La magistrature et la relève

La passion de la juge Lavigne

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Marie-pierre Gravel

2018-09-12 14:15:00

Cette semaine, Me Marie-Pierre Gravel, du Groupe Montpetit, rencontre l’Honorable Marie Michelle Lavigne, juge à la Cour du Québec

L’Honorable Marie Michelle Lavigne
L’Honorable Marie Michelle Lavigne
Depuis ses débuts, la firme Montpetit s’est donné la mission de soutenir la relève. Au cours des prochains mois, dans le cadre de chroniques d’experts, Me Marie-Pierre Gravel aura donc le privilège de s’entretenir avec des juges de différentes instances judiciaires et d’échanger avec eux sur le thème de la relève dans la profession.


L’Honorable Marie Michelle Lavigne m’a accueillie dans son bureau tout sourire, enthousiaste et emballée à l’idée d’échanger sur ce thème qui lui est cher, celui de la relève dans la profession.

Cette rencontre m’aura d’ailleurs marquée par la passion que la juge Lavigne démontre à l’égard de sa profession. De son aveu même, cette grande passion lui a été utile tout au long de son cheminement professionnel, mais elle l’a également forcée à faire des choix parfois difficiles pour conserver un équilibre avec sa vie familiale.

Dans ces circonstances, comment concilier sa passion pour le travail et celle pour sa famille ?

Pour la juge Lavigne, une réalité est immuable : « la conciliation travail-famille, travail vie-privée, est difficile. Il faut être réaliste par rapport aux exigences de cette profession qui demande inévitablement beaucoup d’heures de travail ». Elle croit qu’il y aura toujours un déchirement pour les parents qui doivent jongler avec deux passions profondes : leur profession et leur famille. Il faut le reconnaître et l’accepter.

Citant son expérience personnelle, elle m’explique qu’alors qu’elle était jeune avocate, elle s’est retrouvée face à une situation particulière où elle ne voyait d’autre issue que celle de quitter cet emploi qu’elle aimait afin de s’occuper de sa famille.

« Mon patron d’alors a refusé ma démission et m’a plutôt proposé, de façon avant-gardiste, de prendre une année sabbatique. N’eût été de cette ouverture, j’aurais quitté la profession et n’aurais pas eu la chance de faire le plus beau métier du monde. Cet évènement a sauvé ma carrière ! »

Elle souhaite que le contexte de la pratique en droit continue d’évoluer et de s’améliorer afin de permettre à des gens talentueux de ne pas abandonner la profession. La juge Lavigne encourage les avocats à faire preuve d’ouverture d’esprit lorsque cela devient nécessaire pour permettre la conciliation travail-famille.

Est-ce que cette évolution du contexte de pratique requiert que les avocats se spécialisent ?

Selon la juge Lavigne, un bon juriste ne doit pas seulement avoir une excellente connaissance de la matière ou de la théorie du droit, mais il doit aussi saisir la problématique humaine sous-jacente. C’est l’une des facettes de la pratique en litige que les jeunes juristes doivent constamment développer.

« Il y a beaucoup d’émotions dans les problèmes que l’on gère. Comme juristes, nous sommes chargés de trouver des solutions à des problèmes juridiques qui sont fondamentalement humains. » Au-delà d’une spécialisation en droit, la juge Lavigne croit que les juristes doivent surtout développer des connaissances pratiques du domaine dans lequel ils pratiquent.

La juge Lavigne considère qu’un bon juriste doit être passionné par les gens et par la recherche de solution à leurs différends. Dans son quotidien, elle conjugue ces deux facteurs et elle tente de rétablir l’harmonie. « J’essaie de créer l’harmonie entre les justiciables et le droit m’aide là-dedans. En bout de ligne, je veux que les gens quittent la salle de Cour en se disant que, peu importe le jugement, la vie continue et que ce problème-là est maintenant derrière eux. »

De quelle façon les juges et juristes peuvent-ils contribuer à créer ce climat d’harmonie ?

La juge Lavigne encourage les jeunes juristes à être réceptifs à l’intervention des juges.

Les avocats doivent d’abord faire un important travail d’élagage pour cerner le problème au cœur du litige. Ce n’est pas toujours chose facile à faire.
L’insécurité pousse quelques fois les jeunes juristes à vouloir en mettre plus, sinon trop. « Been there done that ! » dit-elle. Il faut se limiter à ce qui est pertinent à la résolution du problème.

Du fait de son impartialité, le juge a un rôle privilégié dans la dynamique d’un procès. « Il peut intervenir au moment propice et devenir l’allié des parties pour s’assurer que le dossier chemine plus facilement et trouve une issue rapide et efficace». Cette implication dans le déroulement et la gestion d’un dossier est d’ailleurs une partie de son travail que la juge Lavigne apprécie particulièrement.

« Après tout, chaque dossier de litige a une vie et c’est le rôle des juristes et des juges de s’assurer qu’elle se déroule dans l’harmonie! »
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