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Les bas prix font mal au droit

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Jean-francois Parent

2019-02-20 11:15:00

Le client devenu consommateur en veut plus pour son argent, ce qui nuirait à la qualité du conseil juridique...

LexisNexis relève que la pression à la baisse risque de pousser les cabinets à rogner sur la qualité.
LexisNexis relève que la pression à la baisse risque de pousser les cabinets à rogner sur la qualité.
La course au tarif le plus bas pousserait les avocats à offrir de moins bons services, au prix de leur intégrité.

C’est ce que constate une étude de l’éditeur et fournisseur de solutions juridiques LexisNexis. La filiale anglaise de la société vient en effet de publier un rapport accablant sur l’impact de la concurrence imposée par la culture de consommation qui afflige la pratique.

Selon le Rapport Bellwether 2019 sur le détail des honoraires des avocats, les deux tiers de la profession britannique estiment que la publication de leurs tarifs, rendue obligatoire par le Barreau anglais depuis l’an dernier, mine l’intégrité de la pratique.

« Une partie du problème réside dans le fait que clients et avocats ne s’entendent pas sur une même notion quant à la valeur du conseil juridique », constatent les analystes de LexisNexis.

Une pression à la baisse

Une enquête qualitative menée l’an dernier auprès de quelque 200 cabinets, de toutes tailles, a permis de récolter des données sur l’impact de la publication de listes de tarifs par les cabinets britanniques, une nouvelle exigence de la Sollicitors Regulation Authority, qui régit la pratique en Angleterre.

Parmi les craintes les plus fréquentes des avocats, on retrouve l’obligation d’aller au plus court pour satisfaire les exigences de bas prix des clients.

Déjà, le tiers de tous les mandats des avocats sont obtenus sur la base du prix le plus bas. Et cela inquiète, relève LexisNexis, car la pression à la baisse risque de pousser les cabinets à rogner sur la qualité, et donc à moins bien servir les clients.

Par ailleurs, l’accent mis sur la transparence des prix est une menace à l’industrie pour 41 % des avocats.

Un environnement concurrentiel intéressant

Le nœud du problème, c’est que le prix que le client veut payer ne reflète pas la valeur du service offert, ni l’expertise requise pour prodiguer certains conseils.

L’obligation réglementaire pour les cabinets de publier une grille tarifaire permettant la comparaison par les clients à la recherche d’une offre juridique est soutenue par seulement 29 % des cabinets sondés.

Une majorité d’avocats déplore notamment que la comparaison des prix entre en contradiction avec la façon traditionnelle de l’industrie de fonctionner, observe LexisNexis.

Autre critique de l’obligation de transparence des prix : les clients ne comprennent pas la complexité du travail juridique, et ne seraient donc pas en mesure d’en apprécier la valeur.

Cela étant, une frange de la profession estime que davantage de transparence dans les prix va créer un environnement concurrentiel intéressant, et forcer plusieurs cabinets à relever leur niveau de jeu. C’est ce que pense 10 % des avocats sondés.

Ni une menace, ni une occasion à saisir

Au final, le consensus est loin d’être ferme, peut-on conclure de l’analyse de LexisNexis. Permettre le magasinage des tarifs juridiques n’est pas nécessairement une menace, pas plus qu’une occasion à saisir.

Tout dépend du modèle d’affaires, sur lequel il faut que les cabinets se penchent de toute façon.

Si on est convaincu de sa juste valeur, et que le lien de confiance est établi avec le client, on n’aura pas peur de proposer des tarifs plus élevés.

En attendant, la concurrence tarifaire est là pour rester.
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10 commentaires

  1. Oyoyoy
    Oyoyoy
    il y a 5 ans
    Oyoyoy
    Les notaires sont entrés dans une guerre forfaitaire, poussés par la Chambre des notaires, et ils le regrettent encore aujourd'hui.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      D’accord en partie
      Ce n’est pas exactement le cas. Auparavant, les notaires devaient respecter un tarif ob’igatoire Cependant, la Chambre des notaires l’a retiré en faveur de la libre concurrence lorsqu’on a réalisé que certains notaires (sinon, tous) étaient assez naïfs pour ne pas respecter le tarif obligatoire et présentaient une fausse facturation au service de l’inpection professionnelle.

      Mais oui, ils le regrettent et sont pris dans un cercle vicieux. Plus les profits sont bas par dossier, plus le volume de travail devra compenser, plus le risque d’erreur est élevé, plus le risque de poursuite est élevé et p’us Les primesd’assurances Responsabilité augmentent.

    • CFF
      Notaires
      >Plus les profits sont bas par dossier, plus le volume de travail devra compenser, plus le risque d’erreur est élevé, plus le risque de poursuite est élevé et p’us Les primesd’assurances Responsabilité augmentent

      Et plus j'obtiens de dossiers contre CMKZ ou RSS représentant le Fonds des notaires, et plus MES profits augmentent.

      Des notaires incompétents, c'est comme une assurance-titres qui coûte mes honoraires pour monter un dossier et le plaider plutôt que de coûter un 300$.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      Tout à fait d’accord
      Je suis tout à fait d’accord avec vous. L’incompétence de certains notaires et leur entêtement à appliquer la théorie du plus bas soumissionnaire coûte cher à toute leur profession. Espérons que la même chose n’arrivera pas chez les avocats.

  2. Mk
    Mauvais pour tout.e.s
    Une spirale négative de la rémunération n'est pas bonne pour les avocats, certes, mais au moins eux ils ont un bon salaire. Pensez-vous au personnel de soutien qui dépendent deux??? Nous serons les premières à écoper. Déjà qu'on nous impose des dépenses considérables pour travailler en cabinet par rapport à notre salaire (souliers, garde robe, 5a7), si en plus le salaire diminue...

    • CFF
      Dépenses
      Really? Des "dépenses considérables" pour du ===personnel de soutien===?

      Je me ferais premièrement ARC en vous disant que les souliers et le garde-robe ne sont pas uniquement pour le travail et ont des utilités personnelles, mais depuis quand est-ce que les adjointes participent aux 5 à 7, et pourquoi diable?

      Si vous avez peur que le salaire baisse, appliquez pour un grand cabinet, il y a une pénurie de personnel de soutien de toute façon. Il faudra juste arrêter d'écrire comme vous avez rédigé le titre de votre commentaire, et utiliser du français à la place (masculin ou féminin, avec masculin comme genre dominant ou lorsque la personne est indéterminée).

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      Pénurie de personnel
      Je seconde CFF. Dans un marché où il y a 10 avocats finissant pour un poste (quand il y a un poste!), je vous assure que vous ne serez pas les premières à écoper.

      À titre informatif: en début de carrière en petit cabinet (il y a 3 ans), la plupart de mes amies adjointes, elles aussi en début de carrière, gagnaient le même salaire que moi ou plus. Et dites vous que pendant qu'elles se payaient des "souliers et des 5-7", je payais la moitié de ma cotisation et mes frais de formation.

  3. Me(e)
    Me(e)
    il y a 5 ans
    Ben voyon
    Ça me fait rire car cette réalité touche les avocats anglais, dont il n'est pas rare voir leur tarif horaire dépasser les 1 000$ de l'heure.

    Le vrai problème c'est de travailler 1 an sur un dossier d'aide juridique pour 850$.

  4. Daniel Boulay
    Daniel Boulay
    il y a 5 ans
    avocat
    Le marché juridique est saturé d'où une concurrence féroce.

    Le client éventuel magasine les prix surtout en matière familiale.

  5. Daniel Boulay
    Daniel Boulay
    il y a 5 ans
    avocat
    La concurrence est féroce.

    Les clients ont le choix des avocats et négocient les tarifs à la
    baisse.

    Convenir d'un montant forfaitaire constitue un bar ouvert pour plusieurs clients.

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