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«Les gros cabinets ont tué mon mari»

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éric Martel

2018-11-20 14:00:00

D’après son épouse, ce sont la pression de réussir et le désir d’être parfait qui l’ont poussé au pire.

Joanna Litt et son mari Gabriel MacConaill
Joanna Litt et son mari Gabriel MacConaill
Un an avant de célébrer son dixième anniversaire de mariage avec sa femme Joanna Litt, Gabriel MacConaill associé au sein du grand cabinet américain Sidley Austin s’enlève la vie avec son pistolet dans le stationnement souterrain de son bureau.

« Jamais je n’aurai cru qu’il pourrait faire ou qu’il aurait fait cela, raconte la femme du défunt dans une lettre ouverte rapportée par law.com. J’en reviens toujours à la même réflexion : ce sont les gros cabinets, «Big Law», qui ont tué mon mari. »

Joanna Litt explique que le couple menait une existence heureuse. Avant le décès, elle réfléchissait souvent à la chance qu’ils avaient de s’être rencontrés. C’est pourquoi elle est convaincue que le travail de son époux est à la source de son suicide et pense qu’une série d'événements au sein de son cabinet sont à l’origine de ses malheurs.

Un stress énorme

D’abord, celui-ci a commencé à ressentir plus de poids sur ses épaules suite au départ de son mentor dans le cabinet. Il se sent alors délaissé dans un rôle de leader qu’il remplit tant bien que mal.

Pendant ce temps, la position du cabinet sur le marché régresse. Tenant la réputation de son organisation à coeur, Gabriel MacConaill s’occupe seul d’un programme d’été pour les associés dans lequel se présentent 13 participants.

« Le succès du programme a été énorme et il ne m’a même pas dit. J'ai appris de quelqu'un après sa mort que les revues associées étaient brillantes. »

Au cours des mois qui suivirent, l’avocat spécialisé en droit de la faillite s’attarde à un cas concernant une grande entreprise de matelas.

Il est alors évident que le stress qu’il ressent est énorme.

« Je ne l'avais jamais vu aussi stressé et anxieux. Il essayait de ne pas m'embarrasser de ce qui se passait, mais il ne dormait pas. Je ne l’avais pas vu sourire depuis des semaines et presque tout ce qu’il disait était négatif. »

Alors que la conclusion du dossier approche, l’associé passe une journée complète au bureau avant d’avouer au téléphone à sa femme qu’il ne se sentait pas bien. Il était complètement épuisé. Il accepte d’aller à l’urgence avec sa femme, mais avant de s’y rendre il lui dit : « Si on va à l’urgence ma carrière est terminée. »

Le couple rebrousse donc chemin.

Ne sachant plus quoi faire pour aider son mari, Joanna Litt appelle l’une de ses collègues, qui avoue que celui-ci travaille désormais la porte fermée. « Elle a dit quelque chose que je n’oublierai jamais : que son sens de l’humour avait disparu depuis un moment. »

Perfectionnisme mortel

À court d’idée, la femme propose à son mari de quitter son emploi, de vendre leur maison puis d’aller à Mammoth, une ville où le couple adore faire de la planche à neige.

« Il a dit qu’il ne pouvait pas s’arrêter au milieu d’une affaire. L'ironie ne m'a pas échappé qu'il ait trouvé qu'il était plus facile de se tuer. Je pensais qu'après la fin de cette affaire, nous trouverions un moyen de nous rendre heureux. »

Le juriste avoue à sa femme avoir la charge de travail de trois avocats sur les épaules, ressentant la pression énorme d’un associé de Chicago.

« Il se sentait comme un imbécile qui avait dupé tout le monde sur ses capacités en tant qu'avocat et il pensait qu'après cette affaire, il allait être viré, bien qu'il ait été honoré pour son travail. »

Avouant ne pas connaître de solutions existantes pour sauver les avocats vivant les mêmes problèmes, la veuve croit que les choses doivent changer.

« Je sais que les gros cabinets n’ont pas directement tué mon mari, car il souffrait d’un trouble profond de la santé mentale héréditaire. Mais ces influences, associées à un travail sous pression et à une culture où il est honteux de demander de l’aide, ont créé une tempête parfaite. »
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