Portrait

La reine du droit de l'assurance!

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éric Martel

2019-01-24 15:00:00

À 34 ans, l’avocate impliquée dans des dossiers plus excitants que l’on croit, a su se tailler une place de choix au sein d’un gros cabinet.

Me Prachi Shah est à 34 ans l'avocate principale du bureau de Clyde & Co de Montréal.
Me Prachi Shah est à 34 ans l'avocate principale du bureau de Clyde & Co de Montréal.
Droit-inc lance une nouvelle série qui s’intéresse à des « stars du droit » dans leur domaine respectif. Vous en connaissez? Écrivez-nous!

Lorsqu’on voit l’éclat dans les yeux de Me Prachi Shah lorsqu’elle parle du droit des assurances, on est surpris d’apprendre que ce n’est pas cette spécialisation qu’elle convoitait à ses débuts.

« Au début de ma pratique, du litige, j’en mangeais. Quand j’ai réalisé que le droit des assurances me permettait de travailler sur des dossiers de responsabilité civile, et d’aller à la cour, je m’y suis rapidement plu », raconte l’avocate qui reçoit Droit-Inc dans une petite salle près de la cuisine de Clyde & Co, un thé à la main.

Avec Me Catherine Tyndale, la juriste de 34 ans, née à Mumbai, en Inde, est devenue avocate principale du bureau de Clyde & Co de Montréal en mai dernier.

Et aujourd’hui, chez Clyde & Co, elle se sent heureuse, à sa place.

Il faut dire que lorsqu’elle était stagiaire et avocate au sein de Heenan Blaikie, elle était parfois victime de farces de mauvais goût quant à ses origines. Dans les cocktails, certains acteurs du milieu juridique allaient même jusqu’à imiter Apu, personnage indien issu de la série des Simpsons, lorsqu’ils parlaient avec l’avocate!

« Je ne met aucun blâme sur Heenan, où les gens étaient respectueux la plupart du temps. La pratique privée est conservatrice et l’était d’autant plus à l’époque. Quand tu es stagiaire, disons que tu ne montes pas aux barricades contre ces farces-là. »

Se spécialiser

Bien qu’elle continue encore, dans son nouveau rôle, de conseiller des assureurs à l’international en matière de couverture d’assurance et de les représenter devant les tribunaux, Me Shah gère également plusieurs juristes avec qui elle collabore afin de mener des dossiers d’envergure.

« Pour travailler dans le domaine, il faut être curieux, prêt à s’informer sans arrêt. C’est un de nos critères de base de recrutement », indique-t-elle.

Aujourd’hui, elle dit se montrer « plus sélective » dans les dossiers qu'elle choisit pour aller à la cour, tâchant de se spécialiser complètement dans le domaine de l’assurance.

C’est son cabinet qui, au fur et à mesure de sa pratique, l’a encouragé à délaisser le litige civil pour se spécialiser en assurances. Il s’agit à son avis, d’une nouvelle réalité de la profession.

« À un moment donné, tu n’as plus le choix. J’ai eu un drôle de parcours parce que j’ai essayé de me spécialiser tout en gardant mes options ouvertes. Au bout de la ligne, c’est impossible d’être au sommet de son art en conservant deux disciplines. »

La voilà donc enfin à sa place, pour la première fois de sa carrière.

« Je ne sens plus le besoin de cadrer dans une boîte. Je sais que les gens vont apprendre à me connaître et à m’apprécier pour qui je suis. »

Cœurs sensibles s’abstenir!

Alors qu’on aurait tendance à penser sa pratique un peu terne, Me Shah y voit au contraire un domaine excitant.

« C’est gris pour les gens qui ne le connaissent pas. La réalité, c’est que le droit des assurances, c’est ce qui permet à une business de fonctionner. »

L’avocate principale explique également qu’un des défis du droit des assurances, c’est que souvent il n’y a pas de jurisprudence en place au Québec.

« C’est ce que je trouve le plus plaisant. Cela pousse à se questionner : quels sont les principes de droit civil en cause? Il faut puiser dans ce qui a été dit sur le sujet dans les autres systèmes de justice pour convaincre le tribunal que tes arguments cadrent bien dans le code civil. »

« C’est un dossier qui s’est complété de manière respectueuse » assure Me Prachi Shah.
« C’est un dossier qui s’est complété de manière respectueuse » assure Me Prachi Shah.
Les cas sont d’ailleurs diversifiés dans ce type de droit, poursuit-elle. Par exemple, l’avocate principale a déjà été appelée à travailler sur des cas d’agressions sexuelles, chose qu’elle a trouvée extrêmement éprouvante émotionnellement.

« Dans ces situations là, c’est important de se rappeler que nous sommes tous des humains, raconte-t-elle, en pesant ses mots. C’est un honneur de se voir confier quelque chose d’aussi difficile, délicat. J’aime croire que je les ai traités avec une humanité unique. »

L’ancienne de l’Université McGill devait représenter des clients dans des dossiers d'allégation d'agressions sexuelles concernant parfois des anciens employés ou membres, se souvient l’avocate.

« Que ce se soit passé ou pas, les victimes vivent une situation de tristesse dans laquelle tu n’es pas là pour aggraver leur chagrin. Tu dois comprendre les détails de ton dossier en gardant en tête qu’il y aura des détails qu’on ne saura jamais. »

Un autre dossier très émotionnel pour elle : quand elle a été appelée à représenter XL Insurance, qui assurait dans la tragédie entourant l’accident ferroviaire au Lac Mégantic, causant 47 morts.

Dans ce contexte, la responsabilité de l’avocate était de représenter l’assureur qui allait devoir payer une partie des dommages.

« J’avais passé la fin de semaine à voir les incidents à la télévision. Comme tout le monde, j’étais sous le choc, décrit-elle, visiblement encore ébranlée par ces souvenirs. Nous n’étions pas là pour imposer plus de souffrances à ces gens, mais bien pour trouver qui était responsable de cette catastrophe. C’est un dossier qui s’est complété de manière respectueuse. »

Le syndrome de l’imposteur

Si Me Shah pouvait utiliser une machine à remonter dans le temps et s’adresser à celle qu’elle était il y a dix ans, elle se donnerait un conseil : être plus confiante.

« Comme beaucoup de femmes qui commencent dans le milieu, j’avais le syndrome de l’imposteur, confie l’avocate. Je pense que ça vient avec le perfectionnisme! On s’en met trop sur les épaules et on ne se fait pas assez confiance. »

Aujourd’hui, la patronne tente de calquer ses habitudes de gestion sur ses anciens boss, dont elle estimait l’approche humaine remarquable.

Traiter ses avocats avec respect, faire son possible pour qu’ils soient heureux et s’assurer qu’ils soient meilleurs de jours en jours font partie de ses habitudes.

« Ce qui m'obsède le plus, c’est être juste en tout temps. Des fois tu dois simplement leur dire : je vous ai fait confiance et je sais que vous pouvez en faire plus. Je ne suis pas là pour être leur nounou, mais les aider à devenir de meilleurs avocats. »

Celle dont le cellulaire vibre à outrance durant l’entrevue l’avoue : il est difficile dans la nouvelle réalité du droit de ne pas vérifier ses courriels professionnels à l’extérieur du travail.

Pour décrocher de sa vie professionnelle, l’avocate passe du temps avec ses amis et assiste à des concerts - d’ailleurs, elle était déçue de manquer le passage des Sheepdogs à Montréal.

Elle s’implique également dans le parti libéral fédéral en tant que consultante légale et constitutionnelle francophone en plus de s’impliquer pour le parti dans son comté.

Un jour, pourrait-on la voir faire un saut en politique?

« Qui sait peut-être dans 20 ou 30 ans! », répond-elle.
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1 commentaire

  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 5 ans
    Eh boy...
    ''text''Dans les cocktails, certains acteurs du milieu juridique allaient même jusqu’à imiter Apu, personnage indien issu de la série des Simpsons, lorsqu’ils parlaient avec l’avocate!''text''

    Wow... Et moi qui pensais que la scène similaire de The Office était exagérée. Il y a vraiment des confrères qui me découragent!

    Félicitation à Me Shah pour le parcours remarquable!

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