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Pour réussir en criminel, il faut «des nerfs d’acier»

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éric Martel

2018-12-14 14:20:00

Même si cela fait son petit effet, ce n’est pas son diplôme d’Harvard qui amène les clients dans son bureau, dit un avocat québécois.

Me Alexandre Bien-Aimé, diplômé d'Harvard et associé de Shadley Bien-Aimé.
Me Alexandre Bien-Aimé, diplômé d'Harvard et associé de Shadley Bien-Aimé.
« Ce n’est pas parce que votre école n’est pas dans le top 10 qu’elle ne convient pas parfaitement à vos besoins. L’important, c’est de trouver l’institution qui représente le mieux ses valeurs », estime Me Alexandre Bien-Aimé.

Et, en l'occurrence, les institutions qui cadraient le mieux avec cet avocat spécialisé en droit criminel et pénal, nommé au prix jeune leader du gala du Jeune barreau de Montréal, étaient McGill et Harvard.

En 2012, après avoir complété un stage en tant qu’auxiliaire juridique, l’étudiant entame une maîtrise en droit dans cette université américaine mythique.

Même s’il a adoré son expérience, il est convaincu que ce n’est pas grâce à celle-ci qu’il doit ses succès professionnels.

« Mon diplôme d’Harvard n’est pas ce qui amène les clients dans mon bureau, dit-il à Droit-inc. C’est certainement un tape-à-l’oeil, mais je pense que les gens valoriseront toujours plus l’expérience professionnelle aux études. »

Les ressources mises à la disposition des étudiants ainsi que la rencontre d’autres étudiants internationaux constituent ses deux meilleurs souvenirs de l’Université.

À l’international

Parmi ses rencontres marquantes, il y a une étudiante provenant du Trinité-et-Tobago, à qui il confie son désir de vivre une expérience professionnelle à l’étranger. Celle-ci lui présente sa future patronne, Dana Seetahal, qui tient sa propre pratique dans ce pays.

Là-bas, les meurtres sont fréquents, et sa supérieure se fait assassiner par balles dans un guet-apens près de chez lui.

« C’était un évènement triste et étrange pour moi parce que je me suis toujours senti en sécurité dans mon quartier. Les gens sont très chaleureux là-bas et je m’y suis fait plusieurs amis...»

Me Dana Seetahal.
Me Dana Seetahal.
Le Montréalais d’origine haïtienne s’est rapidement habitué au rythme de travail du pays de l’Amérique du Sud puisqu’il était déjà familier avec le common law. Il avoue tout de même avoir subi un choc culturel juridique important.

« Entre-autre, la peine de mort existe toujours là-bas. Je pense que leur culture influence beaucoup leur manière de travailler aussi. »

Ce n’est pas sa seule expérience à l’étranger. L’avocat a également effectué un stage au sein du cabinet New Yorkais Cleary Gottlieb Steen & Hamilton, situé à New York.

Lors de son expérience de quatre mois, il a réalisé qu’une trentaine d’avocats pouvaient travailler sur le même dossier dans les grands cabinets américains, ce qui leur permettait de compléter des cas d’envergure.

« C’est certainement stimulant, mais ici, c’est plus facile de faire sa place sur le marché rapidement. Je suis revenu pour pouvoir diriger d’importants dossiers de manière autonome. »

Diversité

Lors de ses diverses expériences professionnelles, Me Bien-Aimé assure qu’il s’est toujours senti bien accueilli, traité de la même manière que tous malgré sa couleur de peau. Il admet tout de même qu’il lui est déjà arrivé d’être victime de discrimination.

Un jour, lorsqu’il s’est présenté à un comptoir de service destiné aux avocats, un employé laissait passer des collègues, sans leur demander leur pièce d’identité. Pourtant, lorsque Me Bien-Aimé a tenté d’y pénétrer, un employé l’a accosté pour confirmer qu’il était bel et bien un avocat.

« J’étais habillé comme les autres. J’avais une mallette comme les autres. Je lui ai demandé pourquoi il m’avait posé cette question à moi. Il n’a pas osé me répondre. »

L’homme de 30 ans estime que le manque de diversité ne touche pas seulement les grands cabinets, mais le monde juridique en entier.

« Pour assurer une diversité ethnique, il faut commencer par les facultés de droit. Il y a aussi des progrès à faire au niveau judiciaire où l’on pourrait embaucher plus de gens de minorités ethniques. »

Un double mandat

En plus d’être associé de Shadley Bien-Aimé, l’avocat est chargé de cours à l’Université McGill, où il enseigne pour une deuxième année un cours portant sur la justice criminelle.

« C’est sûr que ça me fait des semaines remplies, mais j’adore ça. La curiosité des étudiants repousse mes limites, me pose à réfléchir sur des questions de droit différentes au quotidien. »

Il conseille à ses élèves de s’entraider, de rencontrer le plus d’acteurs divers dans le milieu juridique afin d’augmenter leurs connaissances. Le jeune leader leur répète que la persévérance est la clef pour survivre dans ce milieu.

« Ma plus grande fierté, c’est mon indépendance. De voir mes clients satisfaits. Je n’aurais pas cette fierté-là si ce n’était pas de la persévérance... il faut des nerfs d’acier pour entrer dans ce domaine et surtout y demeurer. »
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2 commentaires

  1. DSG
    il faut «des nerfs d’acier»
    You need nerves of steel, and zero moral conscience.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      Parler à travers son chapeau...
      Commentaire qui provient manifestement d'une personne ne connaissant absolument rien de la pratique en défense du droit criminel et pénal. Triste

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