Entrevues

Associé chez Miller Thomson et… pilote automobile!

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Céline Gobert

2018-09-25 15:00:00

Quand il ne pratique pas, cet associé de 57 ans dépasse les 250 km/heure sur les pistes de course automobile...

Me Guy Gilain, associé chez Miller Thomson et… pilote automobile
Me Guy Gilain, associé chez Miller Thomson et… pilote automobile
Il ne faut qu’une minute et 38 secondes à Me Guy Gilain, associé en droit de la construction chez Miller Thomson, pour faire quatre kilomètres au volant de son bolide.

Dans la «vraie vie», avec sa BMW M3, «une magnifique voiture» dit-il, cet amoureux de la vitesse se montre toutefois plus prudent. «Seul un pilote sait exactement l’impact que peut avoir la vitesse.»

Rien n’épuise ce Barreau 1985. S’il a déjà «roulé» sur le Circuit Mont-Tremblant en mai puis en juillet, et sur le circuit Calabogie en août, le juriste de 57 ans a arpenté le Classique d’automne du Circuit Mont-Tremblant la fin de semaine passée.

Interrogé sur sa «passion brute», il nous explique en quoi la course automobile lui permet d’être un meilleur juriste et d’épater sa clientèle.

Droit-inc : Ça a commencé comment la course automobile et vous?

Me Guy Gilain : J’en suis tombé amoureux à l’âge de 18 ans, lors du Grand Prix de Montréal en 1978. Plus tard, alors que j’étais jeune avocat de 27-28 ans, j’ai lu un article de Réjean Tremblay sur le pilote automobile Claude Bourbonnais qu’il présentait comme la suite logique de Gilles Villeneuve. Sauf qu’il n’avait pas d’agent! J’ai décroché mon téléphone, appelé Réjean Tremblay, obtenu le numéro de Claude Bourbonnais, et je l’ai appelé pour lui dire : “Bonjour je m’appelle Guy Gilain et je suis votre agent!” (Rires)

Puis, en 1993, j’ai participé à la création du seul magazine sur la course automobile au Québec: Pole position. Ma fille a pris la relève et y est journaliste. À la fin des années 1990, je me suis dit: “Pourquoi ne pas passer de l’autre bord de la clôture?” et j’ai commencé à courir des formules 1600, puis maintenant je cours des formules Atlantique.

C’est quoi la différence entre les deux formules? Et en termes de vitesse, vous roulez à combien de kilomètres/heure?

La formule 1, c’est le niveau supérieur. Le premier échelon c’est la formule 1600, qui est plus petite et il n’y a pas d’aileron sur la voiture. Entre les deux, il y a la formule Atlantique, avec une voiture sophistiquée. Je fais du 260-270 km/heure, ce n’est pas extrêmement rapide, mais ce qui l’est c’est la rapidité à laquelle la voiture monte à cette vitesse-là, la rapidité de freinage et la rapidité avec laquelle on prend un virage.

Par exemple, pour la course du Mont-Tremblant, la piste fait 4 km de long, on la tourne en 1min38/seconde. Avec votre voiture, ça vous prendrait 5 minutes. Les pilotes d’avion de chasse encaissent 5 à 6 G (force de gravité), moi j’encaisse 4 à 4.2 G. C’est monumental. Bien souvent, les gens ne le savent pas non plus mais, d’un point de vue cardiovasculaire, une course automobile équivaut à courir un marathon olympique. Mon volant pèse 15 livres, et je dois le tourner toutes les 30 secondes.

Ok, donc c’est vraiment de la musculation! Est-ce que vous suivez un entraînement particulier?

La course automobile lui permet d’être un meilleur juriste
La course automobile lui permet d’être un meilleur juriste
Dans la voiture, on ne le sent pas. On est tétanisé par l’adrénaline. Il y a le côté émotionnel du cerveau qui crie : “Freine! Freine!”, et le côté logique qui sait que je peux freiner à 100 mètres du virage car on l’a calculé avant. Mais à chaque week-end de course, je perds de un à trois kilos. Je m’entraîne quatre à cinq fois par semaine au gym, et deux à trois fois semaine je fais du vélo et de la marche rapide.

J’imagine qu’être pilote automobile vous fournit un bon sujet de conversation avec vos clients?

Tout à fait. Ils se disent : “S’il n’a pas froid aux yeux quand il performe, il doit gérer ses dossiers de la même façon”. C’est ça le lien qu’ils font dans leur tête. Ils sont attirés par ceux qui performent. Et vous savez, l’adrénaline qui précède une course est la même que quand on plaide devant le juge. On ressent la même fébrilité.

Est-ce que vos clients ont raison de penser ça?

Très certainement (rires). D’ailleurs, dans mon équipe de construction, nous sommes plusieurs à avoir cet esprit sportif. On a un ancien gardien de but, un joueur de hockey junior, et une jeune fille qui a gagné un triathlon en course. On partage une même pugnacité. Être sportif c’est être terre-à-terre, et facile d’approche - car on rencontre beaucoup de gens. Tout ça nous donne une approche plus particulière de notre clientèle.

Comment le dépassement de soi influence-t-il l’avocat que vous êtes?

Cet amoureux de la vitesse se montre toutefois plus prudent
Cet amoureux de la vitesse se montre toutefois plus prudent
C’est une culture globale. C’est ce que je dis à mes deux filles, aux jeunes : qu’importe ce que vous faites - et ça peut être du dessin ou planter des fleurs - mais la seule chose qui compte est de dominer, il faut tout faire pour se mettre en avant. Les clients cherchent cet aspect de dominance, c’est ainsi qu’on défend le mieux les intérêts du client.

Donc «se mettre en avant» c’est donner le meilleur de soi, et non pas être le meilleur?

Oui, tout à fait, car dans toute compétition votre premier adversaire c’est toujours vous-même. Il s’agit de votre capacité à vous, et de se battre contre soi-même, contre ses propres limites. Je ne peux pas aller me battre contre le pilote Bertrand Godin sur un circuit, mais je peux battre mes propres temps. Se battre, c’est aussi éviter de se dire “je suis fatigué, j’ai peur”.

Justement, la peur, comment vous faites pour la dominer?

J’ai développé des rituels : je rentre du même côté de la voiture, je pose mes gants et mon casque au même endroit. Je suis dans ma bulle. Quand on fait du sport de haut niveau, il faut peu de pensées et d’idées. On doit agir par automatisme. La course, c’est un exercice de funambule, de précision, on prend un virage au centimètre près.

Après, ça m’est déjà arrivé de me dire avant une course : “Mais qu’est-ce que je fais là? Pourquoi je ne suis pas tombé amoureux du bowling?” (Rires) mais c’est ça que j’aime faire. Après mon métier d’avocat, la course est ma passion brute.
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