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«La fiscalité n’est pas archi-plate!»

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Céline Gobert

2018-09-10 14:30:00

Cinquante États américains et autant de façons de faire différentes avec lesquelles cette fiscaliste passionnée jongle chez PSB Boisjoli…

Stéphanie Lebon-Rioux, analyste en fiscalité américaine chez PSB Boisjoli
Stéphanie Lebon-Rioux, analyste en fiscalité américaine chez PSB Boisjoli
Début décembre, Stéphanie Lebon-Rioux fêtera ses deux ans en tant qu’analyste en fiscalité américaine chez PSB Boisjoli, une firme qu’elle a rejoint sur les conseils d’une chasseuse de tête après avoir travaillé chez Demers Beaulne et Ernst & Young.

En fait, son travail consiste à remplir de A à Z les déclarations d’impôts américaines de clients, pour la plupart Québécois, qui font affaire avec des compagnies aux États-Unis ou qui y ont ouvert une filiale.

De la fiscalité en général, la jeune femme de 31 ans explique aimer le côté logique, tangible, concret.

«Les chiffres, on les voit, on les additionne, on les manipule, avec des résultats vérifiables, et j’ai toujours aimé ça. La fiscalité, les taxes, il n’y a pas d'ambiguïté, c’est plus précis que de seulement appliquer des principes de comptabilité», explique-t-elle de son balcon, exceptionnellement en télétravail en compagnie de ses deux chats.

Il faut dire qu’elle peut bien souffler un peu… En effet, Stéphanie Lebon-Rioux s’apprête à entamer la deuxième période la plus occupée de l’année, après celle de février à avril.

Comme elle nous l’explique, une compagnie américaine dont la fin de l’année fiscale est au 31 décembre doit remplir une déclaration pour le 15 avril. «Mais comme les états financiers ne sont souvent pas prêts à cette date, elles font une demande d’extension au 15 octobre.»

Complexe et passionnant

Bien que son quotidien soit majoritairement composé de déclarations d’impôts, son métier demeure «plus que ça», poursuit la jeune professionnelle.

«On communique beaucoup avec les clients, ils ont de nombreuses questions, il faut faire des suivis, il y a beaucoup de dates à ne pas dépasser, des déclarations à remettre, des extensions à demander.»

Parmi ses clients, beaucoup travaillent dans l’industrie de la vente de vêtements. Il y a aussi des entreprises de services - de formation ou de consultation. Tous sont référés par les autres départements de la firme, chargés de s’occuper de leurs états financiers.

Après leurs déclarations, viennent leurs avis de cotisation… Et certains d’entre eux veulent comprendre chaque chiffre. «Ça fait partie de notre travail de leur expliquer. On leur indique par exemple pourquoi ils n’ont pas obtenu le montant de remboursement qu’ils pensaient. Ou alors certains ont des questions plus spécifiques comme “dans quel État ouvrir un entrepôt aux États-Unis?”»

Pour elle, le monde de la fiscalité demeure en tout temps complexe et passionnant.

«Je sais que 98 % des gens vont trouver ça archi-plate mais moi ça me passionne. Surtout de voir les intentions derrière une loi, son origine, pourquoi elle existe», déclare la diplômée en droit fiscal et taxation de l’Université de Sherbrooke (2014) et en comptabilité de l’UQAM (2013).

«Ce que j’aime surtout, c’est la complexité qui vient avec le fait qu’on est au Canada, il y a toujours un problème à résoudre en ce qui a trait aux transactions transfrontalières, explique-t-elle. C’est plus compliqué que dans une transaction canadienne car chacun des États américains est différent, ça reste un challenge tout le temps, le travail n’est jamais routinier.»

Le métier a ses défis

Au total : 50 États américains et autant de façons de faire différentes avec lesquelles Stéphanie Lebon Rioux doit être familière.

Tous n’ont pas la même façon de calculer les impôts. Par exemple, certains États n’ont pas d’impôt sur le revenu des sociétés mais ce qu’on appelle une «franchise tax», un impôt sur les revenus bruts. C’est le cas du Texas ou de l’Ohio.

L’État aux déclarations les plus simples? « Il n’y en a pas ben ben! (Rires). Mais je dirais la Floride ou le Vermont, c’est rare qu’on se casse la tête sur des déclarations dans ces États-là».

À l’inverse, New-York est très compliqué. «Leur base d’imposition, ce sont juste les revenus et dépenses US, ils enlèvent tout ce qui est mondial - contrairement à la Californie par exemple qui prend en compte les revenus mondiaux - et donc quand les clients nous envoient leurs états financiers, souvent ce qui est US et mondial n’est pas séparé.»

Tout ça fait donc partie des défis du métier. Mais il y en a d’autres…

«Il faut toujours s’assurer qu’aucun élément ne manque pour bien déterminer si il y a des impôts à payer ou non dans tel ou tel État», dit celle qui baigne dans le domaine depuis quatre ans maintenant.

Parfois, le challenge consiste simplement à s’adapter à l’actualité. Par exemple, l’élection du président Donald Trump a changé la donne. «Il y a beaucoup de conséquences car il est train de tout changer, il y a aussi beaucoup de lois de transition dans le cadre de la réforme fiscale, qui ne sont là que pour une année, et c’est difficile de les comprendre et de les appliquer», déplore-t-elle.

Le futur risque aussi de réserver de nombreux défis à sa profession, à commencer par l’automatisation. Toutefois, la fiscaliste estime que les plus gros bouleversements ont eu lieu dans le passé avec le passage du papier aux ordinateurs.

«Et certaines affaires ne pourront jamais être remplacées par un robot, comme la planification par exemple, ça prend quelqu’un qui pense derrière, donc on est sauvés!»

L’audace, l’expérience… et le fitness!

Pour s’en sortir, la fiscaliste applique la méthode «think outside the box.» «Il y a beaucoup de choses à considérer en-dehors des lois et c’est avec l’expérience qu’on adopte les meilleures façons de faire».

Par exemple, des implications légales peuvent interférer. C’est là que les avocats à l’interne peuvent l’épauler à merveille. «Nous avons chacun nos forces. Nous, c’est les chiffres, les fichiers Excel. Les avocats, eux, interprètent les lois fiscales. La loi de l’impôt sur le revenu au Canada est l’une des lois les plus difficiles que j’ai lues de ma vie.»

À cela, viennent s’ajouter d’autres considérations plus «humaines», raconte-t-elle. «Il faut parfois amener les clients à se projeter dans le futur, voir les impacts familiaux ou relationnels qui peuvent découler de certaines transactions.» C’est le cas en planification successorale par exemple où les fiscalistes sont quasiment des psychologues.

«L’argent, ça fait naître beaucoup d’émotions chez les gens, certains sont proches de leur argent, il faut qu’un fiscaliste soit capable de gérer ça. Pour un client, on est une pure dépense, on est comme un mal nécessaire, sauf quand elle leur dit qu’il y a un remboursement! (Rires) Mais dans certains cas, il faut mettre deux paires de gants blancs plutôt qu’une.»

Alors, pour décompresser face à ses enjeux plus émotionnels, la fiscaliste a opté pour le fitness. Ainsi, chaque matin à 7h avant le travail , elle s’entraîne.

«Ça m’aide à me concentrer, je suis quelqu’un d’hyperactif, ça roule beaucoup dans ma tête, alors là je commence la journée la tête vide, pendant une heure je ne pense à rien, rien d’autre que de lever des poids.» Et même au niveau de la posture, le sport l’aide aussi beaucoup à ne pas souffrir de trop de maux de dos, conséquence inévitable de trop de travail devant l’ordinateur.

Et quand le gym ne suffit plus, elle s’envole pour le Sud avec son chum…

Des gestionnaires modernes

Chez PSB Boisjoli, Mme Lebon-Rioux confie avoir trouvé une véritable famille.

«C’est exactement ce que je cherchais : un environnement super familial, vraiment agréable, les gens sont gentils, généreux. Le matin, j’ai l’impression d’aller rejoindre des amis.»

Mais le plus important pour elle reste encore les méthodes de gestion modernes appliquées par sa direction. «On n’est pas derrière nous pour vérifier ce que l’on est en train de faire. On nous fait confiance. Et personnellement, plus on me fait confiance, plus j’ai envie d’en donner encore plus. Personne ici ne fonctionne par la réprimande, mais plutôt par des félicitations et de la reconnaissance.»

C’est ce qui explique pourquoi c’est chez PSB Boisjoli qu’elle voit son avenir professionnel.

«J’ai tellement à en apprendre, c’est si vaste le monde de la fiscalité. Je souhaite monter les échelons chez PSB Boisjoli, mais d’abord je dois continuer à apprendre et à acquérir de l’expérience.»

Et pour ce faire, elle ne pouvait pas mieux tomber puisque la fiscaliste s’estime entourée des meilleurs professionnels.

«Ma boss, Nina Heft, (ndlr : la directrice principale du département des impôts US), elle est magnifique!», conclut-elle avec enthousiasme.
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1 commentaire

  1. smmd
    Wow.
    Il y a 50 États aux É-U., pas 52.

    Cela n'inclut évidemment pas le district fédéral de Columbia (communément appelé « Washington D.C. », capitale fédérale), ni les territoires d'outre-mer, ni les protectorats.

    Avant l'admission de l'Alaska et d’Hawaï en 1959, il n'y avait que 48 États.

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