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Avocats transgenres : la nouvelle réalité des cabinets

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Céline Gobert

2018-09-14 11:15:00

Cette avocate donne quelques conseils pratiques aux cabinets pour bien gérer les enjeux liés à la diversité de genre…

Me Anne-Marie Bertrand, associée au cabinet Monette Barakett
Me Anne-Marie Bertrand, associée au cabinet Monette Barakett
Les gestionnaires se demandent: qu’est-ce que je dois faire?

Eh oui, en 2018, pas facile de dealer avec le changement de sexe d’un employé, ou d’un associé. « Le défi pour l’employeur va être d’accepter cette situation et de la faire accepter par les autres, et de s’assurer que cela se fasse sans écueil », dit Me Anne-Marie Bertrand, associée au cabinet Monette Barakett.

Barreau 1986 et diplômée en droit de l’Université de Montréal, Me Bertrand œuvre principalement dans les domaines des relations du travail et de la santé et de la sécurité du travail. La titulaire d’une maîtrise en droit de la santé de l’Université de Sherbrooke offre un webinaire sur «La diversité sexuelle et de genre et les relations de travail» le 19 septembre prochain à 12h.

Selon Me Bertrand, la réalité nouvelle entraîne dans son sillage des enjeux qui auront des conséquences directes sur les cabinets d’avocats ainsi que sur la pratique des juristes, que ce soit parce que de la jurisprudence va voir le jour, parce qu’il va falloir instaurer des cadres juridiques dans les entreprises, ou tout simplement parce qu’il va falloir accueillir au mieux les juristes transgenres au sein des cabinets.

Droit-inc a voulu en savoir plus sur le sujet.

Droit-inc : Qu’est-ce qui vous a intéressé comme avocate dans le sujet de la diversité sexuelle et de genre? Pourquoi il est important selon vous d’en parler?

Me Anne-Marie Bertrand : Je suis une avocate en droit du travail depuis plus de 30 ans et j’ai toujours eu un intérêt pour les questions de harcèlement psychologique et de discrimination en milieu de travail. Les personnes transgenres ont toujours existé mais maintenant on en parle davantage dans les médias.

Il y a différents impacts sur les employeurs qui doivent faire des ajustements nécessaires. Ensuite, en tant que CRIA - conseillère en relations industrielles agréés - je me préoccupe non seulement des questions d’ordre juridique mais aussi liées aux ressources humaines et aux relations entre les personnes. Mon objectif est d’outiller les employeurs dans ce contexte-là.

Admettons qu’un cabinet d’avocats emploie un avocat transgenre, quels conseils lui donneriez-vous pour que tout se passe au mieux?

Le meilleur moyen pour un cabinet serait de mettre en place ce qu’on appelle un «plan de transition», qui est en fait un plan de communication clair sur les différentes étapes de la transition. C’est un plan qui se travaille à deux. Il existe des modèles de lettres qu’on peut utiliser pour les communications à l’interne, des mémos, etc. L’objectif est d’appuyer son employé.

Il faut aussi que les cabinets revoient leurs politiques sur ces sujets-là, sur des questions de codes vestimentaire, d’utilisation des toilettes, et de situations de discrimination. Les cabinets doivent déterminer quand et comment la nouvelle va être annoncée? Mais aussi la date des congés pour rendez-vous médicaux par exemple.

Pouvez-vous nous en dire plus sur les considérations juridiques applicables en milieu de travail?

Il n’y en a pas de nouvelles, ce sont les principes de base en protection des droits de la personne. Il faut instaurer des règles qui ne sont pas discriminatoires. Mais on peut noter des changements législatifs récents. Le 1er octobre 2015, pour un changement de l’état civil, la personne transgenre doit fournir une déclaration assermentée d’une personne qu’elle connaît depuis plus de un an et qui atteste du sérieux de sa demande. Pour un cabinet, ce n’est toutefois pas obligatoire pour le registre d’employés de changer l’état civil, contrairement aux banques par exemple.

Le Code criminel reconnaît maintenant les transgenres comme un groupe identifiable donc protégé contre la propagande haineuse. En 2016, la Charte a ajouté l’identité et l’expression de genre aux motifs de discrimination.

Quelle est la différence entre identité de genre et expression de genre?

L’identité de genre, c’est ce que la personne «ressent», est-ce qu’elle se sent femme, homme ou ni l’un ni l’autre. L’expression de genre, c’est ce qu’elle exprime ouvertement, dans ses vêtements par exemple.

De façon générale, quelles sont les interrogations principales des employeurs face à la diversité sexuelle et de genre?

Ils se demandent: qu’est-ce que je dois faire? Comment faire en sorte de m’assurer que mon milieu de travail soit exempt de violence verbale et sain? Malheureusement, il y a encore beaucoup de préjugés à l’égard des transgenres. Le défi pour l’employeur va être d’accepter cette situation et de la faire accepter par les autres, et de s’assurer que cela se fasse sans écueil.

Quelles sont les récentes décisions en la matière qui sont de grande importance selon vous?

En droit du travail, il n’y en a pas de récentes, ça remonte à 2004 et 2007. Mais depuis les modifications, il y a eu deux situations d’importance. La première date de 2014, l’affaire Salsman c. London Sales Arena Corp. La décision a été rendue par le Tribunal des droits de la personne de l’Ontario et a accordé des montants en dommages pour atteinte à la dignité de trois personnes transgenres. Elles étaient employées dans un kiosque d’une foire alimentaire, et le propriétaire de la foire voulaient qu’elles s’en aillent sous peine de fermer le kiosque. Il a dû suivre une formation sur les droits fondamentaux et sensibiliser son personnel sur le sujet.

Au Québec, en 2016, le Tribunal de la justice administrative a retourné un dossier en appel qui concernait une plainte d’une personne dont le régisseur l’avait appelé erronément et à trois reprises «Monsieur». À ce sujet, on voit d’ailleurs qu’au fédéral, des Ministères ont mis en place des politiques sur le sujet (ndlr : Service Canada a banni les termes «Monsieur» et «Madame»).

Vous pensez qu’on va voir de plus en plus de jurisprudence en la matière à l’avenir?

Je pense que oui. Mais il n’y a rien de mieux que d’y aller en amont, en prévention, plutôt qu’en réaction. Ça démontre d’une ouverture sur le sujet. Et si l’on modifie nos politiques en amont, on va aider les employés concernés. Ça va être plus facile pour eux, et c’est ça l’objectif.

Pour en savoir plus sur le wébinaire, cliquez ici.
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20 commentaires

  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 5 ans
    Sorry folks, that doesn't fly (with me at least)
    "L’objectif est d’appuyer son employé."
    (...)
    Les cabinets doivent déterminer quand et comment la nouvelle va être annoncée?"


    Il serait bien sûr trop compliqué pour ces "messieurs-dames" (ou whatever) de vivre comme la majorité des "hétéro-cis" (comment "yelles" disent), c'est à dire en vivant leur sexualité de façon privée et discrète, et en s'attendant à ce que leur orientation sexuelle constitue un élément neutre dans l'espace social. Il fut un temps où les revendivations des groupes de représentants homos se bornaient à ça, en accord avec la grande majorité des représentés.

    Maintenant on est rendu à l'ère de la "célébration", pilotée par les activistes adeptes du "hors du tout LBTQI++ point de salut", et ceux qui ne "célèbrent" pas seraient censément réactionnaires.

    Il est plus que temps que la majorité silencieuse homo, qui doit également en avoir plein le cul de tout ça, se manifeste en se désolidarisant des guignols qui prétendent les représenter.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      Majorité silencieuse
      "Il est plus que temps que la majorité silencieuse homo, qui doit également en avoir plein le cul de tout ça, se manifeste [...]"

      Littéralement.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      Ignorance suprême
      Donc pour toi, transgenre = homo?

      Parles-tu toujours sans avoir aucune idée de quoi tu parles?

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      Au contraire
      Ce qu'il dit c'est que homo et transgenres sont deux groupes distincts avec des réclamations différentes et que le premier devrait se dissocier de l'"extrémisme" du second.

    • Yan
      P
      Tu aurais pu seulement lui expliquer la différence sans tomber dans les insultes personnelles. On ne combat pas les préjugés par la méchanceté.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      euh, non
      "Il serait bien sûr trop compliqué pour ces "messieurs-dames" (ou whatever) de vivre comme la majorité des "hétéro-cis" (comment "yelles" disent), c'est à dire en vivant leur sexualité de façon privée et discrète, et en s'attendant à ce que leur orientation sexuelle constitue un élément neutre dans l'espace social."

      Donc pour lui c'est une question d'orientation sexuelle.

      "la majorité silencieuse homo (...) se manifeste en se désolidarisant des guignols qui prétendent les représenter."

      Les trans ne prétendent pas parler pour les homos. Il mélange donc les concepts

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      paradoxe délicieux
      Parce que tu penses qu'il est ouvert à écouter? Tu penses qu'il fait ce genre d'amalgalme parce que l'info n'est pas dispo et que mon message ici sur Droit Inc lui aurait ouvert les yeux et fondu la glace qui entoure son coeur?

      Il s'avère que mon message n'a justement pas d'insulte personnelle, il ne fait que constater l'ignorance de l'individu, que tu reconnais d'ailleurs avec ta recommandation de l'instruire. Sans compter qu'entre mon message et le sien, les insultes se retrouvent dans le premier mais t'as choisi de l'ignorer.

      Considérant le ton et les insultes utilisés par le mec, il y a fort à parier qu'il fait parti de ceux qui traitent les gens qui sont ouverts à ce genre de revendication de snowflake et SJW. Un peu paradoxal que t'estimes que mon message soit insultant pour ce genre d'individu

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      Insulte
      Says the SJW snowflake.

  2. DSG
    Serioulsy...
    Transgender rights is a separate specialty now? Wouldn't a transy have the same fundamental rights as any other human being? Human rights are the same for everyone and we should treat everyone the same way regardless of what they did to themselves. In fact, unless it's someone I met at 2:45 am in a bar (I don't want to find out afterwards, if you know what I mean) I really don't want to know anyway. Lawyers who proclaim to be transgender activists are just grandstanding and trying to ride the wave of a popular social issue. It would be like me saying that I'm a global warming expert, even though such an expertise and the phenomena itself don't exist.

  3. Anonyme
    Anonyme
    il y a 5 ans
    Identité et expression
    Je me sens comme un oiseau...Toutefois, je m'exprime comme un lion...Il faut m’accommoder.

  4. Anonyme
    Anonyme
    il y a 5 ans
    Justement, c'est pas sérieux
    hahaha, quelles bonnes blagues. Tu fais dans le vintage? Les années 70?

    Tout y est: référence à la "découverte" aux petites heures, comparaison avec un phénomène qui selon toi n'existe pas, négation de la particularité de leur statut etc.

    Après ça tu chialeras quand les gens te soulignent que ton humour est digne du vieux mon oncle colon plein de préjugés.

    p.s. Au singulier c'est phenomenon

  5. Anonyme
    Anonyme
    il y a 5 ans
    a popular social issue ????
    Qu'est-ce qui vous fait dire qu'il s'agit d'un enjeu populaire?


    En dehors de la clique politico-médiatique, et du cercle des artistes subventionnés (pléonasme...), et d'associations étudiantes, se prétendu enjeu social ne mobilise pratiquement personne.

  6. Balance
    Balance
    il y a 5 ans
    Goût du jour
    On ne sait pas trop pourquoi mais du jour au lendemain on est passé de la plus grande intolérance envers les LGB etc. à on se fait crucifier sur la place publique si on dit quoi que ce soit qui n'approuve pas cette réalité. Bref, l'intolérance à fait un virage à 180 degré, comme beaucoup d'autres enjeux d'ailleurs.

    Alors oui il est clair que le politiquement correct s'est emparé de cet enjeu.

    Personnellement, avant de me convaincre que l'explication de cette réalité n'est pas avant tout psychologique (problèmes d'enfance, effet mode ou simple manque d'attention), il va m'en falloir beaucoup et surtout du plus sérieux que des insultes si on est pas d'accord avec la police des moeurs.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      mauvais goût
      Cette info est disponible, encore faut-il avoir un peu d'intérêt pour confronter ses préjugés.

      Ce que je trouve plus intéressant est que quelqu'un qui n'est pas affecté par la situation formule des hypothèses sans fondement aucun (où sont TES études?). Mais justement, quand on demande d'être convaincu d'une situation qui ne nous concerne pas et que l'on revendique le droit de contester la façon de vivre de gens que l'on ne connait pas et qui ne changent rien à nos vies, peut être que l'on montre nos vraies couleurs.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      Ses études ?
      Auprès du public instruit l'argument des "études" ne pèse pas lourd puisque depuis un bon moment, en science sociale, celui qui veut une étude pour corroborer sa posture idéologique peut se la commander exactement comme Radio-Can-LaPresse-ZeGazette se commande un sondage biaisé pro libéral.

      Quant au quidam qui travaille à la shop et qui est le moindrement futé, il a compris que cette classe politico-médiatique qui le saoule matin midi et soir depuis un bon moment à grand coup d'injonctions LGBTiste, et de prétendues "études", est naturellement suspecte.

      Il fut un temps où l'enseignement et les méthodes de recherches en sciences sociales avaient leurs lettre de noblesse, mais aujourd'hui c'est devenu n'importe quoi.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      l'ignorance?
      "mais aujourd'hui c'est devenu n'importe quoi"

      Contrairement à l'individu qui, sans l'ombre d'un soupçon de quoi que ce soit pour étayer son point de vue se fonde sur ses seuls préjugés? Hum...

      Nous vivons dans une ère où certains cherchent à poser une équivalence entre "feeling" et fait, la glorification de l'ignorance (à condition que l'on soit d'accord avec le point de vue promu...).

  7. Anonyme
    Anonyme
    il y a 5 ans
    Et ça peut dépendre du jour de la semaine
    Rajouter à ceci le concept d'identité fluide et ceux/celles/neutres qui disent que tel jour, "ils/elles se sentent X", puis un autre jour, c'est Y, on n'est pas sorti de l'auberge.

    Difficile à prendre au sérieux quand on se cache derrière des "je ne veux pas devoir choisir"!

  8. Anonyme
    Anonyme
    il y a 5 ans
    re insulte
    Fier de l'être si ça me distingue des gnochons de ton acabit qui parle en ignorance suprême.

  9. Marie-Pierre Allard
    Marie-Pierre Allard
    il y a 5 ans
    Professeure de droit fiscal
    Je ne comprends pas comment l'éditeur de Droit inc. permet de tels commentaires homophobes, transphobes et généralement inadmissibles. Et anonymes de surcroît.
    Je croyais que Droit inc. était une publication juridique sérieuse et respectable. C'est plutôt du niveau des réseaux sociaux, ou celui du caniveau. C'est une honte.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      Chère Professeure de droit fiscal
      Ceux qui vous connaissent seront certainement étonnés par votre commentaire, car s'il y a une personne particulièrement bien placée pour comprendre le chantage à la victimisation auquel se livre les adeptes du communautariste moderne, c'est bien vous, qui avez réussi a gravir les échelons seulement grâce à vos compétences, et qui ne l'avez certainement pas eu facile.

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