement de la salle de bain après avoir vu la plaignante faire une fellation à Deschamps.

« Pour n'importe quel jeune homme normal, c'est une scène excitante », avait-elle indiqué dans la décision en lui imposant 15 mois de prison. Elle avait poursuivi : « La Cour ne croit pas qu'il a rapidement quitté la salle de bains. Sachant ce qui se passait dans la salle de bains et pour la même raison, la Cour ne croit pas qu'il se soit aussitôt endormi. »

Une décision problématique

La décision de la juge Ouimet vient donc d’être renversée par la Cour d’appel qui a déploré cette réflexion problématique, basée sur le sexe et l'âge de l'accusé.

« Les commentaires de la juge sont malheureux, a écrit le tribunal. Ils font appel à des préjugés et des stéréotypes, ce qui constitue une erreur de droit. »

«De l’avis de la Cour, un nouveau procès doit être ordonné. L'erreur de la juge a compromis irrémédiablement l'équité du procès, et ce, peu importe la solidité de la preuve présentée par le ministère public. C'est désolant, mais il ne saurait en être autrement », ont écrit les juges Jean Bouchard, Jacques J. Lévesque et Manon Savard, de la Cour d'appel.

«Bien sûr, la juge pouvait ne pas croire l’appelant pour d’autres raisons découlant de la preuve. Ce dernier bénéficie toutefois de la présomption d’innocence, laquelle ne saurait être écartée sur la base de préjugés. De toute évidence et de façon consciente ou non, la juge a oublié ce principe fondamental », peut-on lire dans la décision.

Pas de précédents

Le procureur de la Couronne Christian Jarry n'a trouvé aucun précédent pour un tel scénario, explique La Presse.

L’avocat a indiqué que si la réflexion de la juge Ouimet était une erreur, elle n'était pourtant pas déterminante. « Dans le reste de l'analyse, il restait suffisamment de raisons pour que la juge du procès rejette la version de M. Robbins. Malheureusement la Cour d'appel ne m'a pas suivi là-dessus. »

Des préjugés tenaces

Il y a quelques semaines, cette Cour d'appel avait cassé l'acquittement d'un père accusé d’inceste par sa fille des années après les faits présumés, rapporte La Presse.

Le juge de première instance avait rejeté le témoignage de la femme, estimant qu'elle ne serait pas restée dans la maison familiale aussi longtemps si elle avait été violée.

« Voilà un stéréotype bien ancré, d'autant plus que la plaignante s'est expliquée, a déclaré la Cour d’appel . Il n'existe pas de "règle immuable sur la façon dont se comportent les victimes de traumatismes comme une agression sexuelle", et les attentes manifestées par le juge sont fondées sur des stéréotypes ou une généralisation entachée de préjugés. »
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4 commentaires

  1. Concerned
    Concerned
    il y a 5 ans
    Worrying
    Our courts and system could not get any trashier. I am writing books, and reading this trash makes me sorry for your children who should be enacting these scenes later on as you become First Nation of the lawyer beggars to tv producers content fillers. I warned and advising...

  2. Anonyme
    Anonyme
    il y a 5 ans
    Le Conseil de la magistrature ne bougera pas le p'tit doigt, soyez sans crainte!
    Le juge Camp s'est vu indiquer la porte simplement pour avoir posé une question ("la plaignante avait-elle tenté de fermer les genoux"), dont ses savants collègues ont estimé qu'elle révélait une arrière pensée sexiste, alors qu'ici on a un étalage explicite de présupposés criminel fondé sur le genre.

    2 poids 2 mesures ? Oui, mais dans ce sens là ce n'est pas aussi grave, diront sans doute les féminisses, à grand coup de colones dans Le Devoir.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      Juge à la retraite
      La juge Ouimet a pris sa retraite depuis plusieurs mois déjà. Donc non, il ne bougerons pas.

  3. Pirlouit
    Pirlouit
    il y a 5 ans
    Elle n'en pense pas moins
    Elle bénéficie d'une pseudo-morale du 2ième siècle : si vous êtes un homme blanc hétérosexuel vous êtes moralement coupable de ce genre de préjugé. Mais tous les autres peuvent s'en sortir.

    Le plus drôle c'est ceux qui essayent de justifier ces doubles standards sans se rendre compte ou admettre qu'ils font de la discrimination inversée.

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